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Le VIH face à la pratique du sport professionnel

La pratique du sport professionnel est-elle possible lorsque l’on souffre du VIH ? Certaines personnes peuvent considérer qu’il s’agit d’une question anodine tandis que d’autres peuvent trouver dans cette interrogation, une importance majeure voire s’y retrouver car la pratique du sport comporte des vertus qui s’accommodent à diverses situations.

Le 7 novembre 1991, Magic Johnson annonçait sa séropositivité avant de prendre sa retraite sportive.

Le sport est un droit humain

Listant les principes de l’olympisme, la charte olympique reconnaît que : « la pratique du sport est un droit de l’homme. Chaque individu doit avoir la possibilité de pratiquer un sport sans discrimination d’aucune sorte, au regard des droits humains reconnus au plan international dans le cadre des attributions du Mouvement olympique ».

Dans son règlement sur le statut et le transfert des joueurs, article 18 alinéa 4, la FIFA reconnaît que « la validité d’un contrat ne peut dépendre du résultat positif d’un examen médical […] »

De l’avis de Béatrice Ngwete, médecin épidémiologiste et spécialiste en santé publique : « Un athlète professionnel peut être séropositif. Déjà en matière de VIH/SIDA, il existe une éthique. Le résultat du test de quelqu’un ne peut être publié qu’avec son accord. […] Sans oublier que le séropositif ne peut pas subir une quelconque discrimination. […] tant qu’il prend ses médicaments, il mange bien, il s’entretient, il reste un athlète professionnel. Il y a plusieurs exemples d’ athlètes professionnels séropositifs dont le plus illustratif est celui du célèbre basketteur Magic Johnson ».

Dans la même optique, le docteur aux cliniques universitaires de Kinshasa et chercheur à la faculté de médecine de l’Université de Kinshasa, Dieu Merci  Betukumesu ajoute : « Un séropositif c’est une personne comme toute autre. Il peut faire du sport au niveau professionnel si et seulement s’il respecte ses traitements. […] Quand on prend convenablement ses ARV on verra sa charge virale baissée et on mènera une vie paisible. Il y a des séropositifs qui sont en très bonne santé parce qu’ils respectent les mesures. »

Si le sport est un droit humain, il est intéressant de déterminer sa place entre droit et liberté, liberté fondamentale et liberté publique, droit humain et droit de l’homme alors que le sport féminin prend de l’envergure.

La sécurité des athlètes, un impératif non moins négligeable que négociable

Dans le football, la mort de Marc-Vivien Foé (décédé d'une crise cardiaque en plein match) et d’autres drames ont permis l’impulsion des changements majeurs dans la prévention et la prise en charge des athlètes. En France, à partir de 2006, « Il y a une montée en gamme dans la prise en charge, les soins et les secours. Et c’est tant mieux», confiait à RFI l’ancien arbitre international Bruno Derrien.

C’est que l’enjeu crucial pour l’organisateur d’une compétition sportive est de garantir la sécurité des athlètes alors que la notion même de sécurité est polysémique. De la même manière que le site d’une compétition peut être la cible d’une attaque terroriste, dérangeant la sécurité des athlètes et des spectateurs, de la même manière, l’insécurité des athlètes peut reposer sur une quelconque maladie qui peut surgir brusquement et terrasser un athlète pendant l’exercice de son travail, comme les maladies opportunistes qui dérivent du VIH tout en sachant qu’il y a un risque de contamination du VIH dans une discipline sportive où les athlètes sont en contact sachant qu’ils peuvent se blesser simultanément.

Tenant compte des spécificités évoquées ci-dessus, la Confédération africaine de football impose un ensemble d’examens à faire avant une compétition touchant « les infections (surtout virales) (au cours des quatre dernières semaines) […] les problèmes liés au cœur et poumons, la douleur ou oppression thoracique, le souffle court, les palpitations/arythmie, les autres problèmes cardiaques, les vertiges, les syncopes, l’hypertension, le souffle et bien d’autres problèmes médicaux ».

Par ailleurs, Il faut savoir que tout sport n’oppose pas les athlètes de telle sorte qu’il puisse avoir transmission du virus. C’est le cas par exemple du golf, de l’athlétisme, l’haltérophilie, le tennis, la natation, les sports automobiles.

Une question à la fois géopolitique et sportive

Il existe des restrictions liées au voyage des personnes atteintes du VIH qui sont opaques car le droit international ne les légitiment pas. De ce fait, un athlète séropositif a moins de chances de circuler comme les autres athlètes et cela aurait un impact significatif sur le développement de sa carrière.

Le doyen des journalistes sportifs congolais et historien du football, Pierre-Celestin Kalaba Mwana Mbuyi raconte dans son ouvrage, Cent ans des sports en République Démocratique du Congo : « Lors des 5èmes Jeux Africains qui se sont déroulés au Caire du 20 septembre au 1er octobre 1991, les athlètes venus de Kinshasa, avaient dû faire l’objet d’un acte jugé frustrant. Ils étaient tous soumis à des tests anti-sida et VIH de la part des organisateurs à leur arrivée au Caire. Ce qui avait provoqué des remous notables dans les rangs des participants étrangers et même de la presse internationale qui en avait fait de larges échos. »

En toute évidence, le tandem VIH et sport professionnel est au centre d’une complexité qui suscitera toujours des interrogations quant à la légitimité et la légalité de la pratique du sport professionnel par le séropositif tout en sachant que chaque discipline sportive répond à des spécificités qui lui sont propres.

Contribution de Gauthier PIKADJO, chercheur en droit des sports

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