Prescovia Peace est une icône du netball en Ouganda. Capitaine emblématique des She Cranes, elle est la première africaine à évoluer en Angleterre. Elle était loin de s'imaginer qu'elle attiendrait un tel niveau. Plus qu’une discipline, le netball a été un réconfort pour Peace. Elle a traversé des moments sombres pour vivre sa passion. La joueuse de 32 ans a été même empoisonnée.
L’équipe ougandaise de netball disputera trois matches amicaux contre l’Angleterre en vue de la Coupe du monde féminine, prévue l’année prochaine en Afrique du Sud. L’Ouganda est le n°2 du continent de la discipline derrière les Sud-Africaines. Les She Cranes sont d’ailleurs 6e mondial. Cette ascension fulgurante porte un nom : Prescovia Peace.
La capitaine de l’équipe ougandaise est une icône dans son pays. Mais derrière son succès se cache une histoire douloureuse. La joueuse de 32 ans s’est lancée dans ce sport pour échapper aux mariages et grossesses précoces. « J'en ai été témoin de mes propres yeux à ce stade, je craignais pour ma vie, mais ce qui m'a permis de m'en sortir, c'est la détermination. Même maintenant, la grossesse chez les adolescentes en Ouganda est à son apogée. Cela me montre que la plupart d'entre elles ne voient aucun avenir devant elles et qu'elles sont contraintes à des situations comme celle-ci », confie t-elle à BBC Sport Africa.
Ses débuts dans le netball ont été très difficiles. Son père y été formellement opposé. Mais Prescovia Peace va braver l’autorité de son père pour vivre sa passion. C’est ainsi qu’elle se rendra à Kampala, la capitale ougandaise. Les moyens manquaient toutefois pour qu’elle puisse pratiquer le netball convenablement.
« Les situations dans lesquelles nous nous sommes entraînés étaient horribles et nous n'avons jamais eu un bon netball. Nous avons fabriqué des netballs avec des sacs à provisions, et nous sommes allés dans la forêt pour obtenir des bâtons à implanter comme poteau, avant d'y attacher une corde », révèle t-elle. Elle ajoute : « Et tout cet entraînement que nous faisions, il n'y avait pas de chaussures. Si vous regardez ma jambe, vous verrez tant de cicatrices. Chaque fois que les gens demandent pourquoi j'ai tant de cicatrices, je leur dis que chaque cicatrice peut raconter une grande histoire. C'est ce qui m'a fait. »
Lee pire restait toutefois à venir. Prescovia Peace a failli perdre la vie. Elle a été empoisonnée. L'Ougandaise détaille : « Un étranger m'a donné un morceau de bonbon, et quand quelqu'un vous donne quelque chose, vous l'acceptez. Vous pensez juste que c'est un voyageur normal. Alors quand je l'ai mangé, c'est à ce moment-là que j'ai commencé à avoir du sang et que mon ventre me faisait mal. Il y a eu des cas comme ça dans le passé où quelqu'un donnait du poison à quelqu'un au hasard, par malveillance. Quelques enfants sont morts. J'ai survécu. Comment j'ai fait ça, je ne sais pas. Je me suis évanouie parce que j'ai perdu beaucoup de sang. Une amie est venue m'aider et m'a emmenée à l'hôpital, et c'est comme ça que j'ai survécu, grâce à elle, pas à moi. »
Après sa convalescence, Peace s'est imposée comme l'une des meilleures tireuses au monde. Elle est devenue la première Africaine à jouer dans la Super League britannique. Elle a rejoint Loughborough Lightning en 2015. Grâce au netball, elle a pu construire une maison à son père. « Le netball m'a donné ce que l'argent n'achèterait jamais. Vous ne le voyez peut-être pas sous des formes matérielles, mais les choses qu'il a faites ; vous donner une éducation, vous faire explorer, vous donner une famille, vous donner les moyens d'être la voix des sans-voix. sont quelques-unes des plus grandes réalisations que l'argent ne peut pas acheter », conclut-elle.