Arrivé en France en janvier 2022 sans faire de bruit, Carlos Baleba a laissé son talent parler pour lui. Une titularisation avec l’équipe première de Lille, et voilà le milieu camerounais de 19 ans qui force déjà le respect au milieu des grands. Portrait.
Paulo Fonseca en est officiellement tombé amoureux le 8 janvier 2023, contre Troyes, en Coupe de France (2-0). Ce soir-là, pour sa première titularisation avec Lille, Carlos Baleba a allumé la lumière dans l’entrejeu du stade Pierre-Mauroy. Inspiré ballon au pied et efficace à la récupération, il a eu tendance à ralentir le jeu de l’équipe adverse pour permettre aux siens d’avoir un temps d’avance et de se repositionner rapidement.
Baleba, le «futur» du LOSC
Pour un gamin qui venait de fêter ses 19 ans, Baleba a mis tout le monde dans sa poche. La preuve : trois jours plus tard, il était titulaire pour la première fois en Ligue 1, lors du déplacement à Brest (0-0). Et une fois encore, le milieu de terrain camerounais a marché sur l’eau. Suffisant pour s’imposer dans les petits papiers de l’entraîneur Paulo Fonseca. La pépite camerounaise compte déjà 4 titularisations en 10 matchs de championnat cette saison.
«Carlos, c’est le futur du club, il n’y a pas de doute», a récemment soutenu l’entraîneur lillois. Ses coéquipiers sont du même avis. Quand ils parlent de Baleba, c’est sujet, verve, compliments. «Carlos est jeune, mais il amène quelque chose de différent, qui est très bon pour nous. Il est puissant, costaud, il conduit très bien le ballon», indiquait il y a peu son coéquipier Jonathan David, dans les colonnes de La Voix du Nord.
Forgé par son père
Né le 3 janvier 2004 dans la ville de Douala, Carlos Baleba a toujours su qu’un grand destin l’attendait dans le monde du football. Le gamin qui, il y a quelques années encore, bottait des boîtes de conserve vides dans les rues du quartier populaire d’Akwa, avait fait le choix de marcher sur les pas de son père, Eugène Balepa. «Son père, Balepa, est un ancien footballeur, raconte une amie de la famille. Il a tenté une carrière en France notamment à Saint-Etienne où il a fait des essais. Ça n’a malheureusement pas marché. Il s’est ensuite lancé en Afrique du Sud. Malgré le talent que nous voyions en lui, il n’a pas eu une longue carrière. Mais il aura toujours été un modèle pour Carlos et son petit frère qui, lui-aussi, joue au football ».
Si le football n’a pas marché pour lui, Eugène Balepa s’est reconverti dans l’entraînement, pour donner à ses fils, la chance qu’il n’a pas eu. « Dès le départ, papa m’a inculqué le travail, révèle Carlos dans une interview avec Losc.fr. Il y a des choses qu’il me faisait faire et qui étaient difficiles, comme porter des charges lourdes ou courir pendant plusieurs heures. Tout le monde lui disait : "Non, c’est encore un enfant, il ne faut pas faire ça". Mais j’y allais à mon rythme ».
A force de travail et d’abnégation, Baleba intègre la prestigieuse Ecole de Football des Brasseries du Cameroun, véritable moule à fabriquer les talents, à tout juste 13 ans. Et coup de tonnerre, il est placé sous l’encadrement de son père, formateur au sein de cette Académie. « Il m’a repris en charge à mes 14 ans en me proposant des programmes de musculation et de courses. Je m’entraînais avec les U18 de l’Académie. C’est à partir de ce moment-là que j’ai commencé à jouer à mon poste actuel, en box to box ». Lentement, Carlos va se révéler au cours de grands tournois de jeunes du pays.
Du beau monde derrière Baleba
Durant les matchs, le milieu relayeur, longiligne, se balade avec élégance, casse les lignes, aspire ses adversaires, met ses partenaires sur orbite et fait déchanter les défenses. Les recruteurs présents, sont sous le charme de celui qu’on présente déjà comme l’un des meilleurs joueurs africains de sa génération à son poste. Et très vite, les offres se sont multipliées. Rennes, Nice, Lyon, Wolfsbourg et l’Atalanta Bergame ont sorti le chèque, mais c’est finalement Lille qui aura le dernier mot. Carlos Baleba est recruté fin 2021 pour cinq saisons avec les Dogues. Arrivé dans l’équipe réserve en janvier 2022, il va ensuite sauter les classes, grignotant quelques minutes avec les pros six mois plus tard.
Si à Lille il est déjà un visage du présent, au Cameroun, on l’attend comme une belle promesse de l’avenir. « Carlos a été approché par la Fécafoot à deux reprises, murmure sous cape un parent du joueur. Il lui a été proposé une sélection avec l’équipe senior et ensuite avec les moins de 23 ans. Mais le petit ne se sent pas encore prêt. Il souhaite encore progresser et améliorer son jeu. Le moment de porter les couleurs nationales viendra ». La certitude, pour le moment, est que Baleba a un bel avenir devant lui.
Arthur Wandji