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Coupe CAF : le Stade Malien sur le toit de l’Afrique, les acteurs témoignent treize ans après l'exploit

Les Blanc ont offert au Mali son premier trophée continental. C’était le 5 décembre 2009. À un mois de son treizième anniversaire, les acteurs de cet exploit témoignent pour Sport News Africa.

De notre correspondant au Mali,

Le Stade Malien est sur le toit de l'Afrique sous les yeux de feu Amadou Toumani Touré (en blanc au milieu), Président du Mali à l'époque.
Le Stade Malien est sur le toit de l'Afrique sous les yeux de feu Amadou Toumani Touré (en blanc au milieu), Président du Mali à l'époque.

Dans un mois et deux jours, le Mali va fêter son premier titre continental. L’exploit inédit remonte, en effet, au 5 décembre 2009 et il porte la signature du Sade Malien, qui avait dominé en finale de la Coupe CAF l’Entente Sétif d’Algérie. Les Blanc s’étaient imposés aux tirs au but (3-2) après une égalité parfaite (2-2) sur l’ensemble des deux manches de la finale.

En montant sur la plus haute marche du podium continental, le Stade Malien tenait une promesse faite au Président du Mali à l’époque, feu Amadou Toumani Touré, qui a président la finale et leur a remis le trophée à la fin.

Un anniversaire au goût amer

Soumaila Coulibaly était le capitaine et gardien de l’équipe bamakoise. Un acteur majeur de la victoire du club de Sotuba. Il avait repoussé deux pénaltys des Bejaouis. Au moment d’évoquer l’anniversaire du succès en Coupe CAF, il n’a pu s’empêcher de pointer l’état actuel du Stade Malien.

«Je suis content et en même temps triste. Parce que le club ne peut pas faire toute cette progression et se retrouver à ce niveau aujourd’hui, regrette Soumaila Coulibaly. On a l’impression que les gens ne s’aiment pas. Y a des malentendus entre supporters, ce n’est pas bon. Je prie Dieu pour que les esprits se retrouvent pour que règne la compréhension entre les différents acteurs.»

En gros, que le club de Bamako retrouve l’esprit de groupe qui faisait sa force du temps de sa splendeur. «Quand je pense au Stade, je me rappelle de la cohésion, l’entente et la solidarité. En plus de ça, il y avait également de l’organisation, se souvient Bakari Coulibaly dit Bako, ancien attaquant du Stade Malien et buteur lors de la finale contre Sétif. Au moment où je venais au Stade, les dirigeants t’accueillaient bien, les supporters également. C’était une grande chose. Ça te permettait d’avoir un bon état d’esprit et te permettait également de te surpasser.»

Il ajoute : «Notre force était la cohésion, on était une même famille. On était un groupe qui se connaissait également parce qu’on se retrouvait par moments en équipe nationale bien avant. On avait également des jeunes qui ont été formés parmi nous. Le manager ne parlait même pas parfois.  Entre nous on se donnait des consignes sur le terrain. Même ceux qui étaient sur le banc, tout le monde était concerné.»

Huit séances hebdomadaires

L’entraîneur de l’équipe à l’époque, Djibril Dramé acquiesce : «Le groupe que j’avais, c’était un groupe ambitieux, qui avait également l’ambition mesurée et caractérisée par les valeurs morales d’un football, notamment la rage de vaincre, la volonté de se surpasser, la détermination et l’abnégation. Surtout, c’étaient des éléments qui avaient l’ambition d’aller loin. Imaginez-vous, on a joué cette campagne aucun joueur n’a reçu un franc comme motivation. Ils étaient tous convaincus qu’en se donnant la main ça peut être cette année ou jamais.»

Djibril Dramé (à droite), coach du Stade Malien, et son adjoint, Bocar Guèye.

Le technicien, qui dirige actuellement les «Onze créateurs de Niarela» poursuit : «On avait un bon discours pour pouvoir les galvaniser à chaque étape afin qu’ils puissent surmonter. On travaillait huit fois par semaine : trois séances matinales et cinq pour les après-midis. Les enfants étaient engagés. Je vous avoue, ça été une réussite totale.»

Le chemin vers le sacre a été long et sinueux. «Je suis a arrivé à la tête d’une équipe, qui était pratiquement treizième sur quatorze en championnat lors de la phase aller. Il fallait redresser cela et, éventuellement, aller en compétition africaine», rembobine Djibril Dramé.

Chronique d’un parcours inédit

Tout a commencé le dimanche 15 mars 2009 au Stade Chedly-Zouiten de Tunis. Face à son homonyme tunisien (Stade tunisien), au premier tour des éliminatoires de la Coupe de la CAF, les Caïmans de Sotuba reviennent à Bamako après avoir contraint leurs adversaires au score nul et vierge (0-0). Trois semaines plus tard, soit le 4 avril, les Blanc de Bamako s’imposent à domicile et se qualifient ainsi pour le tour suivant.

Le samedi 18 avril, le Stade de l’Unité maghrébine de Bejaia accueille JSM Bejaia-Stade Malien. Ce voyage a été émaillé d’événements malheureux : le latéral droit Djibril Sacko a perdu son frère ainé quelques heures avant le départ pour l’Algérie. Il a rejoint ses coéquipiers 24 heures plus tard. En plus des suspensions d’Abdoulaye Aziz Maïga et Cheick Sadibou Touré.  Score finale : 3-1 en faveur des Algériens.

Le suspense le plus long

La manche retour se joue le 2 mai au Stade Modibo-Keita. Handicapés par les absences de Cheick Mohamed Chérif Doumbia et de Boubacar Sylla, tous deux suspendus, les Blanc entament la rencontre de façon timide et peinent à se faire un chemin. Surtout que l’attaquant Emmanuel Umoh, sevré de ballon, se voit souvent obligé de revenir au milieu de terrain pour se servir. À la demi-heure de jeu, l’attaquant camerounais de Bejaia, Yannick Jeng après avoir passé en revue la défense stadiste, rate le face-à-face avec Soumbeyla Diakité.  Le stade Modibo-Keita retient son souffle.

À noter la titularisation pour ce match du jeune (à l’époque) Bourama Coulibaly en lieu et place de Boubacar Sylla. Après la pause, le jeu offensif du Stade, en l’absence d’un véritable métronome, reste toujours poussif. En défense, Cheick Sadibou Touré se chargea de l’anéantissement de toutes les actions des protégés de Jean-Yves Chay, le coach du club algérien.

À un quart d’heure de la fin, Djibril Dramé, le manager du Stade Malien, remplace Sadibou (blessé) par Sadio Baba Cissé. À la 85eme minute de jeu, ce dernier est retenu par le maillot dans la surface de réparation. L’arbitre congolais, Jean Michel Moukoko, désigne le point de penalty. L’expérimenté Umoh Emmanuel trompe le portier bejaoui, Billal Njeukam et remet les deux équipes à égalité sur l’ensemble des deux matchs. Quelques secondes avant la fin du match, le nouvel entrant Moussa Thiam est exclu à la suite d’une faute sur un joueur du Bejaoui.

Au terme d’une interminable série de tirs aux buts, les Blanc de Bamako l’emportent sur le score de 13 à 12. «Le match le plus dur, durant cette campagne, je vous avoue», témoigne Djibril Dramé, manager du Stade Malien de Bamako à l’époque.

Cette qualification permet aux coéquipiers d’Ousmane Bagayoko de jouer le tour de cadrage de la Coupe CAF, pour la première fois de leur histoire. À l’issue du tirage au sort, les blancs héritent de l’Ittihad Zemmouri de Khemisset (IZK) du Maroc avec un match retour à Bamako. Treize jours après la manche retour face à Bejaia, Djibril Dramé et ses protégés affrontent l’IZK au Maroc. Les blancs tiennent les Marocains à domicile (1-1) et remportent le 29 mai 2009, (3-1) le match retour à Bamako.

Phase de poules à rebondissement

Le 18 juillet 2009, le Primeiro d’Agosto d’Angola accroche le Stade Malien (0-0). Après ce match, Umoh Emmanuel, Abouabacar Tambadou, Boubacar Sylla et Adama Touré s’envolent pour d’autres cieux. Deux semaines plus tard, après trois changements d’avions et 150 km de route, Soumbeyla Diakité et ses coéquipiers se retrouvent dans l’état de Bayelsa au Nigeria pour y rencontrer Bayelsa United.

À la suite de problèmes techniques, le match débute en retard. En effet, les arbitres sud-africains désignés pour ce match, n’étant pas sur place, il a fallu recourir à un plan B, c’est-à-dire faire appel au trio arbitral tunisien désigné pour le match de Ligue des champions du lendemain opposant Kano Pillars et Al Hilal du Soudan. Le Stade l’emporte (2-1). Cette victoire sur terrain adverse se révèlera décisive par la suite. Du Nigeria, les hommes du président Mahamadou Samaké dit «Sam Dièman» rallient les bords du Nil pour affronter Haras El Hoddod d’Alexandrie, le 14 août 2009.

Ils concèdent leur premier but sur penalty et un match nul qui leur permettent de revenir à Bamako avec un point. Les deux équipes se retrouvent quinze jours plus tard au stade Modibo-Keita. Une pluie fine arrose la capitale pendant toute la journée. Ce qui ne constitue pas un handicap pour la troupe de Djibril Dramé, qui déroule tout en verrouillant le bastion défensif et finit par s’imposer (2-0).

Samedi 12 septembre 2009, le Stade Malien de Bamako est opposé au Primeiro d’Agosto dans la Citadella de Luanda. Comme à l’aller à Bamako, le nul vierge sanctionne la rencontre.

Le 20 septembre, jour de la fête de l’Aïd El fitr, au stade Modibo-Keita et sous la direction de l’arbitre camerounais Evehe Divine, les Blanc reçoivent Bayelsa United. Ils concèdent leur première défaite à domicile (0-1). «Ce match  a été la tâche noire de notre parcours», dixit Djibril Dramé.

Malgré cette défaite, Soumbeyla Diakité et compagnie terminent en tête du groupe grâce au goal différence particulier et obtiennent le droit de disputer le match retour des demi-finales à domicile.

Le 4 octobre au Caire face aux Pétroliers (ENPPI) de la même localité, Ousmane Bagayoko ouvre le score pour la Stade Malien à la suite d’un joli une-deux avec son compère Bakary Coulibaly dit Bako. Quelques minutes plus tard, les Égyptiens égalise sur un pénalty consécutif à une faute de Cheick Sadibou Touré sur un attaquant adverse.

En seconde mi-temps, les Blanc ne tiennent pas face à la furia égyptienne et encaissent un deuxième but. Ce but a pour effet de fouetter l’orgueil des Stadistes qui reprennent la direction des opérations. En fin de match, sur une action du duo Bagayoko-Bako, ce dernier envoie un missile et marque dans un angle fermé.  À 2-2, les poulains de Djibril Dramé font une bonne partie du chemin vers la finale.

La manche retour se joue le 16 octobre à 19h (GMT). Huit minutes après le coup de sifflet de l’arbitre zambien Wellington Kaoma, les Pétroliers du Caire ouvrent le score d’une jolie frappe de 25 mètres. À la 15e minute, réponse du berger à la bergère. Des 25 mètres aussi, Bako décoche un missile qui permet aux Maliens de revenir à 1-1. Ousmane Bagayoko puis Bako donnent l’avantage au Stade. Après la réduction du score égyptienne, signée l’Ivoirien Zeka Gore Patrice, les hommes de Djibril Dramé scellent le score à 4-2 grâce à Ousmane Bagayoko.

Le jour de la consécration

Les Blanc compostent ainsi leur ticket pour leur première finale de Coupe CAF et leur deuxième finale continentale, après celle de 1965 en Coupe des clubs champions (ancêtre de la Ligue des champions).

La finale aller se joua au stade du 8-Mai 1945 à Setif, le 29 novembre 2009. Pour la troisième fois de la compétition, Soumbeyla Diakité encaisse un but sur penalty. S’il réussit à bloquer la première tentative de Ziayia, ce dernier se montre plus affuté que les défenseurs du Stade en marquant au bout d’un quart d’heure de jeu. En fin de partie (80e), le même Ziayia signe un doublé avant de se faire exclure pour cumul de cartons.

Le 5 décembre 2009, finale retour. Le Président malien, Amadou Toumani, qui avait promis d’être dans les gradins, est dans la loge officielle. La promesse du chef d’État tenue, il reste à  Bako de tenir la sienne : un but et le trophée. La suite est connue : ce dernier, avec Ousmane Bagayoko, marque, le Stade égalise (2-2) sur l’ensemble des deux matches et remporte la finale au bout e la séance des tirs au but (3-2).

L’affaires des primes

Deux faits ont marqué le parcours du Stade Malien de Bamako. À la veille du voyage pour le match de Bayelsa au Nigeria, les joueurs entrent en rébellion en réclamant des primes. En pompier, le président du club se rend de toute urgence à l’hôtel des joueurs pour éteindre l’incident. Il leur dit : «Vous avez devant vous l’occasion de rentrer dans l’histoire, et aujourd’hui les dirigeants n’ont pas un sous à vous donner avant la fin de la compétition. Les ristournes de la qualification ne tomberont qu’après. Si vous refusez de jouer, le tribunal de l’histoire vous jugera.»

Après concertation, les joueurs acceptent d’effectuer le voyage et réalisent d’ailleurs leur première victoire à l’extérieur (2-1).

Le deuxième fait marquant est cette présence inopinée du Président Amadou Toumani Touré à l’entraînement du Stade Malien, la veille de la finale. «On avait rencontré le Président de l’Assemblée nationale, Dioncouda Traoré, après la qualification en demi-finale mais pas le président de la République. La veille de la manche retour de la finale, le chef de l’État est venu mais d’abord il avait envoyé l’avion présidentiel nous chercher à Alger», rembobine Bako.

Drissa NIONO

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