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Karaté Combat - Achraf Ouchene: « Devenir le premier Marocain à décrocher la ceinture mondiale »

Jeune vice-champion décoré par le Roi Mohammed VI il y a quelques années pour ses performances en karaté, Achraf Ouchene n’a pas poursuivi son ascension dans la discipline. En cause, des mésententes survenues entre le Marocain et l’instance fédérale. Ces péripéties n’ont toutefois pas freiné le jeune athlète qui a brillamment réussi sa reconversion dans le Karaté Combat (KC), une discipline qui fait tout doucement son chemin et dont il espère marquer de son empreinte. Entretien.

De notre correspondant au Maroc,

Le Marocain Achraf Ouchene s'illustre dans la "fosse" avec une 4e victoire de suite

Sport News Africa : Vous avez récemment disputé un second combat contre le même adversaire, le Sénégalo-américain El Hadji Ndour, ce fut une belle confrontation, quels ont été les secrets de cette brillante victoire ?

Achraf OUCHENE : J'ai déjà remporté la victoire lors de notre premier combat. Alors que je n'avais que 19 ans et que je n'avais aucune expérience en karaté à contact complet. Mais El Hadji a toujours déclaré que je ne méritais pas la victoire et qu'il n'était pas d'accord avec le score des juges... Pour tout cela, j'ai été très sérieux dans ma préparation, car je n'avais pas d'autre choix que de gagner par une grosse différence pour ne pas donner d'autre excuse à mon adversaire. J’ai donc fait des camps d'entraînement durs à la fois en Suisse (mon pays de résidence) et aussi à Paris. Je peux dire qu'il n'y a pas de secret pour ma victoire, ce n’est juste que le fruit du travail acharné et de la constance.

Mais je peux aussi dire que je suis venu en étant bien préparé mon équipe et moi pour résister au style de combat de mon adversaire. Nous savions qu’El Hadji attaque fort au premier tour et il donne tout ce qu'il a. C'est pourquoi vous pouvez voir que j'ai été patient pendant le premier tour et je n'arrêtais pas de dire dans ma tête que chaque coup dur qu'il me lance lui coûterait de vider son réservoir.

Donc une victoire au mental ?

Comme je l’ai dit avant notre combat, nous sommes tous les deux des combattants forts et nous entrerons dans la fosse pour nous assommer. Mais le dernier homme debout remportera la victoire à la fin. Et entre les rounds, j'ai vu ses yeux. Pour moi mentalement, il avait déjà perdu le combat et je savais qu'au deuxième tour je devais aller pour lui mettre le coup fatal. Donc, j'étais le plus fort mentalement sur ce combat et avec une bonne tactique. C'est comme ça que je suis devenu le dernier homme débout pour sécuriser la victoire avec ce TKO spectaculaire que tout le monde a apprécié.

Vous commencez à vous faire un nom dans le Karaté Combat, quels adversaires souhaiteriez-vous affronter lors de vos prochains combats ?

J’occupe actuellement la 6e position au classement ‘Pound4Pound KC’ et je suis en tête chez les poids lourds-légers. Je suis aussi le candidat numéro 1 pour la ceinture de Karaté Combat du championnat du monde. C’est mon objectif et je m'entraîne dur maintenant. J’attends de voir ce que l'Organisation m'aura proposé comme adversaire.

De mon côté, j'ai déjà dit que je n'avais jamais fui un défi. Toute ma vie a été faite de défis. J'ai déjà eu l'habitude de me tester plusieurs fois, donc je suis tout à fait prêt pour les combats futurs et je ferai tout ce qu'il faut pour obtenir cette ceinture mondiale. Mon rêve est d’être le premier Marocain couronné champion du monde de Karaté Combat et rendre mon pays et ma famille fiers.

Au Maroc, pays où les sports de combat sont très appréciés, le KC n’a pas encore l’aura comme le MMA, le kickboxing, la boxe, le muay-thai…, que faut-il faire pour attirer plus d’adeptes ?

C'est vrai que le KC n'est pas très connu dans mon pays, mais comme tout le monde le sait, le Maroc a de grands noms dans les sports de combat comme la légende Badr Hari qui se bat actuellement dans la plus grande organisation de Kickboxing et aussi les frères Azaitar qui se sont fait un grand nom dans la plus grande organisation de MMA, l’UFC. Donc les fans de sports de combat marocains sont déjà habitués aux grandes réalisations dans les arts martiaux, ce n'est donc qu'une question de temps avant que le KC n’attire de grands adeptes dans le public marocain.

Néanmoins, je peux également mentionner que j'ai reçu un très énorme soutien et de nombreuses félicitations des Marocains qui ont déclaré qu'ils étaient impressionnés par cette organisation de combat.  J’espère que j’aurai encore plus de soutien lors de mon prochain combat.

Pour moi, nous allons dans la bonne voie avec le marketing de ce sport au Maroc. Je pense aussi qu’avec une certaine communication autour, nous aurons facilement des pratiquants qui aimeraient rejoindre ce nouveau sport incroyable.

N’avez-vous pas quelques regrets d’avoir délaissé le karaté simple ? Notamment quand vous pensez que vous avez les capacités pour être champion du monde ou champion olympique…

J'ai déjà obtenu la médaille d'argent au championnat du monde des seniors World Karate Federation (WKF) alors que je n'avais seulement  que 18 ans, ce qui fait de moi le premier de l'histoire des poids lourds à être finaliste à cet âge. Donc avec tout ce potentiel, les Jeux Olympiques ont toujours été mon plus grand rêve et objectif. Mais comme tout le monde le sait, j'ai eu des problèmes avec certains responsables de ma fédération qui m'ont empêché de me qualifier pour les jeux, même si j'étais le favori aux yeux de tout le monde pour obtenir cette qualification.

Avec ma grande expérience, même à un jeune âge, j'avais de grands espoirs de décrocher une médaille olympique pour mon pays, mais « ce qui ne vous tue pas vous rend plus fort ». Je suis très fier de tout ce que j'ai accompli en karaté avec le système de points et je souhaite bonne chance aux générations à venir pour obtenir encore plus de succès.

Ce que je peux dire est qu’en ce moment, je suis heureux de ma carrière professionnelle et je suis tout à fait déterminé à représenter mon pays avec la meilleure image dans toutes les compétitions mondiales en KC. Je reçois encore plus d'amour des Marocains avec ce nouveau sport de combat comparé aux temps où je pratiquais uniquement le karaté. Donc que cela soit le karaté ou le KC, l'objectif reste le même : hisser haut mon drapeau et rendre fier les Marocains.

 

«J’occupe actuellement la 6e position au classement ‘Pound4Pound KC’ et je suis en tête chez les poids lourds-légers»

 

Quels sont vos modèles dans les sports de combat, pourquoi ?

Il y a beaucoup de combattants marocains qui réussissent, donc c'est difficile et pas juste de ne choisir que quelques modèles. A mon avis, chaque athlète qui porte le drapeau marocain dans ses combats est un modèle pour moi et pour tous les jeunes prochains combattants de mon pays. Mais bien sûr s’il faudrait en choir je dirai que nous sommes d’accord que Badr Hari reste le meilleur de tous les temps. Grâce à lui, nous avons découvert le kickboxing au Maroc et grâce aux frères Azaitar, le sport MMA est devenu populaire dans le pays.

Le KC nourrit-il son homme?

(Rires…) C'est la question préférée de tout le monde. Je ne peux pas divulguer les termes de nos contrats, mais tous les adeptes et le public qui regardent les combats peuvent être étonnés par l'Organisation et toutes les mises en place qu'ils font pour avoir des événements réussis. Nous  sommes environ 100 combattants ayant signé avec l'Organisation, donc je ne pense pas que tout ce nombre signe pour un sport de contact aussi sanglant s'il n'y a pas de compensations pour cela.

Mais comme je dis toujours, je me bats presque tous les deux ans. Vous pouvez évidemment voir que je ne me bats pas pour l'argent comme tout le monde le pense mais pour la « Legacy » (legs ndlr) et pour rendre ma famille et mon pays fiers. C'est pourquoi je n'accepte pas un combat si je ne suis pas prêt à 100%. Au fond de moi, laisser mon peuple déçu ne sera jamais un problème, parce que je vais toujours donner le meilleur de moi-même dans la fosse. Je veux montrer aux fans que les Marocains ne sont pas des adversaires faciles à affronter.

Dans beaucoup de disciplines individuelles au Maroc, il y a des critiques sur la gestion et le peu de soutien que reçoivent les sportifs… Comment doit-on pousser les sportifs à faire mieux et à être indépendants financièrement ?

Eh bien, le tout premier problème que nous rencontrons dans toutes les disciplines est le suivi professionnel des athlètes. Il y a un grand manque de soutien pour les athlètes performants, et lorsque ces derniers ont des problèmes financiers, ils perdent tous la motivation de s'entraîner même s’ils ont un grand potentiel pour rapporter plus de médailles au pays. Je pense si les responsables du sport au Maroc accordent plus d'attention aux athlètes et les soutiennent financièrement pendant toutes les périodes de leur carrière, pas seulement lorsqu'ils gagnent des médailles, même lorsqu'ils se préparent à les obtenir médailles, les choses vont changer. Si cela est appliqué, le sport marocain va énormément évoluer.

Les prochains objectifs d’Achraf Ouchen ? Dans son sport et sur d’autres domaines…

Comme je l'ai dit plus haut, mon objectif principal pour l'instant est d'obtenir cette ceinture de champion du monde de KC dans ma catégorie et aussi de la défendre autant que possible et de rester invaincu. Et un jour, pourquoi pas atteindre la catégorie de poids moyen et combattre pour le 2e titre de champion du monde de KC ?

Propos recueillis par Mohamed Hadji

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