Le Cameroun est reparti bredouille des Jeux Olympiques de Paris 2024. Et pourtant, le pays des Lions Indomptables a dû se contenter de voir plusieurs de ses fils et filles remporter des médailles pour d’autres nations. Parmi eux, Cindy Ngamba, la boxeuse qui a offert la première médaille olympique de l’histoire de l’équipe des réfugiés.
Le Cameroun aurait pu obtenir une médaille aux derniers Jeux Olympiques de Paris. Mais pour ça, il aurait fallu que Cindy Ngamba fasse partie de la délégation des six athlètes qui ont quitté Yaoundé le 10 juillet dernier à destination de la capitale française. A 25 ans, la boxeuse d’origine camerounaise a marqué les esprits en remportant une médaille de bronze avec l'équipe des réfugiés, la première pour cette équipe depuis sa création. « Cela représente tellement pour moi d'être la première réfugiée à gagner une médaille », avait réagi Cindy Ngamba après sa victoire à l'unanimité des cinq arbitres en quarts de finale des -75 kg contre la Française Davina Michel.
Née en 1998 à Douala, Cindy Winner Djankeu Ngamba de son nom complet, a pourtant connu un parcours de vie complexe. A seulement 9 ans, elle quitte le Cameroun avec sa mère et son frère pour la France, avant de s'installer finalement en Angleterre deux ans plus tard. En terre britannique, Ngamba fait face à plusieurs défis, dont le harcèlement scolaire et la barrière de la langue. « Quand je vivais au Cameroun, j'étais une enfant extravertie, pétillante et tout, avait-elle relaté à l’AFP. Mais quand je suis arrivée en Angleterre, j'ai voulu devenir plus introvertie, je voulais me protéger, sûrement à cause de la barrière de la langue ». C’est justement à travers ces obstacles qu’elle trouve la force de se lancer dans la boxe, encouragée par son frère aîné.
A 15 ans, elle rejoint un club de boxe local et, rapidement, elle se révèle comme une athlète prometteuse. Avec les années, le travail et l’endurance, elle gagne en expérience et se distingue dans plusieurs catégories de poids, devenant championne du Royaume-Uni des moins de 81 kg, puis des moins de 75 kg, et enfin des moins de 70 kg. Cependant, malgré ses succès, son rêve de représenter la Grande-Bretagne aux Jeux Olympiques se heurte à un obstacle administratif : son statut de réfugiée. En raison de son orientation sexuelle et de la répression de l'homosexualité dans son pays natal, elle obtient l'asile au Royaume-Uni, mais sans la nationalité britannique, elle ne peut porter les couleurs de l'Union Jack aux Jeux Olympiques.
C’est donc sous la bannière de l’équipe des réfugiés qu’elle fait ses débuts aux JO de Paris. Porte-drapeau de cette équipe aux côtés du taekwondoïste syrien Yahya al-Ghotany, Cindy Ngamba représente l'espoir et la résilience de millions de personnes déplacées à travers le monde. Sur le ring, elle combat avec détermination. Lors de la demi-finale des moins de 75 kg, elle affronte la Panaméenne Atheyna Bibeichi Bylon, une adversaire redoutable. Bien que battue sur décision partagée des juges (4-1), elle quitte la compétition avec une médaille de bronze, une première historique pour l’équipe des réfugiés, composée de 36 athlètes venus de 11 pays. Ce métal représente non seulement un exploit personnel pour Ngamba, mais aussi un symbole fort pour tous les réfugiés, démontrant que l’adversité peut être transformée en force.
Arthur Wandji