L’African Surfing Confederation (ASC) procède ce dimanche 23 avril à sa 2ème assemblée générale élective. Créée en 2017, l’instance dirigeante du surf continental peine à se frayer une place dans le concert international et à dynamiser la discipline en Afrique. Entre autres constats qui ont poussé El Hadji Oumar Sèye à se positionner pour diriger l’ASC.
Surnommé Black Surfer pour avoir été le premier noir africain passé professionnel dans le monde du surf, Oumar Sèye a ouvert la voie aux surfeurs du continent noir. Né en 1978 à Ngor, un village lébou bordé par l’Océan, Oumar Sèye découvre et tombe vite amoureux du surf. «Mon oncle a été l’un des premiers à lancer un cabanon de surf-restauration sur la corniche des Almadies, renseigne Oumar Sèye. Plus jeune, je partais l’aider à vendre de la boisson et des sandwichs à son établissement. C’est ainsi que j’ai découvert le surf. Je me suis accroché sans m’en rendre compte à mon destin», a révélé M. Sèye, interrogé par Sport News Africa.
En 1998, il a l’opportunité de partir en France pour une compétition. Il signe dans la foulée avec la célèbre marque Rusty, devenant du coup le premier africain noir à passer professionnel (1999-2008). Vingt cinq ans de carrière professionnelle où El Hadj Oumar Sèye se frotte aux meilleurs surfeurs de la planète et collabore avec les plus grandes marques comme Salomon (2008-2010) et encore Rip Curl (2010-2020). Durant ce quart de siècle, il parcourt le tour du globe à la recherche des meilleurs spots et des vagues les plus impressionnantes. Une expérience qu’il ne tarde pas à transmettre, étant même en activité.
Vice-président de la Fédération sénégalaise de surf depuis 12 ans, El Hadj Oumar Sèye contribue activement à faire émerger la discipline au Sénégal. Il fonde d’abord Black Surf, un groupe qui existe depuis 15 ans et qui organise la plupart des événements de surf au Sénégal comme Africa Tour ou encore le WQS Sénégal Pro. Ce couteau suisse a eu la brillante idée d’intégrer à son organisation Surfer Paradise Sénégal, un complexe comprenant un restaurant, une école de surf, une académie, un club de surf, une salle de gym et un surf camp où «on peut préparer n’importe quel athlète pour devenir un top surfer mondial», s’est-il fendu.
Multitâche ? C’est peu de le dire. Dans sa volonté de transférer ses compétences, Oumar Sèye, expert en surf pour les marques Hurley, Rip Curl et 69 SLAM, décroche en 2021 son diplôme de formateur de moniteurs de surf à la Fédération française de surf. Un moyen plus efficace de réussir l’expansion du surf au Sénégal. Aujourd’hui en plus de sa casquette de Fédéral, il est aussi entraîneur de l’équipe du Sénégal de surf.
En 2017, c’est sous son impulsion qu’est née la confédération africaine de surf avec l’élection du marocain Kadmiri. «À l’international, on parlait du surf américain, australien mais jamais du surf africain alors que les sud-africains font partie des leaders mondiaux dans le surf. Je me suis qu’il faut qu’on crée la confédération africaine de surf si on veut se faire entendre et respecter. J’ai démarché les pays forts comme l’Afrique du Sud, le Maroc, le Cap-Vert pour sa création», a renseigné Oumar Sèye.
Après 6 années d’existence, l’ASC est loin d’avoir réussi son expansion à l’instar des championnats d’Afrique 2023 au Maroc où seuls 7 pays ont pris part sur les 29 affiliés. Oumar Sèye espère convaincre avec un programme axé sur un tour continental dynamique. «Je compte réunir tous les surfeurs africains pour qu’ils gagnent leur vie en Afrique. Réunir les encadreurs pour qu’ils soient diplômés en Afrique. Les surfeurs africains sont confrontés aux problèmes de moyens et aux difficultés de visa. Que les surfeurs africains arrêtent de rêver et sachent qu’ils peuvent réussir en Afrique à travers l’Africa Tour, la coupe d’Afrique et les championnats d’Afrique», insiste-t-il.
Oumar Sèye compte créer une forte Team Afrique qui se frottera aux Teams Amérique, Europe, Australie. Mais le point avant-gardiste de son programme reste le surf scolaire et le développement durable. «Je compte installer le surf à l’école en Afrique et la culture du développement durable. L’Afrique a de belles plages, le littoral est magnifique mais il est pollué. Initier les gens au recyclage. Et enfin, promouvoir le surf pour prévenir et réduire les noyades car si on sait surfer, on sait nager», a expliqué Oumar Sèye.
Cependant, rien n’est encore fait pour une victoire à domicile de El Hadj Oumar Sèye ce dimanche. Même si des tractations sont en cours pour un consensus autour de la candidature sénégalaise après un accord tacite lors des derniers championnats d’Afrique, il devra affronter le président sortant, le Marocain Kadmiri et le Sud-africain Bakker, président de la Fédération sud-africaine de surf et également vice-président de la l’African Surfing Confederation.
Moustapha M. SADIO