Candidat unique, le président sortant de la Fédération congolaise de football (FECOFOOT) devrait selon toute vraisemblance rempiler à la tête de l’institution. Mais en attendant l’assemblée générale élective le 2 septembre, Jean Guy Blaise Mayolas doit défendre son bilan et faire adhérer le monde footballistique du Congo-Brazzaville à son nouveau programme. La légitimité semble à ce prix.
De notre correspondant à Brazzaville
«La fédération n’a aucun problème avec les vieilles gloires. Et il n’y a aucun texte excluant les anciens joueurs dans la course à la tête de la fédération». Ainsi parlait le 24 août à Pointe-Noire, le président de la FECOFOOT, Jean Guy Blaise Mayolas. C’était lors des échanges avec les anciens footballeurs congolais résidant dans la capitale économique. Allusion à peine voilée à la sortie d’un collectif de vieilles gloires qui ont récemment dénoncé avec véhémence le rejet de leurs dossiers de candidatures aux instances de la FECOFOOT par la commission électorale pour ‘’non-conformité aux statuts’’.
«Effectivement, nous n’avons pas de problèmes avec le président Mayolas. Je suis étonné qu’on l’accuse d’avoir conçu des textes à sa mesure. Or, ces statuts existent depuis 2013. S’il y a des dispositions qui posent problème, on ne devrait pas attendre la veille d’une élection pour poser le débat», s’est défendu Janvion Moukakounou, ancien sociétaire d’Inter Club de Brazzaville et aujourd’hui directeur technique au sein de la Ligue départementale de football du Kouilou. Et c’est l’avis des anciennes gloires qui avaient fait le déplacement à l’hôtel Le Ruisseau au sud de Pointe-Noire. C’est le cas de Sébastien Lakou, Christ Bongo, Hidalgo Poaty et Emmanuel Mboungou.
À une semaine de l’assemblée générale élective, ces excuses étaient tout sauf une initiative vaine, tant elles auront également servi de prétexte à Jean Guy Blaise Mayolas de défendre son bilan. Comme il l’avait fait la veille avec des présidents de clubs et des membres de la ligue départementale de football du Kouilou. «De manière exhaustive, nous avons mené à bien une nouvelle gestion, une modernisation de notre organisation, un accompagnement régulier de nombreux acteurs, le recrutement et la formation de personnels compétents, une meilleure organisation de nos compétitions, etc», peut-on lire dans une brochure où le candidat Mayolas résume en 20 points ses réalisations de ces quatre dernières années et indique avoir atteint « 55 % » des objectifs qu’il s’était fixés en 2018.
Des actes que reconnaissent des acteurs du football. «Effectivement, il a relancé la formation des cadres et des entraîneurs. Moi-même, je sors d’une formation FIFA. Grâce à lui, nos journalistes de l’audiovisuel ont subi une formation de la part de Charles Mbuya de Canal+. Il y a beaucoup d’autres réalisations», se souvient Janvion Moukakounou.
Des réalisations qui sont toutefois loin d’être suffisantes. « C’est un bilan mitigé. On nous avait par exemple promis une subvention de plus de 10 millions de FCFA. Mais cette année ; on n’en a reçu que 5», déplore un président de club sous couvert d’anonymat. «Pour ma part, j’ai déploré le fait que la fédération ne nous ait pas aidés à résoudre le problème de transport et d’hébergement des joueurs lors des sorties. En effet, nous continuons à nous transporter par la route, alors qu’on devrait voyager par avion selon les exigences des instances internationales», se plaint Olivier Mombo-Ibouili, président de l’AS V.Club Mokanda de Pointe-Noire. Mombo-Ibouili reconnaît toutefois des points positifs du mandat de Jean Guy Blaise Mayolas. «C’est lui qui a relancé les compétitions des jeunes comme les U 17. Il y a longtemps qu’on n’avait pas vu ça dans ce pays. Et je pense que ça va se pérenniser », souhaite-t-il.
Sur le plan managérial, la FECOFOOT n’a pas été sans reproche. En avril dernier par exemple, le milieu offensif Delvin Ndinga dénonçait sur les antennes de RFI des «manigances et des mensonges» de la part de responsables de la fédération. Des accusations démenties par les responsables congolais. Et sur le terrain, que de flops ! À l’image de la non-qualification de l’équipe nationale au mondial 2022 et à la CAN 2023 ainsi que les éliminations précoces des clubs aux compétitions internationales.
Des déconvenues que minimisent cependant certains électeurs. «Ce sont des choses qui arrivent. Le football congolais est en pleine reconstruction », positive Janvion Moukakounou. Et comme lui, bien de membres du gotha footballistique congolais apprécient la «Dynamique 2022-2026», nouveau programme d’action de Mayolas dont l’un des points forts est «la consolidation des acquis et le maintien d’une gestion rigoureuse».
En attendant l’assemblée générale élective le 2 septembre, c’est une véritable campagne dans laquelle l’ancien cadre du trésor public aura mis les petits plats dans grands. Non pas pour en découdre avec quelque challenger, puisque devant «c’est maïs», diraient les Ivoiriens. Il est plutôt question d’avoir avec lui une assemblée générale qui, en tant qu’organe souverain, pourrait émettre des préalables fort préjudiciables. Ce qui lui permettrait d’obtenir l’onction populaire et donc la légitimité, ce précieux sésame dont ont toujours rêvé même les putschistes.
John Ndinga-Ngoma