L’élection à la présidence de la Fédération malienne de football suscite des polémiques. Depuis plusieurs semaines, des acteurs sportifs dont notamment un ancien vice-président de la FEMAFOOT dénoncent le processus électoral qui suit toujours son cours. La FIFA, saisie de la question par le ministre des Sports maliens, a désigné deux de ses membres pour superviser les travaux de l’assemblée générale extraordinaire élective.
Pour bien saisir tout cela, il faut remonter au 1 août, date du point de presse de la commission électorale de première instance au siège de la FEMAFOOT qui annonce avoir retenu deux listes que sont celles de Salaha Baby et du président sortant Mamoutou Touré sur les 4 ayant fait acte de candidature. Les listes de candidature des deux autres prétendants Sékou Diogo Keita et Hammadoun Sangho ont été invalidées par la Commission pour défauts de parrainages.
En effet, selon l’article 41.3 « l’élection du comité exécutif se fait par scrutin de listes et chaque liste doit être soutenue par au moins sept (07) membres de la FEMAFOOT dont deux (2) Ligues Régionales au moins et cinq (5) clubs professionnels. La liste doit obligatoirement inclure au moins deux candidatures féminines, sous peine d’invalidation. Chaque membre ne peut apporter son soutien qu’à une seule liste ».
Suite à l’invalidation de son dossier de candidature pour la présidence de la FEMAFOOT, Dr Sékou Diogo Kéita incrimine la décision de la commission électorale. Concernant la question de parrainage des candidats, qui suscite des polémiques, réagissant en conférence de presse, il précise. « la disposition transitoire (article 119.2 des textes de la FEMAFFOT) qui permettait aux clubs de D1 et D2 de représenter les clubs professionnels à l’Assemblée générale de la FEMAFOOT est caduque depuis la fin de la saison sportive 2021-2022. En conséquence, elle rend impossible le parrainage ». Il ajoute : « au Mali, il n’y a pas de clubs professionnels ».
Après la validation de sa candidature et celle de Salaha Baby, Mamoutou Touré sollicite de la Commission d’appel des Elections de la Femafoot l’invalidation de la candidature de son adversaire pour double parrainage. Ainsi après analyse juridique, dans sa décision rendue le 4 août, la commission d’appel invalide la candidature de Salaha Baby sur la base des pièces fournies par le président sortant.
C’est une décision « inacceptable », juge Abba Mahamane, membre de l’équipe de campagne de la liste de candidature de la liste de Salah Baby. Cette décision injustifiée, dit-il, prise par la commission d’Appel des élections n’est fondée sur aucun texte de la FEMAFOOT.
Le mercredi 9 août, la nouvelle tombe. Candidat à sa propre succession, le président de la Fédération malienne de football, Mamoutou Touré est placé en détention provisoire à la Maison centrale d’arrêt de Bamako. Il a été inculpé et mis sous mandat de dépôt après son audition par le juge d’instruction du cabinet numéro 9 du pôle économique et financier du tribunal de grande instance de la commune 3 du district de Bamako pour atteinte aux biens publics ainsi que pour faux et usage de faux.
Par ailleurs, l’élection du nouveau bureau exécutif est prévue le 29 août, car le processus suit toujours son cours comme annoncé le 12 août par le secrétaire général de la fédération, Ibrahim Traoré lors d’un point de presse.
Le camp du candidat Salaha Baby a saisi le tribunal arbitral de sport (TAS) pour annulation de l’invalidation de sa liste par la commission électorale d’appel de la Fédération malienne de Football. Celui du candidat Mamoutou Touré poursuit ses tournées à la rencontre des membres votant car même étant la seule liste validée en ce moment.
Le dernier rebondissement en date est la saisine de la FIFA par le ministre des sports malien et de la construction citoyenne. Dans son courrier en date du 15 août adressé à la Secrétaire General Fatouma Samoura, Abdoul Kassim Ibrahim Fomba « demande à la FIFA, de bien s’intéresser au processus en cours pour qu’elle se déroule dans le strict respect des textes qui régissent le football » et soulignant que le Ministère des Sports de la République du Mali ne peut accepter « qu’il soit porté atteinte au bon fonctionnement du football au Mali et que cette atteinte, entraîne des scissions dans la population entre différentes régions du pays, avec les Conséquences graves que cela pourrait engendrer et notamment des troubles à l’ordre public ».
Dans un communiqué rendu public ce 22 août, l’Union des Anciens Footballeurs du Mali, dirigé par Moctar Sow, regroupant plusieurs générations d’anciens joueurs maliens décidant la neutralité à l’issue de sa réunion tenue le samedi 19 août lance un appel pressant « pour l’apaisement, la paix des cœurs et des esprits et le vivre ensemble et appelle les uns et les autres à mettre au cœur de leurs décisions et actions la préservation de l’unité, la paix et la cohésion afin qu’on ne tombe pas dans la crise de gouvernance institutionnelle qui a favorisé la perte des acquis engrangés depuis de longues années ».
Quant à la FIFA, elle a désigné ce mardi 22 août, l’Egyptien Ahmed Harraz, membre de sa commission de gouvernement et le Suisse Gelson Fernandez désormais en charge des associations africaines, pour superviser l’élection qui en principe doit se tenir au centre international de conférence de Bamako, le 29 août.
