Moins décisif et moins influent que la saison dernière, et moins utilisé par Pep Guardiola, Riyad Mahrez vit une première partie de saison compliquée. Mais faut-il vraiment s’en inquiéter ?
Tous les grands joueurs connaissent des baisses de régimes plus ou moins longues. Sadio Mané, par exemple, a passé plus d’un mois sous le feu des critiques, entre la mi-août et fin septembre, en raison de performances jugées très éloignées des attentes placées en lui par le Bayern Munich, son nouveau club. Depuis un mois, le Sénégalais rayonne à nouveau, empile les buts avec le club bavarois, et son cas ne fait déjà plus débat. En Angleterre, un pays que le Lion de la Téranga connaît si bien, deux autres joueurs africains, Mohamed Salah et Riyad Mahrez ne sont pas épargnés par la vindicte d’une partie de leurs supporters et accessoirement de la presse britannique, qui n’est pas réputée pour sa mansuétude et son sens de la nuance.
L'international algérien (30 ans, 77 sélections, 27 buts) vient de passer son dernier samedi d’octobre sur le banc de touche des Citizens, qui se sont débrouillés sans lui pour s’imposer à Leicester (1-0). Une mise à l’écart que certains ont interprété comme une sanction infligée par Pep Guardiola, après le penalty manqué par son attaquant face au Borussia Dortmund (0-0), quatre jours plus tôt en Ligue des Champions, le second après celui raté deux semaines plus tôt dans cette même compétition contre le FC Copenhague (0-0, le 11 octobre). Après l’échec de Mahrez en Allemagne, Pep Guardiola, qui n’est pas un tendre, avait évoqué son cas, sans le citer. «J’ai beaucoup d’admiration pour ceux qui prennent leurs responsabilités mais dans cet exercice, il faut qu’on s’améliore.» Un coup de pression mis sur l’ancien joueur du Havre, dont on se demande s’il tirera le prochain penalty qui sera accordé au champion d'Angleterre en titre.
Depuis le début de la saison, Mahrez n’a inscrit qu’un but en Premier League – où il a été aligné neuf fois en douze journées – lors du succès contre Southampton (4-0, le 8 octobre), et un autre en C1 face à Copenhague (5-0, le 5 octobre). Pour celui qui avait terminé la saison 2021-2022 meilleur buteur de l’équipe (24 buts, toutes compétitions confondues), le compte n’y est pas. «Il n’est pas toujours titulaire, il marque moins, est moins influent dans le jeu. Guardiola ne lui accorde pas la même confiance que l’an dernier. Je crois que Mahrez a pensé que ce serait plus facile pour lui, avec les départs de Raheem Sterling et Gabriel Jésus, mais il faut qu’il sorte un peu d’une certaine zone de confort. Il en a largement les capacités, car c’est un excellent joueur. Guardiola a l’air de le soutenir, mais il ne lui fera pas de cadeaux, il fera jouer les meilleurs», analyse Nabil Neghiz, l’ancien entraîneur de l‘ES Sétif et du MC Alger, aujourd’hui à l'USM Khenchela, en Ligue 1 algérienne.
Mahrez, que les défenseurs de Premier League ont appris à connaître, ne parvient plus à faire aussi facilement la différence que par le passé. «Il y a de la concurrence, que Mahrez doit essayer de surmonter», poursuit l’ancien sélectionneur adjoint. A Manchester City, deux joueurs – Phil Foden et surtout le Norvégien Erlin Haaland, auteur d’un début de saison époustouflant – accaparent l’attention médiatique. «Pour les autres, c’est un peu plus difficile de se mettre en évidence quand vous avez un attaquant comme Haaland qui marque but sur but. Mahrez a manqué deux penalties en Ligue des Champions, ce qui n’a pas remis en cause la qualification de son équipe, mais ce n’est pas bon pour la confiance alors qu’il en a justement besoin. Il joue moins, marque moins, c’est une période un peu délicate pour lui», intervient Ali Fergani, ancien milieu de terrain puis sélectionneur de l’Algérie. Les prestations très inégales du champion d’Afrique 2019 ne sont pas imputables par une situation contractuelle incertaine, puisque le capitaine des Fennecs a prolongé en juillet dernier et est lié à City jusqu’au 30 juin 2025.
Nabil Neghiz soulève une autre hypothèse pouvant partiellement expliquer les performances erratiques du capitaine de l’Algérie, dont la cote de popularité reste malgré tout très élevée dans son pays d’origine. «Je pense qu’il n’a pas complètement digéré l’élimination de la sélection nationale de la Coupe du Monde. C’était un objectif. Il a 30 ans, la prochaine Coupe du Monde aura lieu en 2026, il aura 34 ans, je pense que cette élimination l’a affecté». En septembre dernier, Mahrez avait inscrit un des deux buts de son équipe face au Nigeria (2-1), «en livrant une prestation correcte, mais on sait qu’il peut faire beaucoup mieux», ajoute Fergani.
A deux journées de la trêve internationale imposée par la Coupe du Monde au Qatar (20 novembre-18 décembre), et avec un ultime match de la phase de groupes de la Ligue des Champions, ce mercredi soir contre le FC Séville, Mahrez a encore un peu de temps pour reprendre quelques couleurs…
Alexis BILLEBAULT