En 1992, la formation burundaise de Vital’o est allée jusqu’en finale de la Coupe des vainqueurs de coupes. Une première pour un club burundais. Flashback.
De notre correspondant au Burundi
Vital'o n'a pas usurpé son statut de club le plus populaire de Burundi. L'équipe a réalisé ce qu'aucune équipe burundaise n'a réalisé jusque-là : atteindre la finale de la Coupe d'Afrique des vainqueurs de coupe. C'était en 1992. Pour réaliser cette performance, Vital’o a signé un parcours élogieux. Il a en effet éliminé au premier tour BTM Antananarivo de Madagascar aux tirs aux buts (4-3). Après le match aller et le match retour, les deux formations étaient à égalité 2-2.
En huitièmes de finale, Vital’o a éliminé par forfait Power Dynamos de la Zambie et, en quarts de finale, les Mauve et Blanc n’ont pas tremblé face à ASDR Fatima de Centrafrique (0-0, 2-1). En demi-finale, Vital’o s’incline au match aller face à Al Merreikh Omdurman (1-0). Au match retour la formation burundaise a fait un très bon match et s’est imposée 4-2. Pour la première fois de l’histoire du Burundi, un club de football venait de valider son billet pour la finale d'une coupe africaine.
À l'époque, la Der de la compétition se jouait en aller et retour. Les Burundais devaient recevoir les Ivoiriens de l'Africa Sports d'Abidjan pour la première manche avant de se rendre en Côte d'Ivoire pour la seconde.
Les nombreux supporters de Vital'o ainsi que les amateurs du ballon rond attendaient impatiemment la finale 1. À 11 heures, quatre heures avant le début du match, le stade Prince-Louis-Rwagasore de Bujumbura était fermé. Toutes les 10 000 places étaient déjà occupées. Le président de la République d’alors, feu Pierre Buyoya, était de la partie. Il était présent dans la tribune d’honneur pour soutenir les Mauve et Blanc.
Trente ans après, Patrick Sota, actuellement journaliste, se souvient de ce jour comme si c’était hier. Il rembobine : « Je n’ai pas dormi toute la nuit. Je ne pensais qu’à ce match. A 8 heures, j’étais au stade. Je voulais occuper une bonne place. Assister à une finale africaine n’arrive pas souvent. Franchement je n’oublierai jamais ce moment. »
Vital’o a entamé le match de la plus belle des manières à la satisfaction de ses supporters. Sans complexe face à la redoutable équipe de l’Africa Sports d’Adidjan, les joueurs de l’Algérien Rashid Sheradi, coach de Vital’o, ont donné du fil à retordre aux Ivoiriens. Le capitaine, Jean-Marie Mbuyi, a d’ailleurs profité de cette domination pour ouvrir le score.
En seconde partie, les Ivoiriens se sont réveillés et ont égalisé vers la fin du match par l’intermédiaire de Serge Alain Maguy. Malgré ce match nul, les supporters de Vital’o n’étaient pas du tout déçus.
En match retour de cette finale, le 6 décembre 1992, Vital’o n’a pas existé. Ils ont été sévèrement battus (4-0) devant 40 000 supporters.
Cette défaite est restée en travers de la gorge du président de Vital’o de l’époque, Grégoire Muramira. « On a été trahis par notre coach, dénonce-t-il pour SNA. Il avait signé à notre insu, un contrat de deux ans avec nos adversaires pour être leur entraîneur la saison suivante. Nous l’avons su après cette finale perdue. Il est resté à Abidjan. C’était la fin de la collaboration avec Sheradi, un très bon coach. »
Patrick Sota, lui, met en avant la différence de niveaux entre les deux équipes. « Globalement, Africa Sports était plus forte que Vital’o. Les joueurs comme Sékou Bamba, Serge Alain Maguy, Okolosi Gabriel et autres étaient d’un niveau supérieur à nos joueurs. Il était clair que notre équipe allait avoir des difficultés à Abidjan. Je voyais qu’on allait perdre, mais pas quand même par un 4-0. »
Vital’o a perdu cette finale, mais elle a quand même écrit une belle page de l’histoire du football burundais à l’encre indélébile.
Désiré HATUNGIMANA