A force de persévérance, d’abnégation et de travail, Aliou Cissé a enfin réussi à offrir au Sénégal sa première Coupe d’Afrique des nations. Une belle récompense pour le sélectionneur des Lions qui n’a pas toujours été épargné par les critiques.
Son visage est bien connu des Sénégalais : teint noir, joues creusées, nez plus ou moins épaté, yeux minces, longues dreadlocks et une petite barbe, surplombée d’une moustache assez fournie… L’homme n’est plus à présenter au Sénégal, et même en Afrique. L’histoire retiendra d’ailleurs que c’est lui, Aliou Cissé, technicien sénégalais et ancien capitaine de la génération dorée de 2002, qui a offert au peuple sénégalais, ce dimanche 6 février, son premier sacre continental.
Si la consécration est belle, le chemin jusque-là n'a pas été un long fleuve tranquille pour Aliou Cissé. L'homme a en effet dû passer par plusieurs échecs avant de goûter enfin à la victoire. D’abord en 2002, lors de la finale face au Cameroun (0-0, 3-2 tab). Capitaine des Lions à l’époque, Aliou Cissé avait même manqué le penalty décisif lors de la séance des tirs au but. Une déception suivie d'une autre, en finale de la CAN 2019 où son équipe a perdu contre l’Algérie (1-0) sur un but gag.
Cette nouvelle désillusion a toutefois semblé sonner comme celle de trop pour les supporters sénégalais, qui se montrent de plus en plus impatients vis à vis de ce même Aliou qu’ils avaient tant chéri à son arrivée à la tête de l’équipe en 2015. D’un coup alors, « Bounama Rasta », n’était plus, selon certains fans et observateurs, à la hauteur de leur équipe. Il ne peut pas coacher les stars comme Sadio Mané, Gana Gueye ou Ismaïla Sarr, répétaient-ils, tout en demandant son limogeage.
Mais pendant ce temps, l’ancien joueur du PSG, lui, se réfugie dans le travail et attend patiemment son heure. Car pour Aliou, il n’est pas question d’abdiquer. Esprit persévérant, il sait que de l 'échec naît la victoire. Une victoire qu'il va d'ailleurs finir par conquérir.
« Je suis très heureux. Ça prouve encore qu'avec la force de travail, la persévérance, le fait de ne jamais se décourager, on arrive à obtenir ce qu'on veut. Nous sommes fiers, très fiers, parce que nous gagnons face à l'Égypte, qui a sept Coupes d'Afrique, ce n'est pas rien. Je suis très ému, car cette Coupe, on la gagne pour tout le peuple sénégalais qui la réclamait depuis plus de 60 ans. Nous aussi, on aura notre étoile », a-t-il déclaré, au micro de beIN Sports, après la victoire du Sénégal face à l'Égypte en finale de la CAN ce dimanche 6 février.
Mais cette consécration, Aliou, qui va fêter ses 46 ans le 24 mars prochain, la doit surtout à ses joueurs et à son groupe. C’est ce qui fait sans doute la force de son équipe. Et pour avoir réussi à créer ce collectif, cette famille, le sélectionneur sénégalais jouit du plus grand respect de son vestiaire. « Je crois que cet homme le mérite (le respect, nlr) parce qu'il est l'entraîneur le plus critiqué que je n’ai jamais vu de ma vie, mais il n’abandonne jamais. Il se fait confiance et il fait confiance au groupe. Il y a des critiques à l'extérieur, mais ici, il fait son travail. Nous aimerions gagner pour notre pays et pour lui, car il le mérite après tout ce qu'il a traversé en tant que joueur et maintenant en tant qu'entraîneur », témoignait Sadio Mané à la BBC après la victoire face au Burkina Faso en demi-finale.
Un travail qui aura finalement porté ses fruits. Car grâce à celui que les fans surnomment désormais « El Tactico », le Sénégal a obtenu sa première étoile. De quoi faire taire (pour un moment sûrement) les critiques sur l’homme, en attendant les prochaines échéances des Lions.
Jules DIA