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Congo-Judo : chronique d’une suspension programmée de la fédération

La Fédération congolaise de judo et disciplines associées n’aura plus voix au chapitre dans des compétitions internationales, a récemment décidé la Fédération internationale de judo. La faute à l’absence de solutions aux querelles pour le leadership qui minent l’instance depuis de longues années.

De notre correspondant au Congo-Brazzaville

Des judokas congolais accueillis par des compatriotes de la Diaspora.
Des judokas congolais accueillis par des compatriotes de la Diaspora.

Il était une fois… Une crise au sein de la Fédération congolaise de judo et disciplines associées (FECOUJDA). Et si cette situation a un prologue, on pourrait cependant s’attarder sur l’année 2017.  Quelques mois après son élection à la tête de l’instance, Marien Ngouabi Ikama doit faire face à une fronde au sein de la structure qu’il dirige. Parmi les frondeurs, son vice-président, Neyl Francis Ata Asiokara.

Les griefs sont nombreux. «Depuis le 11 novembre 2016, date de l’élection de ce bureau, rien ne s’est pas encore fait ; les compétitions nationales et départementales ne sont pas organisées, les ligues n’ont pas été renouvelées, les sanctions sont prises de façon arbitraire par le président sortant, Marien Ngouabi Ikama. Nos textes nous permettent de destituer ce bureau et la condition est de réunir les 2/3 de l’Assemblée générale ; condition que nous réunissons aujourd’hui», déclarait  Jublain Macenet, président du comité préparatoire de l’Assemblée générale extraordinaire.

Initiatives vaines

Ainsi naissait l’antagonisme Ikama-Ata.  Partenaires et collaborateurs au début, tout ou presque oppose dorénavant ces deux acteurs influents du judo congolais qui vont désormais livrer un duel sans merci au sein de la fédération.

Pour décrisper l’atmosphère, des institutions tant nationales qu’internationales vont multiplier des initiatives de sortie de crise. C’est le cas de la destitution de Marien Ngouabi Ikama qui donnera lieu à la mise en place d’un Comité de normalisation dirigé par un bureau de cinq membres dont la tâche principale était l’organisation des élections afin de renouveler les instances de la FECOJUDA.

Malheureusement, la tension ne retombe pas. Si les judokas congolais espéraient apercevoir le bout du tunnel à travers les nouvelles élections, l’Assemblée générale élective va connaître des reports dont celui prononcé le 25 novembre 2020 pour annuler l’élection initialement prévue deux jours plus tard, le 27.

Et le 17 février 2021, l’élection tant attendue est finalement organisée. Marien Ngouabi Ikama rempile. Mais sa joie ne sera que de courte durée. Son ancien vice-président et désormais challenger conteste la légitimité de l’élu et recourt à la Chambre de conciliation et d’arbitrage du sport (CCAS) qui va invalider au mois de mai, les résultats de cette Assemblée générale élective.

Combat pour la légitimité

L’instance judiciaire va ordonner une nouvelle élection. Et le 4 septembre 2021, c’est Neyl Francis Ata Asiokara qui décroche la victoire. Aux yeux des autorités congolaises, Asiokara devient l’unique président de la FECOJUDA officiellement reconnu.

Élection que Ikama va lui aussi bouder. La FECOJUDA ressemblait ainsi à un royaume avec deux rois. Comme dans toute crise, deux pôles vont se former. D’un côté l’aile Ikama et de l’autre l’aile Ata. Qui de ces deux cadres pouvait de ce fait engager la FECOJUDA ? Débutait alors la lutte pour la légitimité.

Dans cet antagonisme, les institutions nationales avaient déjà choisi leur camp. Ainsi qu’en témoigne cet extrait d’une note de service du ministre des Sports, Ngouelondelé : «Depuis le 4 septembre 2021, au cours d’une Assemblée générale élective, la Fédération congolaise de judo et disciplines associées (FECOJUDA) a élu un nouveau bureau exécutif présidé par Maître Ata Asiokara Neyl Francis sous la supervision du Comité national olympique sportif congolais (CNOSC) et le ministère en charge des Sports. »

Avenir incertain

Malheureusement, à l’échelle internationale, Ata ne sera pas reconnu. «Les documents que la FIJ a reçus concernant l’élection de Monsieur Atta n’étaient pas complets. La FIJ en a informé les autorités sportives du pays par courrier et cela a été précisé, de nouveau, à M. Atta lors d’un entretien qui s’est déroulé le 6 décembre lors du Grand Slam de Paris, par le Président de l’Union africaine de judo, M. Siteny Randrianasoloniaiko, de M. Meridja, 1er vice-président de l’UAJ et de M. Azzoug, directeur de cabinet de l’UAJ», expliquait à SNA par mail, Michel Huet, assistant du secrétaire général de la FIJ.

Une décision que Brazzaville va ignorer. Mais vu la pression de la FIJ, les autorités adressent un courrier à la FIJ pour annoncer l’organisation de nouvelles élections après les Jeux olympique de 2024. En réponse à cette proposition, l’instance mondiale du judo enjoint au Congo d’organiser l’ssemblée générale élective au plus tard le 30 septembre, faute de quoi, le pays sera suspendu. Indifférence totale du côté de Brazzaville.

Et ce qui devrait arriver arriva. Dans un courrier daté du 9 octobre dernier, la FIJ annonçait la suspension de la FECOJUDA des activités internationales. Ce, jusqu’à ce que de nouvelles élections soient organisées. Et à quand ? Seul l’avenir nous le dira.

John Ndinga-NGOMA

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