Trois matchs, une défaite, un nul, une victoire et une élimination dès le premier tour. Voilà le bilan de l’équipe nationale du Cameroun à ce Mondial qatari. Retour sur les joueurs qui ont marqué de bons points et ceux qui, au contraire, ont déçu.
Les Tops
Vincent Aboubakar
S’il ne fallait retenir qu’un nom au sein de la sélection du Cameroun, ce serait celui de Vincent Aboubakar. Remplaçant lors du premier match face à la Suisse (0-1), il a poussé le sélectionneur Rigobert Song a changé ses plans à la rencontre suivante. Entré en jeu face à une Serbie qui menait le Cameroun 3-1, le numéro 10 camerounais a impressionné par sa justesse et sa qualité technique, au point de changer totalement le match. D’abord en inscrivant un but de classe. Et enfin en délivrant la passe du but de l’égalisation à Choupo-Moting (3-3).
Désigné «Homme du match», Vincent Aboubakar sera ensuite titularisé lors du dernier match face au Brésil, considéré comme l’adversaire le plus redoutable du groupe. Sans trembler ni abandonner, le capitaine camerounais va offrir la victoire aux siens, en inscrivant l’unique but de la rencontre (1-0), dans le temps additionnel d’un match de haute intensité (90e+2). Il faisait ainsi entrer le Cameroun dans la légende, en devenant la première nation africaine de l’histoire à avoir battu la Seleção lors d’une Coupe du monde.
Dévis Epassy
Devenu titulaire dès le deuxième match de groupes, après l’exclusion d’André Onana, Dévis Epassy s’est montré à la hauteur. S’il paye le prix de la fébrilité de sa défense en prenant 3 buts face à la Serbie, le portier de 29 ans va se reprendre en main quatre jours plus tard, contre le Brésil. Avec une meilleure charnière centrale, le joueur du Club Abha va littéralement dégoûter les coéquipiers de Neymar avec ses 6 arrêts décisifs. Jesus, Gabriel Martinelli, Bremer et Anthony ont certainement regretté d’avoir croisé son chemin. Auréolé par le trophée de l’«Homme du match», le gardien camerounais a prouvé qu’il est une valeur sûre.
La paire Wooh – Ebossé
Avec un Nicolas Nkoulou prêt pour la retraite, un Nouhou Tolo qui a montré ses limites et un Michaël Ngadeu qu’on ne reverra certainement plus en sélection nationale, le Cameroun a déjà peut-être trouvé la relève. Titularisés dans l’axe de la défense face au Brésil, Christopher Wooh et Enzo Ebossé ont su tirer profit du forfait de Jean-Charles Castelletto et Nicolas Nkoulou. Grâce à leurs facilités techniques, leurs facultés à se comprendre et à se couvrir, les deux défenseurs camerounais ont fait transpirer les attaquants adverses.
Malgré leur jeunesse, Ebossé (23 ans) et Wooh (21 ans) qui jouaient pourtant ensemble pour la première fois, ont haussé le ton sur des interventions autoritaires. Leurs qualités de relance ont été précieuses pour trouver rapidement les attaquants sur les contres. Les deux néo internationaux ont assuré leurs places pour l’avenir.
Les Flops
Pour la première fois en huit participations, un joueur camerounais a été exclu de la Coupe du monde. Son nom, André Onana. Mis à l’écart de la tanière des Lions Indomptables peu avant le deuxième match contre la Serbie le 24 novembre, le gardien de 26 ans a été renvoyé au Cameroun pour «des raisons disciplinaires». Si l’exclusion du portier de l’Inter Milan a secoué la planète football, c’est davantage en raison du flou entretenu par la Fédération camerounaise de football sur les véritables causes de cette «affaire».
En effet, dès l’annonce de sa mise à l’écart de l’effectif qui devait affronter la Serbie ce jour-là, la toile s’est emballée, laissant libre court à une kyrielle de versions. Ici, l’on apprend qu’André Onana aurait publiquement remis en question les choix du sélectionneur Rigobert Song. Ailleurs, l’on indique que le gardien formé au FC Barcelone aurait livré une bagarre avec un cadre de la Fécafoot. Plus loin, on lui colle une histoire de mœurs. De quoi amener son club à demander des clarifications.
Titulaire lors du premier match face à la Suisse, le joueur de l’Olympique Lyonnais a déçu lors de sa prestation. S’il a eu une belle occasion de but face à la Nati, Karl Toko Ekambi a ensuite été l’ombre de lui-même. Jamais rassurant dans le couloir gauche, le natif de Paris n’a pas été d’une grande utilité pour ses partenaires. Après une autre prestation inodore et sans saveur lors du match suivant [contre la Serbie, 3-3], l’ancien joueur de Villarreal a ensuite perdu sa place de titulaire. Souvent en retard sur les actions et pas assez bien placé, c’est donc sur le banc de touche qu’il a démarré le match contre le Brésil.
Tout a commencé comme dans un rêve. Le Cameroun doit se qualifier pour le Mondial 2022 en passant par une double confrontation avec l’Algérie. Le président de la Fécafoot Samuel Eto’o décide de nommer un Rigobert Song sans expérience à la tête des Lions Indomptables. Le technicien se sait en danger, mais malgré la défaite à Douala 0-1, ses hommes réalisent l’exploit à Blida (1-2) et réussissent leur pari.
Quand vient la Coupe du monde, l’ancien capitaine de l’équipe du Cameroun étale vite ses lacunes. Au Qatar, il a aligné trois Onze différents lors des trois matchs que son pays a disputés. Et chose curieuse, ce sont les remplaçants qui ont à chaque fois réalisé les meilleures performances sur le terrain. Lors du second match par exemple, c’est le remplaçant Vincent Aboubakar qui va voler la victoire de la Serbie avec son but et sa passe décisive. Ensuite, contre le Brésil, les remplaçants Christopher Wooh et Enzo Ebossé vont faire le job en défense, tandis que le joueur local Jérôme Ngom va s’illustrer en passeur décisif sur le but de la victoire. Song lui, a clairement montré ses limites par ses choix tactiques et sa gestion du groupe. Aujourd'hui, l'ancien capitaine des Lions est fortement contesté.
Kigoum WANDJI