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1995, le Burundi dispute son unique finale continentale en pleine crise politique

A priori, les choses se présentaient plutôt mal pour la sélection burundaise, puisqu’elle s’est retrouvée dans le groupe B de la CAN U20 disputé au Nigeria, en compagnie du Cameroun, du Sénégal et de l’Ile Maurice. Personne n’imaginait donc que ce petit pays d’Afrique de l’est pouvait se qualifier pour le tour suivant. Et pourtant, les juniors entraînés par Baudouin Ribakare l’ont fait. Contre toute attente, ils ont même atteint la finale.

De notre correspondant au Burundi

Arezki Remmane
Les joueurs du Burundi qui ont atteint la finale de la CAN U20 en 1995

Le Burundi a entamé cette 9ème édition de la CAN U20 avec timidité. Pour son baptême du feu, il s’est incliné face aux Lionceaux du Cameroun (0-1). Cette défaite devant le Cameroun n’a pas démoralisé les joueurs de Ribakare. Au contraire, en perdant sur la plus petite des marques, ils ont vu qu’ils pouvaient faire mieux dans les autres rencontres.

Face à l’Ile Maurice, les Hirondelles Juniors s’imposent (2-1). Le troisième match contre le Sénégal était capital pour la suite de la compétition. Un match nul suffisait pour que le Burundi atteigne les demi-finales. Déterminés pour arriver à cette étape de la compétition, les jeunes burundais y arrivent en décrochant un match nul d’un but partout contre les Lionceaux de la Téranga, d’un certain Salif Diao et Tony Sylva, futurs cadres de la talentueuse génération 2002 des Lions qui sera vice-championne d’Afrique et quart de finaliste du Mondial.

Le Mali écrasé en demi-finale

Après ces matchs de groupe, c’est en toute confiance que le Burundi affronte le Mali en demi-finales. Le Mali qui avait pourtant terminé premier de son groupe devant le Nigéria, pays hôte, était un vrai test pour le Burundi. Le tacticien Baudouin Ribakare, un coach redouté pour sa rigueur, ne change pas son équipe. Ses joueurs respectent ses consignes à la lettre et s’imposent par 3-0. Ces buts ont été marqués par Rukundo Banza, Masoudi Juma et Wilondja.

Le petit poucet surprend donc son monde et arrive en finale de cette 9ème édition. Les jeunes burundais s’apprêtent à affronter, le 8 février 1995, le Cameroun qui les avait battus (1-0) à la phase des poules. Favori pour cette finale, c’est pourtant le Burundi qui entame très bien ce match. Fréddy Ndayishimiye et Masoudi Juma touchent tour à tour le montant des bois camerounais.

«Les Burundais se retrouvaient les yeux fermés»

La peur s’installe dans le camp camérounais, mais c’était très tôt pour espérer la victoire. Les joueurs de Jean Manga Onguené dont la grande majorité provenait de l’Ecole de football brasserie du Cameroun (Gérémi Njitap, Joseph Marie Tchango, Pierre Womé, Basile Essa Mvomo et le capitaine Augustine Simo) se sont réveillés et ont remis les Burundais à leur place. Le Cameroun remporte finalement cette finale sur un score lourd de 4-0. Grâce à cette deuxième place, le Burundi obtient son billet pour la phase finale de la coupe du monde.

Théodore Ntunga, journaliste sportif, qui avait accompagné l’équipe au Nigeria, indique à SNA qu’il sera très difficile de revoir au Burundi une aussi talentueuse génération. « Ils étaient jeunes, talentueux et solidaires. Ils provenaient de trois clubs. Prince Louis avec le plus grand nombre de joueurs, Vital’o et Maniema Fantasique. Ils ont passé six mois ensemble. Sur le terrain , ils se retrouvaient les yeux fermés. C’était vraiment une génération dorée. Je n’ai pas été surpris quand ils ont atteint la finale », se rappelle ce vieux loup de la presse sportive burundaise.

«Ces garçons dormaient et mangeaient ensemble pendant six mois»

Alphonse Rugambarara, ministre de la Jeunesse et des sports de l’époque, indique que le résultat de ces jeunes n’était pas le fruit du hasard. « Nous avons choisi un coach très expérimenté en la personne de Baudouin Ribakare pour diriger cette équipe. Nous lui avons donné tout le nécessaire pour qu’il accomplisse correctement son travail. On a mis ces garçons ensemble. Ils dormaient et mangeaient ensemble pendant une période de six mois au campus Kiriri (à 5km de la ville de Bujumbura) dans un endroit calme pour que rien ne les perturbe» se remémore le dirigeant.

«Ces jeunes représentaient la nation burundaise toute entière»

«Nous étions dans une période de crise politique mais tous les politiciens étaient unanimes que le sport, en particulier le football, pouvait réconcilier les Burundais. Il n’était pas difficile alors de débloquer les moyens pour soutenir ces jeunes car la politique du gouvernement de transition était d’encadrer les jeunes par le sport. Ces jeunes de l’équipe nationale représentait le modèle pour les autres. Quand ils jouaient, ils représentaient la nation burundaise toute entière et non telle ou telle ethnie », se souvient cet ancien ministre.

Le Burundi écrasé par l’Espagne de Raul au Mondial

Quelques mois après cet exploit continental, le Burundi disputera sa première Coupe du monde. Il se trouve dans le groupe B, composé de l’Espagne, du Japon et du Chili. Baudouin Ribakare garde presque les mêmes joueurs utilisés pendant la CAN. La nouvelle aventure du Burundi commence le 13 avril 1995 à Doha à Al-Ahly Stadium. Les Hirondelles Juniors ne résistent pas face aux coéquipiers de Raul. Ils sont battus 5-1. Le seul but burundais a été marqué par Freddy Ndayishimiye.

Au second match, le Burundi fait match nul contre le Chili (1-1). C’est Blaise Butunungu qui marque le but égalisateur. Le 16 avril 2015, l’aventure du Burundi s’achève sur une défaite face au Japon 0-2.

Depuis lors, aucune équipe burundaise toute catégorie confondue ne s’est jamais qualifiée pour une coupe du monde.

Désiré HATUNGIMANA

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