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Rétro SNA : 1974, l’âge d’or du football congolais

Les Léopards de la RDC ont manqué de peu de se qualifier à la Coupe du monde 2022. Après  avoir terminé premiers de leur groupe, les Congolais sont tombés en barrages face aux Lions de l'Atlas du Maroc qui les ont écrasés au match retour à Casablanca (4-1) après un nul (1-1) à l’aller à Kinshasa. Cette génération amenée par Dieu merci Mbokani n'a pas réussi à rééditer l'exploit de la génération de Ndaye Mulamba, il y a 47 ans, qui avait éliminé les marocains en 1973 pour se qualifier au mondial 1974 en Allemagne, devenant au passage le premiers Africains du sud du Sahara à disputer une phase finale de Coupe du monde. La même  année,  le Zaïre avait  remporté sa deuxième CAN de l'histoire, sa toute dernière d'ailleurs.  Sport News Africa vous fait revivre cette année 1974, qui a reste sans doute la meilleure pour l'histoire du football congolais avec le témoignage d'un des acteurs de cette épopée, l'ancien milieu du terrain du DCMP, CS Imana à l'époque, Jean Mana Mambwene.

Mana Mambwene
Le Zaïre, champion d'Afrique en 1974

Dans l'histoire du football de la RDC, 1974 reste la référence pour toutes les générations. Au cours de cette année, la RDC, jadis Zaïre,  avait remporté sa deuxième Coupe d'Afrique des Nations en Egypte et s'était qualifiée à la coupe du monde en Allemagne, devenant d'ailleurs le premier pays de l'Afrique subsaharienne à réussir cet exploit. Depuis, la RDC n'a plus remporté de CAN et  n’a plus réussi à se qualifier une nouvelle fois à la Coupe du monde. Jean Mana Mbwene est l'un des joueurs qui ont participé à cette belle épopée et il en garde que des très bons souvenirs. Il était un des milieux de terrain de Léopards.

CAN 1974, la grande reconquête

La CAN 1974 en Egypte a marqué le grand retour du Zaïre sur le toit de l'Afrique. Les Léopards avaient une revanche à prendre. Champions d'Afrique en 1968, les Zaïrois, avaient connu un fiasco à la CAN 1970 au Soudan où ils ont été sortis dès le premier tour. Dans l’édition suivante au Cameroun en 1972, ils ont retrouvé le dernier carré sans atteindre la finale ni terminer sur le podium. Jean Mana Mambwene se remémore. « En 1972 notre slogan était le podium ou rien. Mais nous n'avions terminé qu'au pied du podium dans une compétition remportée par nos frères de l'autre rive du fleuve Congo. Toutes les moqueries qui s'en sont suivies nous avaient révoltés ; on voulait vraiment aller loin dans cette compétition en Egypte et arriver en finale. Nous avons fait mieux, on a remporté la compétition. »

Un triomphe devant le pays hôte

Pour arriver à remporter le sacre final, les Léopards ont dû sortir un grand match en demi-finale où ils ont renversé les pharaons d'Egypte, hôtes de la compétition. Menés (0-2) à l'heure de jeu, les Zaïrois ont renversé la tendance en inscrivant trois buts en l'espace de neuf minutes pour s'imposer au finish (3-2),  jetant un coup de froid au stade international du Caire archicomble. Une victoire des Léopards qui leur a coûté de jouer une finale dans un stade quasi vide, boycotté par le public Égyptien. « C'était terrible pour les Egyptiens. Vous vous imaginez, vous êtes le pays hôte, vous menez (2-0) et que vous vous fassiez remonter puis dépasser au score !  Nous avions eu le moral très fort pour arriver à faire une telle performance et ça nous a donné de l'assurance pour la finale », déclare Mana Mambwene.

Une finale rejouée et un record pour Ndaye

Le Zaïre de l'époque a remporté la CAN 1974.  Cependant, la finale s’est jouée deux fois, face aux Zambiens. Lors de la première finale, les deux équipes se sont séparées sur un nul (2-2) après prolongation. Il n'y a pas eu de séance de tirs au but  et la finale a été rejouée deux jours plus tard soit le 14 mars 1974. Et comme lors de la première finale, Pierre Ndaye Mulamba a signé un doublé, offrant aux Léopards une victoire (2-0) face aux Zambiens avec au bout le titre de champions d'Afrique, le deuxième et le dernier remporté par les Léopards. Grâce à ces buts marqués lors des deux finales, Pierre Ndaye Mulamba est devenu le meilleur buteur de la CAN en une édition avec 9 réalisations, un record qui tient jusqu'à ce jour. Ndaye Mulamba est mort le 26 janvier 2019.

Après la CAN, place au mondial

De retour à Kinshasa, les Léopards ont été reçus en héros à l'aéroport de N'djili. Le  Président  du Zaïre de l'époque, Joseph Desiré Mobutu, avait donné à chacun, outre une prime spéciale, un terrain dans un quartier exclusivement réservé (Lemba Salongo). Ils ont été tous  décorés chevaliers de l'ordre national du Léopard. « C'était génial tout cet amour que notre peuple nous a témoigné. Nous étions les hommes les plus importants du pays. Reçus par le président qui nous a décorés. C’était vraiment un pur bonheur. L’un de mes meilleurs souvenirs », ajoute Mana Mambwene, ancien milieu de terrain des Léopards.

Avant d'aller en Egypte jouer la CAN, les Léopards avaient déjà obtenu leur qualification pour le mondial 1974, une compétition à laquelle ils devaient prendre part trois mois seulement après leur sacre en Egypte. C'était  en décembre 1973. Le Zaïre avait remporté le dernier tournoi triangulaire face à la Zambie et au Maroc. Après avoir dominé les Zambiens à l’aller (2-0) et au retour (2-1), les Léopards ont dominé les marocains à Kinshasa (3-0). Le match retour n'a toutefois pas eu lieu suite au forfait du Maroc. « Le mondial, le grand mondial dont on entendait parler, ce mondial dont on rêvait avant,  était devenu une réalité pour nous. C'était devenu une obsession. Et surtout devenir le premier pays de l'Afrique Noire à réaliser cet exploit, ça nous a rendus très fiers » raconte Jean Mana Mambwene.

Le grand fiasco allemand

Pour leur première participation à une phase finale de Coupe du monde, les Léopards sont complètement passés à côté de la plaque. Ils ont concédé trois défaites en autant de sorties dont une qui est restée dans l'histoire car étant une des plus lourdes de l'histoire de la Coupe du monde. C'est celle concédée contre la Yougoslavie, pays de Blagoje  Vidinic (9-0), entraîneur des Léopards lors de la compétition. Une défaite qui survient après une première  concédée face à l'Écosse (2-0). Un problème de prime expliquerait cette grosse débâcle selon Mana Mambwene.

« Face à l’Écosse, malgré la défaite, nous avions très bien joué parce que quand nous sommes arrivés en Allemagne, on nous avait promis une prime de participation après le premier match. Les écossais avaient promis de nous battre par 11 à 0  mais il n'y a eu que 2-0. Mais après le match face à l'Écosse nos primes n'ont pas été versées. Nous étions donc très en colère et nous avions refusé de jouer le deuxième match contre la Yougoslavie. Mais tellement que nous étions obligés de jouer, on s'est juste présenté sur le terrain et on a quasiment regardé les Yougoslaves jouer. On a donc perdu par 9 à 0. »

Après la défaite face à la Yougoslavie, les Léopards ont perdu face au Brésil (3-0).

La RDC au Mondial 1974

Abandonnés à leur triste sort

Après la débâcle du mondial, les Léopards ont reçu un accueil bien particulier à leur retour à Kinshasa. Aucun protocole, aucun bus pour les recevoir. Ils ont dû prendre des taxis pour regagner leurs domiciles respectifs. Comme quoi,  en l'espace de trois mois, ils sont passés des héros nationaux en reportant la CAN à un symbole d'indignité au vu de l'image présentée en Allemagne. « C'était incroyable contraste entre le retour d'après CAN et le retour d'après mondial. C’était dur. Même si les résultats n'étaient pas ceux qu'on attendait. Mais on pouvait quand même nous traiter mieux que ça » regrette Jean Mana Mambwene.

Une équipe complètement locale

Cette génération dorée qui a remporté la CAN et participé à la Coupe du monde en 1974  était entièrement composée de joueurs locaux. Les 95% de l'ossature sortaient d’ailleurs de trois clubs, AS V. Club  (8 joueurs), TP Mazembe (7 joueurs), DCMP, CS Imana à l'époque (4 joueurs). Les trois autres joueurs sont respectivement sortis de l'AS Bilima, actuel Dragons Bilima, AS Nika et de l'Equipe militaire FAZ qui n'existe plus. Pierre Ndaye Mulamba par exemple était un joueur de l'AS V. Club. D'où l'importance de mieux organiser le championnat local.

Depuis 1974, le public Congolais attend encore de revoir son équipe nationale être couronnée sur le plan continental ou de rejouer une Coupe du monde de football. Une attente qui dure depuis plus de 47 ans aujourd’hui.

Masiala Jonathan

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