Depuis l’annonce du nom du futur équipementier des sélections nationales de football du Cameroun, le président de la Fécafoot, Samuel Eto’o, prend cher dans les médias et les réseaux sociaux.
De notre correspondant au Cameroun,
Décidément, Samuel Eto’o ne fera jamais l’unanimité dans son pays. Après le limogeage prématuré d’Antonio Conceiçao en vue de la nomination de Rigobert Song au poste de sélectionneur, sa condamnation par le tribunal espagnol, le divorce avec Le Coq Sportif, le président de la Fédération camerounaise de football (Fécafoot) est à nouveau la cible d’internautes et de médias camerounais. Au centre de la polémique, le recrutement du nouvel équipementier des Lions indomptables.
La Fécafoot a en effet annoncé vendredi 12 août avoir choisi l’Américain One All Sports comme futur habilleur des sélections nationales. Les deux parties vont signer une convention de trois ans dans les prochains jours. Au grand dam des fans des Lions indomptables qui espéraient Puma, Nike ou encore Adidas.
De nombreux twittos contestent le choix de cet équipementier. «Une grosse blague», écrit KLouisine. Eric Banoum manque de s'étrangler : «Eto’o ne nous respecte pas.»
Ce qui fâche davantage les Camerounais, ce n’est pas seulement le fait que la firme qui excelle dans le commerce d’équipements et accessoires de sports automobiles est inconnue du monde du football. Mais (presque) inconnue tout court. Difficile en effet de trouver des informations sur le successeur de Le Coq Sportif. Aussi bien sur Google que sur les réseaux sociaux.
Sur Twitter par exemple, sa dernière publication remonte à janvier... 2019. «Aucun lien sur One All Sports sur le net. Et quand je cherche One All Sports, je ne vois rien d'intéressant, pointe Georgesfopa1 sur Twitter. Sauf si je me trompe, je ne crois pas que cette marque existe depuis 20 ans. C'est du montage. Même sur Wikipedia on ne trouve pas.»
Les clauses financières du futur contrat avec One All Sports n'ont pas été dévoilées. Mais la Fécafoot a annoncé qu'il s'agit du contrat le plus lucratif jamais conclu par le Cameroun. Une annonce qui ne convainc cependant pas tout le monde. Au point où, certains commentateurs qui militent pour la publication du montant exact de la transaction parlent d’une «opération mafieuse».
«On n'a pas hésité à publier les anciens chiffres du Coq Sportif, de Puma même, et comme par hasard, un équipementier inconnu veut garder (la) confidentialité. Restons lucides s’il vous plaît», twitte l’internaute SP Ekani. Un autre d’asséner : «Donnez-nous les chiffres. Eto’o ne commence pas. Tous les autres contrats, les montants se savaient. On sait ce que ces équipementiers donnent à La Mannschaft, aux Bleus, aux Brésiliens, aux Nigérians, etc. Pourquoi cacher les chiffres ? Ce n'est pas sérieux.»
Ceux qui s’attendaient à voir la Fécafoot recruter un équipementier bien connu des milieux du football sont forcément déçus. Mais l’instance faîtière promet que le choix de One All Sports a été approuvé par son Comité exécutif. Et sur ce point, une autre polémique enfle.
D’aucuns soutiennent que le Comité exécutif de la Fécafoot ne se serait jamais réuni depuis la fin du mois de juillet dernier. Et que le recrutement de One All Sports n’aurait été approuvé que par son seul président, Samuel Eto’o. «Nous ne sommes pas des idiots, tonne le lanceur d’alerte camerounais Boris Bertolt. Quel Comité exécutif ? Il s’est tenu quand ? Où ? Avec qui ? Quel est le communiqué qui a sanctionné la fin des travaux ? Qui sont ceux qui y ont participé ?»
Ce dernier argue : «Voici ce qui est prévu à l’article 39 alinéa 4 des textes de la Fécafoot : 'les convocations à une session ordinaire du Comité exécutif, rédigées en français et en anglais et accompagnées de l’ordre du jour doivent être adressées à tous les membres huit jours auparavant'. Non seulement aucune convocation n’a été adressée. Mais en plus de cela, il n’y a pas eu de réunion (du) Comité exécutif.»
Une version soutenue par Guibaï Gatama, un membre dudit Comité exécutif qui assure n’avoir jamais été informé de la tenue d’une réunion de cet organe en vue de trancher la question du recrutement d’un nouvel équipementier. «Pour le reste, esquive-t-il, je n’en sais rien et m’abstiens de tout commentaire.»
Malgré toutes ces agitations, le président de la Fécafoot reste de marbre : «Je suis de ceux qui écrivent l’histoire, prophétise-t-il. Je n’aime pas commenter l’histoire. J’écris mon histoire, les autres la commentent.»
Kigoum WANDJI