Les Lions de l’Atlas et les Bleus se disputent, ce mercredi 14 décembre (19h GMT), le droit de rejoindre l’Argentine en finale de la 22e Coupe du monde. Les champions en titre partent favoris, mais la sélection africaine a déjà démontré qu’elle sait faire tomber les gros. Et avec le soutien d’un public maîtrisant à la perfection l'art de tympaniser ses adversaires, un autre exploit est possible.
Hugo Lloris et Didier Deschamps voient venir. «Il y aura un climat hostile», a lâché en conférence de presse le gardien de but de la France, qui affronte le Maroc, ce mercredi 14 décembre (19h GMT), en demi-finale du Mondial 2022. Son sélectionneur dit la même chose, mais avec une petite précaution de langage. «Je n'aime pas le terme 'hostile', parce que ça met tout de suite un aspect négatif», corrige-t-il. À propos des supporters marocains, le technicien français préfère parler plutôt de «ferveur populaire» en reconnaissant que «ça fait beaucoup de bruit».
🚨𝗜𝗧'𝗦 𝗠𝗔𝗧𝗖𝗛𝗗𝗔𝗬
🏆 #FIFAWorldCup Semi-Finals
🆚 France 🇨🇵
🏟️ Al Bayt Stadium, Qatar
⏰ 8PM (GMT+1)#DimaMaghrib 🇲🇦 #TeamMorocco #FIFAWorldCup @pumafootball pic.twitter.com/iCm2wxix8l— FRMF (@FRMFOFFICIEL) December 14, 2022
Didier Deschamps assure avoir alerté ses hommes. «Mes observateurs me l'ont dit et répété. Mes joueurs sont prévenus, confie-t-il. (…) Ça fait partie du contexte. Ce n'est pas ça qui fait marquer des buts ou qui fait en prendre, mais le savoir avant c'est toujours mieux. Ils ont eu ce soutien jusqu'à maintenant et ce n'est pas en demi-finale, face à nous, que ça va être inférieur. Préparer un match, c'est aussi prendre en compte un environnement, et mes joueurs savent à quoi s'attendre.»
Au coup d’envoi de la seconde demi-finale du Mondial 2022, Kylian Mbappé et Cie auront donc en face onze joueurs plus un «douzième homme» posté dans les gradins du Al-Bayt Stadium (Al-Khor) mais collé au spectacle. Le journaliste Hanif Ben Berkane annonce 45 000 Marocains dans l’enceinte de 65 000 places contre seulement 4 000 Français. Entre ce mardi 13 et ce mercredi 14, la compagnie nationale Royal Air Maroc (RAM) a opéré pas moins de 30 vols Rabat-Doha pour transporter des fans des Lions de l’Atlas. Et la Fédération royale marocaine de football (FRMF) a offert 13 000 billets pour le match contre les Bleus.
30 avions spéciaux du Maroc vers Doha, 3500 tickets distribués gratuitement aux supporters marocains sur place pour ce France-Maroc… La fédération marocaine continue sur sa généreuse lancée.
À saluer dans un monde où tout ce qui touche au football se vend à prix d’or…
— Hanif Ben Berkane (@HanifBerkane) December 12, 2022
Le rouge prendra sûrement le dessus sur le bleu dans les travées du Al-Bayt Stadium pour le premier face-à-face en match officiel entre Français et Marocains. Mais l’essentiel se passera sur le rectangle vert. Les supporters marocains auront beau siffler les Bleus et chanter les Lions, les hommes de Walid Regragui devront se montrer sous leur meilleur jour pour espérer se qualifier en finale.
La France est favorite. En tant que championne en titre, elle trainait déjà cette étiquette avant le coup d'envoi du Mondial. «C’est évidemment encore plus le cas au stade des demi-finales», observe sur SNA l’ancien sélectionneur de la Côte d’Ivoire Patrice Beaumelle.
Sortis premiers de la poule D, malgré une défaite (0-1) contre la Tunisie (avec une équipe fortement remaniée), les Bleus ont corrigé (3-1) la Pologne en huitièmes avant d’éliminer l’Angleterre en quarts dans un match où ils ont compilé talent, caractère et efficacité. Face aux Lions de l’Atlas, on devra retrouver les mêmes ingrédients. Avec un gardien décisif, deux des meilleurs buteurs du Mondial, Kylian Mbappé (1er ex-aequo, 5 pions) et Olivier Giroud (2e ex, 4), et neuf champions du monde 2018, les hommes de Didier Deschamps restent une redoutable machine.
Seule ombre au tableau, au moment d’aborder l’avant-dernière étape vers un deuxième sacre de suite- seuls l’Italie et le Brésil ont signé cet exploit : l’incertitude autour de la participation de Dayot Upamecano et d’Adrien Rabiot. Ces derniers avaient pris froid. Une décision sera prise peu avant le coup d'envoi de la demi-finale.
Le parcours du Maroc s’avère plus difficile. Sortis premiers de la poule F du Mondial, après avoir fait match nul (0-0) contre la Croatie et battu tour à tour la Belgique (2-0) et le Canada (2-1), les Lions de l’Atlas ont éliminé successivement l’Espagne (8es) et le Portugal (1/4). Ils présentent la meilleure défense de la compétition. En cinq matches, ils n’ont encaissé qu’un but et c’était contre leur camp (Aguerd).
Cette solidité défensive, les Marocains la doivent à une ligne arrière (Hakimi, Saïss, Aguerd et Mazraoui) intraitable et un gardien solide comme un mur (Yacine Bounou). Ils peuvent également dire merci à un bouclier nommé Sofyan Amrabat, l’homme aux deux poumons, aux jambes d’acier et au mental de guerrier. Un vrai Lion. Et ce n’est pas tout. L’état d’esprit qui règne dans le collectif marocain, où personne ne rechigne à aller au charbon pour l'autre, bétonne cette assise défensive.
Mais le Maroc, ce n’est pas un bus garé devant sa surface. Manier le ballon, les joueurs de Walid Regragui savent faire aussi. La preuve : Bounou dégage rarement en chandelle pour sortir le ballon. Il a tendance à (trop) s’appuyer sur ses défenseurs centraux ou ses pistons pour franchir les premiers rideaux adverses. Au milieu et devant, Ounahi, Boufal et Ziyech se chargent d’apporter la créativité qui donne du panache au jeu des Lions de l’Atlas. Sans compter l’efficacité d’En-Nesyri, capable, sur une seule action, de faire la différence (comme face au Portugal).
Malgré cet équilibre entre solidité défensive et créativité offensive, on entend des critiques. L’ancien international marocain Abdeslam Ouaddou ne comprend pas. «Elles sont pour moi infondées, s’agace-t-il dans un entretien avec SNA. Le Maroc défend bien, très bien même, mais il montre aussi des choses quand il est en phase de possession. Cette équipe a des valeurs, elle est d'une solidarité exemplaire.»
Walid Regragui rigole de ces petites querelles. «Cette possession de balle mais c’est extraordinaire comment ça vous fait rêver, sourit le technicien de 47 ans, mi-amusé, mi-agacé. 70% de possession et tu tires que deux fois. (…) Nous on est là pour gagner, c’est tout.»
Le ton est donné : contre la France, si l'on en croit son sélectionneur, le Maroc fera du Maroc. Bien défendre, faire le jeu quand c’est possible et porter l’estocade à la moindre occasion. Cette stratégie leur réussit jusque-là et on ne change pas une recette gagnante.
La seule grosse inquiétude reste la santé et l’état physique des Lions de l'Atlas. Souvent en fin de match, certains finissent blessés tandis que d’autres tirent la langue. Si contre la France Walid Regragui peut s’estimer heureux de pouvoir compter sur les retours de Aguerd et Mazraoui, blessés et absents en quart de finale, des doutes subsiste quant à la participation de Romain Saïss. Le capitaine marocain était sorti sur civière contre le Portugal. Même s’il revient pour la demi-finale, il y a peu de chance qu’il soit à 100%.
S’il franchit l’obstacle français, le Maroc affrontera en finale du Mondial 2022 l’Argentine de Lionel Messi, dimanche 18 décembre. Sinon, il devra essayer d’occuper la troisième marche du podium aux dépens de la Croatie, samedi 17. Ses 45 000 supporters attendus ce soir ne cracheraient pas sur une victoire en match de classement. Mais, d'abord, ils pousseront à fond pour le premier objectif. Et ils savent se faire entendre.
La Rédaction – Sport News Africa