Marcella Sakobi est devenue la première boxeuse de la RDC à remporter une médaille d'or aux championnats d'Afrique. Ça s'est passé en 2017 à Brazzaville. Cette médaille a été le fruit d'une grande détermination malgré des conditions difficiles de préparation.
L'année 2017 a marqué le début d'une nouvelle ère pour la boxe congolaise sur la scène continentale. L'hymne national de la RDC a retenti pour la première fois aux championnats d'Afrique des nations. Grâce à la gracieuse Marcella Sakobi. Elle devient à Brazzaville la première boxeuse congolaise à remporter une médaille d'Or africaine. Et cela, deux ans seulement après ses débuts dans le noble art. Un exploit monumental. «C'était ma première participation à une compétition au niveau continental. Je ne connaissais d’ailleurs vraiment pas très bien toutes les techniques. Sur place j'avais rencontré des adversaires très aguerries notamment une Sénégalaise et une Algérienne. Mais j’étais déterminée à aller jusqu'au bout en remportant la finale contre une Nigériane» se remémore la boxeuse.
Marcella Sakobi a été découverte par le coach de Junior Makabu, Charles Kisolokele. Ce dernier l'a initiée à la pratique de la boxe. Il l'a ensuite encadrée jusqu'en équipe nationale. Et pour sa première sortie au niveau continentale, Charles Kisolokele, membre du staff technique de la RDC, lui a été d'un grand apport, comblant son inexpérience. «Lors du combat de la finale, j'ai même failli abandonner. J'ai dit à mon coach Charles Kisolokele que je n'en pouvais plus. Il m'a giflé pour me motiver et j'ai gagné la finale. Le coach Kisolokele m'a été d'un apport très important. Il connaissait tous mes caprices, mes forces et mes faiblesses car il était déjà mon coach en club. C'est grâce à lui que j'ai pu réaliser cette performance», a-t-elle indiqué.
Outre son inexpérience, Marcella Sakobi avait un autre handicap par rapport à ses adversaires. C'était son poids qui était inférieur. Un poids à la limite de l'acceptable pour la catégorie des légers. «En 2017 je pesais à peine 57 kg. C'était souvent moins que ça, donc à la limite de l'acceptable pour la catégorie dans laquelle j'étais inscrite (-60 kg). Ce déficit du poids m'avait encore rendu la tâche difficile parce que je ne pouvais pas m'entraîner normalement de peur de perdre encore du poids et être disqualifiée. Je ne courrais pas beaucoup et à chaque fois que j'allais à la pesée je buvais beaucoup d'eau. Par contre, mes adversaires elles, avaient leurs poids corrects et j'avais souvent peur des combats. C'était vraiment compliqué »a-t-elle déclaré.
Ce titre remporté par Marcella Sakobi a été le fruit des beaucoup de sacrifices car elle ne correspondait pas à la qualité de la préparation passée à Kinshasa, qui laissait à désirer. «À l'époque l'organisation de la Fédération n'était pas très bonne. C'était difficile de bien se préparer. Pas de stage fermé, chacun restait chez lui à la maison. On nous avait réunis juste à la veille du voyage pour Brazzaville. Ce titre gagné a été le fruit de beaucoup de sacrifices et aussi celui de la chance. Je pense que c'était juste mon année» s'est-elle confiée.
Malgré sa médaille d'or gagnée à Brazzaville, Marcella Sakobi n'a malheureusement pas reçu les honneurs à la hauteur de son exploit. «Quand nous sommes revenus à Kinshasa, nous avons été reçus par le ministre des sports de l'époque, Papy Nyango. Une semaine plus tard, c'est le premier ministre qui nous avait reçus et il ne nous avait remis que 300 dollars (295 euros). Nous n'avons même pas reçu de frais de mission malgré tous les efforts fournis avec les médailles remportées notamment ma médaille d'or, la première de l'histoire de la RDC. C'était décevant en tout cas» regrette la boxeuse.
Aujourd’hui, Marcella Sakobi n’évolue plus dans la catégorie des poids légers. Elle est désormais chez les plumes où elle est vice-championne d’Afrique après avoir perdu la finale des derniers championnats d’Afrique à Maputo où deux autres boxeurs Pita Kabeji (-80 kg) et David Tshama (-75 kg), ont offert à la RDC deux nouvelles médailles d’or. A jamais Marcella Sakobi restera la pionnière.
Jonathan MASIALA