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Lamine Touré, premier et unique judoka médaillé d’or malien

Grand pratiquant de judo dans les années 1960, Lamine Touré, décédé en 2015 à l’âge de 75 ans, a participé aux Jeux Africains de Brazzaville en 1965 en compagnie de l’équipe nationale de football et d’autres athlètes. Compétition au cours de laquelle il remporte la médaille d’or de sa catégorie. Retour sur la carrière du premier médaillé d’or malien de l’histoire, raconté par le journaliste Madou Diarra, aujourd’hui à la retraite.

De notre correspondant au Mali

Lamine Touré-Mali
Lamine Touré, l'une des figures du judo malien

Un homme souple d’une grande intelligence

Lamine Touré est un homme discret. Et c’est dans cette discrétion qu’il a forgé sa réussite. C’est au dojo créé par le Français René Canwel, au début des années 1960, que Lamine Touré a attrapé le « virus » du judo. Le sport que l’on croyait à l’époque fait pour les « nantis ». Or, confia un jour le futur judoka au journaliste de l’Essor Madou Diarra aujourd’hui à la retraite, « Il faut de la patience, de l’assiduité et une bonne dose de combativité pour réussir ». L’apprenant aurait dû ajouter de la « souplesse et surtout une grande intelligence », dixit le doyen Madou Diarra.

Qualité que possédait Lamine Toure puisqu’il se fit remarquer dès le milieu de l’année 1964 quand il accéda au grade de ceinture noire, le premier malien également à l’époque. Un aboutissement ? Non, puisqu’il était question à cette période des premiers Jeux africains de Brazzaville en septembre de l’année suivante. Dès lors, Canwel se révéla comme un bourreau de travail pour son élève qui, il faut l’avouer, suivait bien le rythme avec son compère Raymond Coulibaly. Quand la délégation malienne s’ébranla pour les Jeux, le grand public n’avait d’yeux que pour les footballeurs dont l’épique qualification s’était réalisée au détriment du Sénégal qui subit un cinglant (0/4) après avoir gagné (3/0) à l’aller. Et pourtant la première levée de médaille d’or sera pour Lamine Touré au quatrième jour du début des compétitions, le 15 juillet 1965. En finale, le surdoué domine son adversaire marocain par un ippon d’une simplicité inouïe. « Jamais, il n’a pensé un seul instant que j’exécuterais une prise aussi dure contre lui » a-t-il confié à Madou Diarra.

C’était la gloire pour ce fils de médecin issu d’une famille nombreuse. Cette médaille d’or lui vaudra d’être invité en Asie (continent des Arts martiaux), mais surtout à vulgariser le judo qui donnera plus tard quelques champions au Mali dont Habib Sissoko, le Président du Comité National Olympique Sportif du Mali (CNOSM) qu’il a adoubé.

L’idole d’une jeunesse

Homme simple, Lamine Touré a vécu ses 75 ans dans la bonhomie et la plaisanterie, surtout vis-à-vis de ses jeunes frères qui trouvèrent la formule « Lamine bè judo kè ila », expression abusive pour effrayer ; et qui voulait dire tout simplement « Lamine va te terrasser en judo », révèle Madou Diarra.

Ironie cruelle de l’histoire, Lamine Touré tire sa révérence le 6 septembre 2015 à une dizaine de jours du cinquantenaire de sa consécration à Brazza.

À Accra au Ghana où se tient en ce moment la 13ème édition des Jeux Africains, les jeunes judokas maliens tenteront d’imiter celui qui, après son sacre en 1965, était devenu l’idole de toute une jeunesse et qui reste aujourd’hui, le premier et unique médaillé d’or de la discipline.

Drissa Niono

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