À l’arrêt depuis quelques années, le championnat guinéen de Ligue 1 va passer dans une autre dimension. La Fédération guinéenne de basket-ball a annoncé la création d’une ligue professionnelle. Les enjeux d'une démarche qui ne passe pas inaperçue.
De notre correspondant en Guinée,
En proie à un bicéphalisme depuis quelques années, la Fédération guinéenne de basket-ball passe à la vitesse supérieure. Le fédération dirigée par Sakoba Keita, reconnue par les autorités guinéennes (ministère des Sports, Comité national olympique) et les instances internationales notamment la FIBA, a annoncé la création d’une ligue professionnelle.
Avec cette décision, la pratique de la discipline en Guinée passe dans une autre étape. «On avait déjà mûri cette idée depuis 5 ans maintenant. Maintenant on est sur la phase d'opérationnalisation», souligne Sakoba Keita.
Et d’enchaîner : «Cela fait trois ans maintenant que les clubs guinéens notamment le champion SLAC, affronte des clubs professionnels dans des compétitions internationales. C'est un gros handicap, parce que nous jouons un championnat totalement amateur.»
Alors que la Ligue 1 et la Ligue 2 sont à l’arrêt depuis quelques années, la fédération a décidé de déployer les gros moyens. Une professionnalisation qui va permettre la création de nombreux emplois, explique Sakoba Keita. « La professionnalisation va permettre à nos jeunes joueurs d'avoir enfin une carrière. Cela va créer plus de 200 emplois directs autour du basket-ball pour la première année ».
En plus des emplois directs que cela va créer, cette initiative va permettre d’accroître le business des clubs d'élite et la performance sportive des athlètes précise ce responsable. « Cela permettra aux clubs de vendre leurs joueurs et d’avoir des statuts d'entreprise. Ils pourront avoir des sponsors, cela les permettra d'améliorer leur fonctionnement. C’est un partenariat gagnant-gagnant». « Et cela mettra un terme au désordre qu'on a dans le basket-ball en Guinée » tranche-t-il.
Pour mener à bien ce projet, la fédération entend mettre les bouchés double. Avec un encadrement pour la plupart vieillissant, pour le passage du monde amateur à celui professionnel, on se doit de réunir certaines conditions. Le président de la fédération annonce une série de formations pour une mise à niveau de ces encadreurs. « Même si toutes les conditions ne sont pas réunies, il y a la base quand même » aborde Sakoba. Et de poursuivre « Dans ce sens, il nous faut former les arbitres, les officiels de matches. Et même les responsables au niveau de la fédération, pour permettre d'organiser ce type de compétition » détaille Sakoba Keita.
Au delà du renforcement des capacités des différents acteurs, cette professionnalisation va permettre aux athlètes de bénéficier d’un meilleur traitement financier. Ne bénéficiant jusque-là pas de salaire, les basketteurs auront la possibilité de négocier des contrats avec les différentes équipes. « Déjà il y a un cahier de charges qui est disponible. Aujourd’hui les clubs qui vont réunir toutes les conditions, pourront participer à cette première saison professionnelle. On a mis une date butoir. On ira du salaire minimum interprofessionnel garanti de 550.000 GNF (59,76 euros) à des salaires confortables » se réjouit Sakoba Keita.
Avec les récentes prestations du SLAC qui a pris part aux deux dernières éditions de la Basket-ball african league (BAL), nul doute qu’une professionnalisation de la discipline en Guinée va permettre de faire émerger de nouveaux talents. Ce qui permettra à la Guinée d’obtenir de bons résultats lors de compétitions internationales.
Mamadou Gongorè DIALLO