Si le sport est un droit humain, il n’est pas seulement une activité au masculin car depuis peu, le sport féminin est en grande ascension. De ce fait, le sport féminin participe à l’émancipation de la femme notamment dans la société congolaise qui est sous le poids de nombreux préjugés. Plusieurs femmes d’exception et maintenant Merveille Kanjinga, qui vient de s'engager au Paris Saint-Germain, prouvent que la femme sportive congolaise peut évoluer dans une discipline sportive jusqu’à atteindre l’excellence.
Le début de la pratique du sport féminin en RD Congo
Pour faire du sport, il suffit de réunir un certain nombre de conditions selon le niveau de l'activité sportive. Les exigences de l'amateur ne sont pas celles du professionnel. En règle générale, le sport est un droit humain. Tout le monde est donc appelé à pratiquer une activité physique et sportive même si à une époque, en République Démocratique du Congo, faire du sport était une activité au masculin.
L'illustre historien des sports et journaliste sportif Pierre Célestin Kabala Mwana Mbuyi fait comprendre qu’ « avant l’accession du Congo Léopoldville à l’indépendance, la pratique du sport de compétition était l’apanage des hommes seuls. La femme était réduite au rôle de spectatrice aux rencontres sportives où sa présence n’était même pas nombreuse. Néanmoins, dans les Lycées et autres écoles mixtes, des leçons de gymnastique et de chorégraphie gymnique étaient dispensées indistinctement pour filles et garçons. Il faut donc remonter à la période qui a suivi les premiers Jeux Congolais en 1967 pour retrouver les débuts de l’initiation proprement dite des filles à la pratique du sport de compétition. »
C'est par le volley-ball d'abord que s'intéresse la gente féminine, ensuite d'autres disciplines sportives à savoir le basket-ball, l'athlétisme, plus tard le handball, le cyclisme et même aussi la boxe.
Le milieu du sport féminin congolais : entre discrimination, résilience et auto-détermination
Il est difficile de voir émerger une carrière féminine dans le monde du sport à cause de nombreux facteurs de nature négative principalement la discrimination. Les conditions de vie dans chaque foyer étouffent généralement les ambitions de nombreuses jeunes filles, leur faisant penser qu'elles ne pourraient pas réaliser leurs rêves. La condition des femmes avec un rôle social érigé en culture pousse à croire que la place de la femme est partout sauf dans un milieu sportif et ainsi, une femme qui pratique une activité sportive est très mal vue et assimilée à un homme.
À l'occasion de ses 24 ans d'existence en 2023, la Ligue Sportive pour la Promotion et la Défense des droits de l'homme, en sigle LISPED, réfléchissait sur la place et le rôle de la femme dans le sport congolais face à la question de l'égalité des sexes. Madame Olive Kiloha, membre du comité exécutif de la Fédération congolaise de football et présidente de la Ligue Nationale de Football Féminin déclarait : « La femme doit faire une chose dont elle est passionnée […] Aujourd’hui, la fédération a ouvert ses portes. Elle a vraiment brisé les murs. Là où il y a les femmes, faisons comme c’est un homme».
Sylvie Meya, journaliste sportive chevronnée déclarait face aux discriminations : « Même si dans le milieu sportif, nous retrouvons plus d’hommes que de femmes, mais nous pensons que ça peut changer demain. Parce que la femme qui avait peur de se tenir debout devant les hommes, aujourd’hui n’a plus peur. Elle peut même faire ce travail considéré masculin. Donc, c’est une grande avancée. Je pense que demain, nous aurons encore plus de femmes qui se sentent impliquées ».
Au Panthéon de femmes sportives congolaises : Merveille Kanjinga sur le chemin de l'excellence
Merveille Kanjinga est devenue une référence dans le monde du football féminin congolais quittant son club formateur pour le TP Mazembe à la suite duquel elle rejoint le Paris Saint-Germain. Comme la présente le journaliste sportif Jonathan Masiala, Merveille Kanjinga : « Elle va certainement bientôt écrire la plus belle histoire d'une footballeuse congolaise née en RDC, dans une carrière internationale. »
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Si elle entre dans l'histoire comme la toute première femme évoluant dans le championnat local à signer au sein du prestigieux club français qu'est le Paris Saint-Germain, Merveille Kanjinga suit l'exemple de plusieurs femmes d'exception dans le mouvement sportif congolais. Comme le présente Célestin Kabala Mwana Mbuyi. « Hyper motivée, la femme congolaise s’est jetée avec bravoure dans la conquête de l’Afrique où elle a trouvé sur son chemin de redoutables adversaires comme les Sénégalaises. D’autres disciplines sportives : le football, le volley-ball, le handball, l’athlétisme voire le karaté, n’ont cessé d’attirer la Congolaise qui, à ce jour, ne nourrit plus d’aucun complexe devant ses semblables. À l’exemple des basketteuses, celles qui pratiquent le football ont réalisé la performance de participer à deux reprises au tournoi final de la Coupe du monde. Elles ont, en plus, fourni les premières arbitres femmes qui sont allées au-delà des prouesses des pionnières comme Mashala Mutshi Muana, pour accéder à la catégorie internationale », détaille-t-il.
Merveille Kanjinga comme nombreuses sportives d'exception prouvent au regard de leurs carrières que le sport au féminin est un facteur d'émancipation. Il appartient à chaque sportive de rêver, d'oser braver les difficultés notamment les discriminations et de travailler avec acharnement pour devenir un modèle de résilience et de réussite.
Contribution de Gauthier PIKADJO, chercheur en droit des sports et doctorant de l’Université Catholique du Congo.