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Théophile Abega : «Docteur ès football»

En dépit de son décès le 15 novembre 2012 des suites d'un malaise cardiaque, à 58 ans, l’histoire de la légende camerounaise et ses dribbles ahurissants continuent d’être contée.

De notre correspondant au Cameroun,

Théophile Abéga sous le maillot des Lions indomptables.
Théophile Abéga

Il était l’un des plus grands footballeurs de sa génération en Afrique. Le meilleur du continent en 1984 et une légende au Cameroun. Théophile Abega était une merveille sur le terrain. Tout bon observateur du jeu sait qu’il faisait partie de ces joueurs qui savaient tout faire avec un ballon. Généralement campé au milieu du terrain, il dirigeait la manœuvre, orientait le jeu, donnait le tournis à ses adversaires, offrait des balles de but et n’hésitait pas à en marquer lui-même. Souvent par des frappes chirurgicales dont lui seul avait le secret. Un virtuose devenu chef d’orchestre avec le temps.

Bien qu’elles soient éternelles, les légendes finissent par s’éteindre. Et le destin a voulu que celui qui se faisait appelé «Docteur» décède un 15 novembre 2012, à 58 ans, après un malaise cardiaque. Le drame est survenu à Yaoundé, la ville où il a peaufiné sa carrière, là où il a montré au monde entier que le football était fait pour les artistes. «Il fait partie de ces joueurs dont les légendes ont guidé mes pas et mes envies. Mettre le brassard qu’il a fièrement porté est aujourd’hui plus qu’un honneur pour moi, et sa disparition est une tragédie pour le football», avait réagi Samuel Eto’o à l’époque.

La révélation au Canon de Yaoundé

Né le 9 juillet 1954 à Nkomo, l’un des quartiers pauvres de Yaoundé, Théophile Abéga est tombé dans le chaudron du stade Ahmadou Ahidjo très jeune. A peine recruté au Canon Sportif de Yaoundé, il livre son premier match lors de la finale de la Coupe du Cameroun en 1977. Sur le banc au coup d’envoi, c'est lui qui offre la victoire aux siens lors des prolongations. C’est le début d’une longue histoire avec le club mythique de Mvog-Ada.

Théophile Abéga devient vite titulaire et capitaine des «Mekok Mengonda». Avec les Rouge et Vert, il enchaîne les trophées aux plans national et continental. Il remporte le championnat national 4 fois (1977, 1979, 1980 et 1982) et une Coupe d’Afrique des vainqueurs de coupe (1979). Mais aussi deux Coupes des clubs champions africains (1978 et 1980) respectivement devant Hafia Conakry de la Guinée et l’AS Bilima de la RD Congo.

Distinctions

Déjà doté d’une belle renommée dans la capitale camerounaise, Théophile Abega intègre la sélection nationale. Il en deviendra le capitaine et leader de la première génération dorée des Lions indomptables qui terminent invaincus lors du Mondial 1982 en Espagne. Deux ans plus tard, le meilleur joueur camerounais des années 1982 et 1983 offre le premier titre de champion d’Afrique à son pays (CAN 1984). Il est élu meilleur joueur du tournoi, avant de remporter la même année le Ballon d’Or qui récompense le meilleur joueur du continent. Son leadership et ses performances éclatantes lui ouvrent les portes de l’Hexagone.

L’homme aux 37 sélections avec le Cameroun débarque à Toulouse (France) au lendemain de cette CAN victorieuse. Il dispute 22 matchs et inscrit 3 buts toutes compétitions avec le Téfécé. Puis, il s’envole pour Vevey en Suisse (1895-1987). Cette fois, son séjour ne se déroule pas comme il l’aurait espéré. Malgré les 41 matchs disputés et les 6 buts inscrits, une crise interne au club et une opération du genou le poussent à mettre un terme à sa carrière.

Du football à la politique

De retour dans son Cameroun natal, il devient en 1989, président du Canon Sportif de Yaoundé. Figure emblématique de la ville, il est coopté par les caciques du parti au pouvoir, le Rassemblement démocratique du peuple camerounais. De fil en aiguille, Théophile Abéga tisse de solides relations dans le champ politique. Les cadres du parti contribuent d’abord à faire de lui l’adjoint au maire de la commune de Yaoundé IV (1996-2002). Cinq ans plus tard, le voilà élu maire de la même commune. Poste qu’il va occuper jusqu’à son décès… cinq ans après.

Kigoum WANDJI

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