Meilleure nation des derniers championnats d’Afrique de la zone II, le Sénégal accueille du 8 au 12 mars le tournoi de boxe ouest africain. Malgré un rajeunissement de ses combattants, le pays hôte reste motivé à conserver son trône. Mais ce sont des ambitions encore plus élevées que nourrissent les dirigeants de la boxe sénégalaise avec en toile de fond, les JO de Paris et de Los Angeles mais surtout, les Jeux olympiques de la jeunesse prévus à Dakar en 2026.
De notre correspondant au Sénégal,
Le Sénégal compte bien confirmer sa domination dans la boxe en Afrique de l’Ouest après sa belle participation en 2022 en Sierra. Les combattants sénégalais avaient fait une razzia de 17 médailles dont 11 en or sur 19 catégories. Pour cette édition 2023, à domicile, l’équipe du Sénégal aura fort à faire face à des sélections comme celle du Cap-Vert, du Mali. Et surtout de la Guinée, présente en force lors des finales samedi 11 et dimanche 12 mars. Le pays hôte vise en effet la moitié des titres et se projette déjà sur des échéances majeures avec une relève à fort potentiel.
Interrogé par SNA sur les ambitions du Sénégal à domicile après la razzia lors de la dernière édition, l’entraîneur national ne se défile pas. «On veut conserver le titre de meilleure nation de boxe de la zone II, assène le coach national Bollé Guèye. Nous avions prévu que ce serait plus difficile qu’en 2022. Il n’y a qu’à voir les boxeurs des autres pays. Ce sont quasiment tous des expatriés ou des boxeurs qui se sont préparés en France. De nôtre côté, on a que des locaux et nous n’avons pas quitté le Sénégal pour préparer ce rendez-vous. Nous sommes l’adversaire à battre donc c’est tout à fait normal. On va défendre chèrement notre peau et remporter de nouveau ces championnats », a-t-il assuré.
Bien qu’elle n’ait pas eu l’opportunité de s’expatrier en vue de cette compétition, l’équipe du Sénégal s’est donnée les moyens pour conserver son hégémonie sous-régionale. «Depuis deux mois nous sommes en regroupement pour faire des présélections, révèle-t-il. On a d’abord choisi les deux meilleurs dans chaque catégorie. À la fin de ce stage externe, on a gardé le meilleur de chaque catégorie avec lesquels nous avons cette fois-ci été en regroupement interne. On a eu quelques éliminations surprenantes mais nous sommes confiants pour les finales ce week-end», a ajouté l’entraîneur sénégalais.
Les finales des championnats d’Afrique de boxe de la zone II sont prévues samedi et dimanche en fin de journée au niveau du Centre des Expositions de Diamniadio. A une trentaine de kilomètres de Dakar. Alors qu’il n’y a que 12 catégories inscrites pour cette édition contre 19 en 2022 en Sierra Leone, les locaux comptent bien se tailler la part du lion. Après les trois premiers jours de compétition, mercredi, jeudi et vendredi, l’équipe nationale du Sénégal de boxe se présente en finale dans 8 des 12 catégories dont les deux seules féminines avec Diéynabou Diallo et Mariétou Diallo. Deux combattantes ont pris part aux Championnats du monde féminins 2022 à Istanbul (Turquie).
Pape Mamadou Sow en -54 KG, Cheikh Tidiane Diop (-67 KG), Alphonse Junior Mendy chez les moins de 75 KG et Mouhamed Tafsir Bâ dans la catégorie des Cruser Weight (-86 KG). Ils tenteront ce samedi 11 mars d’ouvrir le compteur de titres du Sénégal. Dimanche 12 mars, pour la journée de clôture de ces championnats d’Afrique de boxe de la zone II, 4 autres finales verront des combattants sénégalais sur le ring. Avec notamment Diéynabou Diallo et Mariétou Diallo respectivement en -54 KG et -70 KG chez les dames. Ainsi que Abdourahmane Ndiaye (-57 KG) et Karamba Kébé (-92 KG) chez les hommes.
Avec une vingtaine de combattants au départ, l’équipe du Sénégal de boxe a perdu quelques éléments en cours de parcours. Pas de quoi jouer les petits bras selon l’entraîneur national. «Nous visons la moitié des 12 titres en jeu dans ces championnats. Pour nous c’est cela des championnats réussis cette année», a confié Coach Bollé Guèye.
Du côté du Président de la ligue professionnelle de boxe, «un bon tournoi sera de voir de la belle boxe » du côté des combattants sénégalais, soutient Souleymane Mbaye. Pour l’ancien boxeur franco-sénégalais, les yeux sont rivés sur les prochaines olympiades.
Le Sénégal a entamé un renouvellement générationnel assumé par les dirigeants de la boxe. Dans les plans de la Fédération sénégalaise de boxe, l’organisation de ces championnats participe au développement du boxeur sénégalais avec l’objectif de décrocher une médaille olympique, rien que ça. «On se concentre plus sur l’évolution. Au-delà de la moisson de médailles qui nous a fait du bien l’année dernière, on regarde la performance des athlètes. Ce que l’on veut vraiment, c’est ramener une médaille olympique», soutient Souleymane Mbaye à Sport News Africa.
Il poursuit : «S’il faut reculer pour mieux sauter, s’il faut perdre pour mieux apprendre, on le fera. Aujourd’hui les anciens sont partis, et nous avons une nouvelle équipe qui manque parfois d’expérience dans la gestion des rounds mais qui montre du potentiel, de l’envie. C’est cela qu’il faut regarder pour re dynamiser la boxe sénégalaise», a insisté l’ex champion du monde chez les poids Welters et les super-légers. Cette jeune équipe semble selon lui sur la bonne voie. «L’expérience vient avec ce genre de compétitions, les championnats d’Afrique… Ça leur permet d’apprendre à appréhender le jour j. Le jour j c’est d’aller à Paris et de ramener une médaille», a-t-il révélé.
De grosses ambitions qui passent par multiplier les compétitions pour ces jeunes combattants. La Fédération sénégalaise de boxe s’y attelle depuis depuis son arrivée en juin 2021. «Il est évident que cette nouvelle équipe manque de compétition. C’est d’ailleurs ce qui nous a poussé avec la Fédération à organiser ces championnats pour leur donner ce rythme, ce stress de la compétition. Ce stress n’est pas évident à gérer surtout qu’aujourd’hui ils boxent au Sénégal, devant leurs familles. Ça leur permet de s’aguerrir et cela nous donne de l’espoir car le potentiel est là », a expliqué Souleymane Mbaye.
À un peu plus de trois ans des premiers Jeux olympiques de la jeunesse sur le sol africain, les dirigeants de la boxe sont déterminés à se servir de cet événement à domicile pour bâtir une élite sénégalaise dans cette quête de médaille aux JO. «Il ne faut pas être prêt aujourd’hui, mais le jour j. On travaille déjà avec les jeunes pour les JOJ Dakar 2026. En 2028, on aura une nation forte et j’espère que d’autres pays africains suivront pour montrer qu’aujourd’hui l’Afrique a vraiment un grand potentiel », a conclu Souleymane Mbaye.
Moustapha M. SADIO