En imposant aux clubs de divisions inférieures de s’affilier à l’instance, la Fédération congolaise de football espère «sonner le glas du désordre et moderniser le secteur». Mais le processus est jugé «très onéreux» par des responsables de clubs.
De notre correspondant au Congo-Brazzaville
C’est un Mbou Ngangoué tout sourire que l’équipe de SNA a rencontré ce dimanche 20 février au sortir d’une séance d’entrainement. «Mon équipe participera aux compétitions organisées par la Fédération congolaise de football (FECOFOOT)», se félicite le président de l’Étoile du Ciel. Ce club de première division évolue dans le championnat régional de Pointe-Noire, capitale économique du Congo-Brazzaville.
Sa joie s’explique : son équipe est affiliée à la FECOFOOT. «Maintenant que nous sommes en règle, je n’attends plus que les tournois pour rivaliser avec les autres équipes», se projette le dirigeant trentenaire.
Depuis l’année dernière, les responsables du football congolais ont lancé une vaste campagne d’affiliation à la FECOFOOT. Mais les clubs ne se bousculent pas.
À Pointe-Noire par exemple, sur 54 entités, seules 40 ont pu s’engager. Les quatorze autres n’y sont pas encore parvenus. «Ils n’ont pas réuni toutes les conditions requises», confie Ajax Mbemba, vice-président de la Ligue départementale de football de Pointe-Noire. Ils courent le risque d’être exclus des compétitions de la FECOFOOT.
Parmi les conditions à remplir, il y a celles à incidence financière. Elles recouvrent l’attestation de siège, le droit d’engagement, les licences et le visites médicales des joueurs. Montant de lafacture : 500 mille francs CFA (près de 770 euros) que peu de clubs peuvent supporter.
«C’est la principale difficulté que des dirigeants de clubs évoquent lorsque nous les interpellons s’agissant de leur affiliation, renseigne Ajax Mbemba. Et la plupart de ces dirigeants n’ont pas de sources de revenus conséquentes pour supporter toutes ces dépenses.»
Président des «Lions de Kouilou», Arnaud Makoundzi acquiesce : «Chez nous, quand on est président, on supporte tout. Comme tu ne peux pas demander aux joueurs de faire des cotisations, tu es obligé de te battre seul. Moi, il a fallu que je remue ciel et terre (pour supporter les charges liées à l’affiliation). Et il y a certains de mes homologues qui ont contracté des dettes.»
Depuis des lustres des clubs congolais de football, surtout ceux évoluant dans les divisions inférieures de l’intérieur du pays, ne sont pas affiliés à la fédération. Une anomalie que les responsables du football congolais veulent corriger.
«Les clubs sont des associations régies par la loi de 1901, rappelle Gaëtan Victor Oborabassi, président de la ligue départementale de Pointe-Noire. Il faut qu’ils soient enregistrés non seulement à la fédération, mais également au niveau d’autres institutions dont les collectivités locales et le ministère de l’Intérieur.»
L’autre avantage de l’affiliation à la FECOFOOT, c’est le suivi ou la traçabilité de la carrière d’un joueur. Oborabassi explique : «L’éternel problème que nous avons dans notre football, c’est le mouvement des joueurs. En nous arrimant à des mécanismes internationaux comme Fifa connect, nous pouvons facilement suivre un joueur du début à la fin de sa carrière.»
Le dirigeant ajoute : «Il y va de la crédibilité de nos instances. Et c’est aussi à l’avantage des clubs lorsqu’il s’agit par exemple du versement des indemnités de formation. Certes, les gens prétendent que les coûts sont prohibitifs, mais cette campagne est nécessaire pour nous tous.»
Entraîneur de l’Athletic club de Mvoumvou, un club de Pointe-Noire, Delauria Luca ne pose aucune objection. Il plaide en faveur du projet de la FECOFOOT : «Au début, j’étais réfractaire. Tout ça à cause du manque de moyens. Mais au fond, c’est important. Nous devons aller de l’avant.»
John Ndinga-NGOMA