Sauf surprise de dernière minute, Walid Regragui prendra les rênes de la sélection marocaine. Le jeune coach a réussi partout où il est passé pour s’imposer aujourd’hui comme le choix évident à trois mois du Mondial au Qatar. Un homme de défis respecté au Royaume chérifien où peu de coaches font l’unanimité.
De notre correspondant au Maroc,
Si le public marocain est très divisé sur le limogeage de Vahid Halilhodzic, il est quasi-unanime sur le profil du probable futur sélectionneur des Lions de l’Atlas. L’éventualité d’une nomination de Walid Regragui ne souffre d’aucune contestation au Royaume chérifien en raison du pedigree de l’ancien latéral droit de la sélection.
Née en France, à Corbeil-Essonnes, en 1975, l’ancien international a effectué l’essentiel de sa carrière dans l’Hexagone, excepté un passage au Racing Santander, en Espagne. De la montée en D1 avec Toulouse en passant par Grenoble Foot, Regragui a connu d’autres clubs tels qu’Ajaccio et Dijon.
Si sa carrière professionnelle démarrée à 22 ans ne l’a jamais conduit dans un top club, il a toutefois connu de belles années avec le ballon rond. Il cumule les premiers succès au début des années 2000. Champion de D2 avec Ajaccio en 2002, il est également élu meilleur défenseur de la division.
Deux ans plus tard, il participe à la CAN 2004 durant laquelle le Maroc atteint la finale (perdue 2-1 face au pays hôte, la Tunisie). C’est la meilleure participation des Lions de l’Atlas depuis la CAN 1976, remportée en Ethiopie. Regragui figure dans l’équipe type du tournoi.
Cette fenêtre fermée, le Marocain se lance quelques années après dans le coaching. Après la période difficile traversée par les Lions de l’Atlas en 2012, il est nommé dans le staff de Rachid Taoussi en tant que premier adjoint. Mais il ne dure pas à ce poste, car Taoussi sera démis de ses fonctions en octobre 2013.
L’expérience acquise reste toutefois très utile pour ce revenant au bercail. A partir de la saison 2014-2015, il prend ainsi la tête du FUS de Rabat, équipe très stable de la capitale qui ambitionne de remporter le championnat pour la première fois. Dès sa première saison, il permet au club de décrocher la Coupe du Trône. En 2015, le FUS est finaliste de la compétition. Mais c’est l’année suivante que Regragui fait vraiment parler de son savoir-faire en décrochant le premier titre en D1 du FUS, avec une belle génération composée de Mourad Batna, Ass Mandaw Sy… Ses débuts au FUS sont marqués par plusieurs trophées individuels décernés par les médias (Trois fois entraîneurs de l’année en 2014, 2015 et 2016, Ndlr).
Walid Regragui poursuit son apprentissage au sein du FUS qu’il quitte en janvier 2020 pour filer au Qatar, à Al Duhail. Si ce choix paraissait risqué à l’époque, il n’a pas entaché la carrière du technicien marocain. Dans le Golfe, il s’offre même le championnat avant de revenir dans son pays pour prendre le Wydad. Ce pari était logique pour un jeune entraîneur ambitieux.
Chez les Rouge et Blanc, il rafle deux nouveaux trophées : la Botola Pro D1 et la Ligue des Champions de la CAF. Son seul raté restera la finale de la Coupe du Trône qui lui échappe au profit de la RS Berkane.
Regragui n’a pas peur des défis. Malgré l’interdiction de recrutement infligée au Wydad, il rassure son président durant la saison écoulée. «J’ai des hommes, je leur fais confiance», dit-il à Saïd Naciri. Après la finale de la Ligue des Champions, le coach a ainsi eu un malin plaisir à lancer quelques piques aux sceptiques. «Il faut qu’ils (la presse marocaine) comprennent que de nos jours, le foot c’est l’efficacité», décoche-t-il.
Regragui a décrit son équipe comme le Real Madrid de la dernière saison. Un onze qui est «létal» sur le rectangle.
La confiance en ses hommes a permis à certains de s’exprimer plus librement sur le terrain, notamment Achraf Dari transféré à Brest et Yahya Jabrane, régulièrement convoqué en sélection (16 fois, 2 buts).
Ce succès en Ligue des champions a, en outre, grandement contribué à changer le regard sur ce fin tacticien. Certes, il glane les trophées, mais ses équipes se singularisent surtout par leur maîtrise tactique. Au Royaume, le jeu de Regragui ne fait pas rêver. Son management et sa capacité à fédérer son groupe derrière un objectif commun compensent pourtant l’absence de «joga-bonito».
A la différence de Vahid Halilhodzic, Regragui a le verbe pour convaincre. Jamais un mot de trop en conférence de presse ou une pression supplémentaire à ses joueurs. Cette retenue lui a facilité la tâche durant la saison. «Il a toujours mis la pression sur le Raja comme l’équipe qui doit gagner le championnat en raison de son effectif, tout en sachant que le Wydad était meilleur», nous dit-ton.
S’il est né en France, le coach a toujours été attaché à son pays d’origine. Dès le début de sa carrière, il a repoussé la possibilité d’intégrer des staffs en Europe afin de réussir dans son pays. Un succès au Royaume qui lui a valu une décoration du Roi Mohammed VI en 2016. Homme de la saison, Regragui semble s’imposer aujourd’hui comme le choix de la raison.
Mohamed HADJI