Née en Guinée d’un père béninois et d’une mère guinéenne, Fatoumata Balley est une des meilleures athlètes guinéennes du moment. Une carrière en pleine ascension que rien ne prédestinait. Entre une enfance difficile et une vie d’athlète et de mannequin, le parcours a été semé d’embûches.
De notre correspondant en Guinée,
Médaillée d’or aux Jeux de la Francophonie pour sa première compétition avec la Guinée et ensuite médaillée d’argent aux Jeux Africains en mars 2024 à Accra (Ghana), Fatoumata Balley poursuit son ascension. Après avoir amélioré son record avec un saut à 1m81 à Accra (Ghana), l’athlète vise donc les sommets. Avec pour principal objectif, la qualification aux Jeux Olympiques. Pour être au rendez-vous de Paris 2024, la Guinéenne compte atteindre la barre des 1m90 ou faire partie des 32 meilleures mondiales, elle qui occupe la 48ème place. A moins de quatre mois de la compétition, le défi s’annonce immense pour la championne.
«Je sais que ce n’est pas facile. Mais je vais mettre toutes les chances de mon côté pour atteindre mon objectif. Celui de me qualifier pour les JO. Pour cela, je vais prendre part à toutes les compétitions qui permettent d’engranger des points pour essayer de me qualifier. Il me faut progresser d’une dizaine de places pour décrocher mon ticket», confie Fatoumata Balley. Et de poursuivre. «J’ai pas forcément obtenu l’aide que j’aurai aimé avoir. Entre les besoins financiers, l’investissement en temps et tout ce qu’on demande pour performer et se qualifier, ce n’est pas facile quand on a l’impression de se battre seul. J’essaie de donner le meilleur de moi-même pour atteindre cet objectif. Et aller chercher 1m90 en termes de performance et de décrocher un ticket pour Paris», espère ainsi, la spécialiste du saut hauteur.
Une histoire qui a toutefois, failli ne jamais être racontée et vécue. En effet, seulement 18 mois après sa naissance, l’athlète est victime d’un grave accident domestique. Elle ingère malencontreusement de la soude caustique qui lui brûle complètement l’œsophage. Fatoumata Balley revient sur cet épisode. «Quand j’étais petite, j’ai eu un accident grave. Quand j’avais 18 mois, j’ai bu de la soude caustique. On m’a envoyé en France pour me faire opérer», ressasse l’athlète. Un accident qui va cependant contraindre la petite Fatoumata à quitter alors le cocon familial pour rejoindre son oncle dans l’hexagone. «Il n’y avait pas de moyens nécessaires pour me faire opérer en Guinée. Mon oncle et ma tante qui vivent en France qui se sont battus pour me faire venir», explique l’athlète.
Deuxième dauphine de Miss Guinée France d’octobre 2022 avant de rendre son écharpe en février 2024, Fatoumata Balley est une athlète aux multiples facettes. Coach en développement personnel, la sauteuse en hauteur tire cela des difficultés rencontrées durant son enfance. «Cela m’a causée pas mal de soucis, aussi bien au niveau physique, que mental. J’ai rencontré beaucoup de difficultés notamment un manque de confiance», poursuit Fatoumata Balley. «Des problèmes de confiance en moi, je me suis sentie très différente des autres en France. Je me suis dis, il faut chercher une activité dans laquelle je pouvais m’épanouir. Me sentir comme les autres. J’ai essayé les autres sports mais c’est dans l’athlétisme que je me suis sentie mieux. Peut-être que c’est parce que c’est un sport individuel, ce côté dépassement de soi quand on doit faire notre épreuve» embraye l’athlète. Le haut niveau est venu naturellement. Ce n’était pas prévu de devenir la médaillée d’or aux jeux de la francophonie. Je voulais m’amuser et m’épanouir dans un sport et naturellement j’ai réussi à progresser à m’éléver de plus en plus haut et à arriver à faire du haut niveau pour la Guinée. Maintenant c’est ancré dans ma tête que je veux devenir une athlète de haut niveau. Les objectifs ne font qu’évoluer au cours de la vie», fait savoir Fatoumata Balley.
A côté de ces performances de haut niveau, se cache cependant un parcours tortueux. Avec une enfance difficile, la spécialiste du saut en hauteur compte se servir de son expérience pour venir en aide à certaines personnes dans des situations difficiles. Au delà de sa vie d’athlète, elle caresse le rêve d’être coach en développement personnel. «Coach en développement personnel, c’est le métier que je veux faire. Aider chaque personne à devenir la meilleure version de soi-même. Comme j’ai réussi à le faire. Je sais à quel point cela m’a aidé dans la vie. Je veux faire de même pour de nombreuses personnes qui se trouvent dans la même situation» rassure l’athlète.
A 27 ans, Fatoumata Balley vise un ticket les JO de Paris 2024. Une mission difficile mais pas impossible. Elle qui s’est battue pour survivre va le faire pour tenter d’atteindre l’un de ses plus grands objectifs. Participer aux Jeux Olympiques. Le tout en espérant que les barres l’obéissent comme ce fut le cas ces dernières années.
Mamadou Gongorè DIALLO
