Née à Thionville et résidant en France, Lorina Essomba, 21 ans, a surmonté de nombreux défis, sans le moindre soutien de la part des autorités de son pays, pour représenter fièrement le Cameroun sur la scène continentale.
Le Cameroun fait désormais partie intégrante de la très courte liste des pays inscrits au palmarès du Championnat d’Afrique d’escrime. Et ça, c’est grâce à Lorina Essomba. A 21 ans sonnés, la native de Thionville, une petite ville située au nord-est de la France, a marqué l'histoire de son pays d’origine en devenant la première Camerounaise championne d'Afrique d'escrime lors de la récente édition organisée du 6 au 10 juin au Maroc.
Une passion inattendue pour l’escrime
La professionnelle de sabre s’est imposée au bout du suspense (15-14) en finale, face à l’Egyptienne Nagwa Nofal. « C’est une victoire significative pour moi et pour mon pays, exulte-t-elle. J’ai donné le meilleur de moi-même sur la piste et je suis ravie de voir mon travail récompensé ». Pourtant, rien ne prédisposait la néo championne d’Afrique à l’escrime. Elle y a en effet été poussée par sa mère, fan de Laura Flessel-Colovic, double médaillée d’or olympique et six fois championne du monde. Lorina n’a que 7 ans à l’époque, et ses multiples essais avec les autres disciplines ne suscitent pas en elle, la même passion que l’escrime.
Ainsi, elle débute dans les catégories jeunes pour la France, des cadets aux juniors. Elle décroche au passe le titre de championne de France N2 cadette en 2019. Lors de sa dernière année en junior, une blessure va s’inviter et l’éloigner des compétitions pendant un an. A sa sortie de l’infirmerie, Lorina décide de changer de nationalité. Le système français ne lui convenait plus, et elle a vu cette transition vers le Cameroun comme une nouvelle opportunité pour relancer sa carrière.
Son triomphe récent aux Championnats d'Afrique représente bien plus qu'une médaille d'or. « Je ne réalise pas encore, surtout que ça été une année très compliquée pour moi, a-t-elle glissé à Alles les Lions. J'ai failli laisser tomber à plusieurs reprises et ça prouve que le travail paye toujours. C'est une victoire qui me touche parce que c'est ma première victoire continentale [et] c'est une première médaille pour le Cameroun ».
Une championne snobée par son pays ?
Ce moment de victoire a été particulièrement poignant pour elle lors de la remise des médailles, où entendre l’hymne national du Cameroun a été une expérience inoubliable : « quand on entend l'hymne national de son pays, c'est quelque chose qui donne des frissons ». Mais malgré ce succès, Lorina n’a reçu aucun soutien du ministère camerounais des Sports. Encore moins un message de félicitations.
Championne en manque de reconnaissance de la part des autorités de son pays, Lorina ne regarde pas en arrière. Elle a des objectifs ambitieux. Notamment se qualifier pour les Jeux Olympiques de 2028 à Los Angeles et devenir la meilleure africaine aux points, tout en participant à de nombreuses Coupes du monde.
Arthur Wandji