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1966, l’année où l’Afrique a boudé la FIFA

Le continent avait boycotté le Mondial organisé en Grande-Bretagne pour protester contre le mode de désignation de son éventuel représentant. Le coup de gueule avait payé.

La cérémonie d'ouverture du Mondial 1966. L'Afrique avait boudé le tournoi.
La cérémonie d'ouverture du Mondial 1966. L'Afrique avait boudé le tournoi.

Le Qatar accueille la 22e édition de la Coupe du monde (20 novembre-18 décembre). L'Afrique est présente pour la quinzième fois de suite. Ce qui fait pour elle seize rendez-vous honorés, si l'on ajoute sa première apparition au Mondial avec l'Égypte, invitée en 1934.

Depuis 1970 (Mexique) donc, l'Afrique a toujours pris part à la plus prestigieuse compétition de football. Mais pour ce faire, elle a dû taper du poing sur la table. En 1966, en effet, la CAF avait boycotté le Mondial accueilli et remporté par la Grande-Bretagne. L'instance qui venait d'avoir onze ans protestait contre la décision de la FIFA de lui accorder une seule place. Et celle-ci n'était même pas garantie puisqu'il fallait se la disputer avec l’Asie et l’Océanie. La Corée du Nord remportera le billet.

De un à cinq

Les pays africains restèrent alors à la maison. C'était la sixième fois qu'ils rataient la Coupe du monde après les éditions de 1930, 1938, 1954, 1958 et 1962. C'était la dernière fois aussi. Car, la FIFA rectifia le tir dès l’édition suivante (Mexique 1970) en attribuant un ticket au continent. Le Maroc la prendra.

En 1982, le Mondial passe de 16 à 24 équipes. Le continent gagne une place supplémentaire. Un troisième billet lui sera attribué en 1994. Cette fois-ci ce n'est pas à la suite d'un mouvement d'humeur, mais grâce aux bonnes performances du Cameroun (quart de finaliste) quatre ans plus tôt. Et depuis le passage de la compétition à 32, en 1998 (France), l’Afrique compte cinq représentants. Ils étaient même six en 2010. La place supplémentaire ayant été réservée à l’Afrique du Sud, pays hôte.

À partir de 2026, les choses devraient aller encore mieux. Le continent aura neuf représentants à la faveur du passage du tournoi à 48 équipes.

Malgré ces évolutions arithmétiques, de nombreuses voix s’élèvent pour dénoncer ce qu'elles considèrent comme une discrimination au préjudice de l'Afrique. Un continent qui compte près d’un milliard de personnes et représente plus de 25% des membres de la FIFA. Avec une population moins importante et une représentation moindre au niveau de l'instance mondiale, l’Europe dispose de 13 places. «C’est une injustice vis-à-vis de l’Afrique», s’était indigné Patrice Beaumelle, l’ancien sélectionneur de la Côte d’Ivoire. Les Éléphants venaient d'être éliminés par les Lions Indomptables du Cameroun dans la course aux barrages du Mondial 2022.

Une formule chaotique

Le technicien français s'était empressé de signaler que son coup de gueule n'était pas un geste de mauvais perdant, mais une profonde conviction. Beaumelle précisait d'ailleurs qu'il avait prévu de faire la même déclaration même si les Ivoiriens avaient obtenu le droit d'affronter l'Algérie, dernier obstacle avant Qatar 2022.

«Ça me tue parce qu’on va laisser des champions à la maison, des joueurs qui font le bonheur de l’UEFA dans les championnats d’Europe. On prive chaque fois trois à quatre grandes nations (africaines) d’une Coupe du monde et ça, ça me fait mal, avait-il martelé. Je ne dénigre pas les autres continents, je pense qu’on tue le football africain. Ce n’est pas normal que dans chaque poule du Mondial, qu’on n’ait pas au moins une équipe africaine. Cinq pays seulement pour l’Afrique, c’est honteux.»

Même la formule de qualification des pays africains est décriée. Elle est jugée éreintante, chaotique. Là où les représentants des autres continents peuvent directement se qualifier, les pays africains doivent passer par des détours.

Pour se qualifier au Mondial 2022, le Ghana, la Tunisie, le Maroc, le Cameroun et le Sénégal sont passés par des phases de poules (10 de 4). Ils ont fini premiers de leurs groupes respectifs avant d'aller affronter en barrages aller-retour les cinq autres leaders. «C’est très difficile pour les pays africains de se qualifier», avait récemment commenté le gardien de l’Équipe de France, Hugo Lloris, après un match amical contre la Côte d’Ivoire.

L'Afrique, plombée par son bilan ?

Mais pour beaucoup de spécialistes, l’Afrique est surtout pénalisée par ses modestes résultats en Coupe du monde. «Si l’on prend en compte l’ensemble des équipes ayant accédé aux demi-finales de la Coupe du monde depuis sa création, on constate que ce sont presque tous de vieux pays de football. Les équipes africaines n'ont jamais dépassé les quarts de finale», rappelle Loïc Ravanel, chercheur au Centre international d’études du sport (CIES).

La meilleure performance de l'Afrique en seize participations est une place en quart obtenue successivement par le Cameroun (1990), le Sénégal (2002) et le Ghana (2010). En Russie, aucun des cinq représentants du continent (Égypte, Maroc, Nigeria, Tunisie et Sénégal) n’avait franchi le premier tour.

À la FIFA, les rapports de forces basés sur la représentativité peuvent faire bouger lignes en faveur de la majorité. Mais, comme à l'ONU où la puissance militaire et économique détermine les positions, au niveau de l'instance du football la puissance sportive s'avère imparable.

La Rédaction – Sport News Africa

 

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