Nampalys Mendy a beau être champion d’Afrique avec le Sénégal, mais le Lion de la Teranga, qui fait d’ailleurs partie de l’équipe type de la compétition, ne semble visiblement pas entrer dans les plans de son club, Leicester. Et bien qu’il a été réintégré dans le groupe des Foxes depuis son retour de la CAN, le milieu de terrain n’a toujours pas disputé une seule seconde avec le club anglais.
Il ne suffit pas seulement d’avoir du talent pour briller dans le football de haut niveau. Pour qu’un joueur puisse, en effet, exprimer tout son potentiel, et ainsi se faire un nom dans ce sport où les choses vont très vite, il a aussi besoin d’avoir la confiance de son club, et surtout de son manager.
Pensez-vous que Cristiano Ronaldo, très brouillon dans son jeu à ses débuts, avec de nombreuses fantaisies inutiles, serait devenu la légende vivante qu’il est aujourd’hui s’il n’avait pas bénéficié de la confiance de Sir Alex Ferguson à son arrivée à Manchester United, en 2003 ? Et Messi alors, serait-il considéré comme l’un des meilleurs joueurs de tous les temps, si Pep Guardiola l’avait très souvent laissé, malgré tout son génie, sur le banc des remplaçants, au lieu de faire de lui l’homme clé de son système, durant les plus belles années du FC Barcelone ? Certainement non !
Et si on suit cette même logique, on peut tout aussi se poser la question suivante : comment se fait-il que le milieu de terrain sénégalais Nampalys Mendy, si bon avec sa sélection lors de la CAN 2021, ne parvient toujours pas à s’imposer dans son club, Leicester ? La réponse paraît simple et limpide : il ne jouit pas de la confiance du manager des Foxes, Brendan Rodgers.
Arrivé à Leicester en provenance de Nice à l’été 2016 pour une enveloppe de 15,5 millions d’euros - une somme record pour le club à l’époque -, Nampalys était pourtant vu comme le prochain N’Golo Kanté des Foxes. Très agressif à la récupération, mais aussi très habile avec le ballon, l’ancien Monégasque n’a cependant jamais réussi à s’imposer au sein du club anglais. Il sera même prêté dès la saison suivante à son ancien club, le Gym, avant de revenir lors de la campagne 2018-2019.
S’il est, certes, peu épargné par les pépins physiques, Nampalys n’a pas aussi eu les faveurs des différents coachs qui se sont succédé à la tête du club ces dernières saisons (Claudio Raneri, Craig Shakespeare). Et maintenant Brendan Rodgers. Mais c’est avec ce dernier que le milieu récupérateur va vivre les périodes les plus difficiles de sa carrière. En effet, le joueur de 29 ans va, sous le magistère du technicien nord-irlandais, totalement disparaître des radars. Il n’a, par exemple, plus participé à un match de Premier League depuis mars 2021, soit depuis un an.
Et pour cette nouvelle saison 2021-2022, Brendan Rodgers ne l’a utilisé qu’une seule fois, face à Brighton, en fin octobre, au quatrième tour de la Coupe d’Angleterre. Nampalys avait alors eu droit à seulement 31 minutes de jeu. Rien que ça. Du reste, le joueur est pour la majeure partie du temps non convoqué par son manager. Les chiffres de Mendy parlent d’ailleurs d’eux-mêmes : 87 % de temps d’absence pour non-convocation, soit 2970 minutes depuis le début de la saison et 12% de temps passé sur le banc, soit 461 minutes.
En sélection, l’histoire est toute autre pour le milieu sénégalais qui sera bientôt trentenaire (juin prochain). Indisponible lors des deux premiers matches du Sénégal face au Zimbabwe et à la Guinée durant la CAN 2021, Nampalys, qui ne comptait que 8 sélections avec les Lions avant le tournoi, va avoir la chance de s'exprimer face au Malawi. Titularisé par le sélectionneur Aliou Cissé, il sort alors une prestation convaincante lors de ce dernier match de phase de poules. Conséquence : Nampalys gagne dès lors la confiance du technicien sénégalais et s’installe définitivement dans son onze de départ pour le reste de la compétition.
Pas n’importe quels joueurs 🤩
Voici la Meilleure XI #TotalEnergiesAFCON2021👇#CAN2021 pic.twitter.com/xEGPS1bg1W
— CAF - FR (@caf_online_FR) February 7, 2022
Positionné en sentinelle devant la charnière composée d’Abdou Diallo et Kalidou Koulibaly, l’ancien Niçois se révèle être le chaînon manquant de l’entrejeu sénégalais. Et à défaut d’avoir du rythme, le laissé-pour-compte de Leicester profite de sa fraîcheur physique pour sortir de gros matches avec les Lions. Il sera même élu meilleur joueur du quart de finale face à la Guinée Equatoriale (3-1). Avant d’étaler toute sa palette technique lors de la finale contre l’Egypte de Mohamed Salah (0-0, 4 tab à 2).
Si Leicester l’a réintégré dans son groupe depuis le sacre du joueur à la CAN, Nampalys Mendy, qui figure dans l’équipe type de la compétition, n’a pour autant toujours pas retrouvé du temps de jeu avec son club. De quoi se demander dans quel état de forme se présentera t-il lors de la double confrontation face à l’Egypte, dans trois semaines, en barrages du Mondial 2022. Aura-t-il encore la confiance de son sélectionneur, malgré son manque de temps de jeu ? Certainement. Mais pendant combien de temps encore ?
Nampalys a certes fait une superbe CAN au Cameroun malgré son temps de jeu famélique en club, mais cet « état de grâce » ne saurait continuer indéfiniment. Parce que d’abord, un joueur de haut niveau a besoin d’enchaîner les matches pour avoir du rythme, et atteindre son meilleur niveau. Et parce qu'il subira la concurrence d’autres joueurs dans l’entrejeu sénégalais qui, contrairement à lui, jouissent de la confiance de leur coach en club. Et surtout jouent plus régulièrement. Si on en est pas encore là, pour l'heure, Aliou Cissé et le Sénégal profitent grandement de son rendement plus que satisfaisant pour un professionnel qui joue si peu.
Jules DIA
