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Fécafoot : Samuel Eto’o, un président sans limite ?

Depuis son élection à la présidence de la Fédération camerounaise de football (Fécafoot), Samuel Eto’o refuse toute limite à son pouvoir. Au point de créer des dissensions au sein de son Comité exécutif.

Samuel Eto'o président de la Fécafoot
Samuel Eto'o seul maitre au bord ?

Samuel Eto’o est sous le feu des critiques. A l’origine, la politique managériale mise en œuvre à la Fédération camerounaise de football (Fécafoot) dont il est le président depuis bientôt sept mois. «C’est un management spectacle, essentiellement basé sur les effets d’annonce et la mise en scène permanente, analyse le politologue camerounais, Dr. Moussa Njoya. L’on assiste aussi à une forme de personnification de la Fédération où tout n’a de sens et d’essence que par le fait du président».

La légitimité d’Eto’o remise en question

En coulisses, certaines langues accusent même l’ancien attaquant du Barça, d’avoir transformé l’instance du football en un «parti politique». Ces détracteurs vont jusqu’à lui contester sa légitimité. C’est que, le 21 juin 2022, Samuel Eto’o a été condamné par la justice espagnole à 22 mois de prison. S’il est cependant libre - les peines de prison inférieures à deux ans étant rarement exécutées en Espagne - reste que cette décision de justice pourrait avoir des répercussions sur son mandat. En effet, l’article 36 des Statuts de la Fécafoot déclare inéligible tout candidat ayant «été condamné à une peine définitive privative de liberté assortie de sursis simple ou avec probation supérieure à six (06) mois».

Le Comité exécutif se fissure

Une session du Comex s’est, à cet effet, tenue le 20 juillet dernier. Mais la réunion qui devait statuer sur la question de la vacance à la présidence de la Fédération a débouché sur une motion de soutien. «Les 16 membres du Comité exécutif réunis ce jour accordent leur totale confiance au président Samuel Eto’o», indique le communiqué ayant sanctionné les travaux. De quoi susciter de cinglantes réactions chez les adversaires de l’ancien "Pichichi". «Le Comité exécutif de la Fécafoot n’est pas le Bureau politique d’un parti politique ou un conclave de militants dont il est attendu des motions de soutien ou de déférence», réagit Guibaï Gatama, l’un des 20 membres dudit Comex.

Ce dernier a été le premier à appeler à la convocation d’une Assemblée générale extraordinaire devant constater la vacance au pouvoir. Pour lui, «la Fécafoot ne dispose plus de président légal ». S’il n’a pas été expressément convié à la session du 20 juillet en raison de ses positions, un autre membre du Comex, également favorable à la mise en place d’une présidence par intérim, a lui été interdit d’accès au siège de la Fécafoot à Yaoundé. «M. Eto’o n’aime pas qu’on lui résiste. Tous ceux qui ont essayé de lever la tête ont été mis sur la touche. C’est par peur de représailles que certains membres du Comex cautionnent tous les actes qu’il pose, même quand ils ne reposent pas sur le respect des textes», décrypte un expert en management des entreprises.

«Il se donne tous les droits»

Depuis son élection à la présidence de la Fécafoot le 11 décembre 2021, Samuel Eto’o est selon ses pourfendeurs un président sans limite à son pouvoir. Il l’utiliserait au contraire pour s’attaquer sans relâche à toute forme de contre-pouvoirs, soumettant ses collaborateurs à une pression sans équivalent. «C’est un mandat marqué par l’indifférence ou le mépris vis-à-vis de certaines règles respectées par ses prédécesseurs. La fonction de président n’a pas changé le footballeur qui dictait la loi dans les vestiaires. Il se donne tous les droits», commente un ex employé de la Fécafoot. Au moment de présenter sa lettre de démission le 18 mai, l’ancien secrétaire général avait déjà sonné l’alarme quant à la gestion de la Fécafoot qui se résumerait à la seule volonté de son président.

«Une administration de progrès à la Fécafoot ne peut se réduire à la “danseuse du président”», avait écrit Benjamin Didier Banlock. Laissant entendre que les décisions, les choix et les engagements de son ancien patron et ami ne sont pas motivés par «les textes, les bonnes pratiques managériales et de gouvernance, les objectifs des projets fédéraux et les résultats». Illustrations : «le limogeage de la chef du département marketing pour "soupçon de malversations financières" ; la rupture unilatérale des contrats du sélectionneur Antonio Conceiçao et de l’équipementier Le Coq Sportif avant leur terme», énumère Dr. Moussa Njoya.

Promesses non tenues

S’il a gardé son aura et ses soutiens au sein de l’opinion nationale, Samuel Eto’o a cependant perdu quelques fans en chemin. «Mais les faits divers se multiplient, des correspondances sensées être confidentielles pullulent sur les réseaux sociaux et les relations avec la tutelle (le ministère des Sports, ndlr.) demeurent tendues», avance un supporter inconditionnel des Lions indomptables.

Eto’o a aussi promis la transparence, «mais n’a jamais communiqué le montant des contrats signés avec Guinness et MTN, les deux sponsors des championnats (féminin et masculin, ndlr.)» ajoute-t-il. Il a également promis la réconciliation de la famille du football, mais il l’a divisée en créant une forme de fractionnisme entre les membres de l’Assemblée de 2009 qui ont pourtant œuvré à l’annulation du précédent processus électoral».

Elu en décembre 2021, il reste encore à Samuel Eto’o trois ans à la tête du football camerounais. Ses détracteurs devront donc prendre leur mal en patience. A moins que l’ancien redoutable attaquant ne desserre un peu l’étau.

La Rédaction

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