Février 2023, Gernot Rhor est nommé sélectionneur national du Bénin. L'entraîneur franco-allemand revenait d'une disette depuis la fin de son contrat avec les Supers Eagles du Nigeria. Un an plus tard, Sport News Africa fait le bilan de ses débuts avec les Guépards.
Gernot Rhor a pris les commandes de l'équipe à la suite des insuffisances de résultats de son désormais adjoint, Moussa Latoundji qui assurait l'intérim après la fin de la collaboration entre la fédération béninoise de football et l'ancien sélectionneur Michel Dussuyer. S'il est vrai que rebâtir une équipe nationale en une année relève d'un grand défi, l'ancien défenseur du FC Bordeaux a fait fortune diverse.
En dix rencontres, l'équipe n'a pas remporté le moindre match sur le terrain outre celui gagné sur tapis vert face au Rwanda. En marge aux journées FIFA de mars, le Bénin a livré deux rencontres sans victoire contre la Côte d'Ivoire (2 - 2) et le Sénégal (1 - 0), au stade de la Licorne d'Amiens. Gernot Rhor dressait déjà un bilan au soir de ces matchs. « Notre jeu collectif, notre assise défensive se sont confirmés après le bon match contre la Côte d'Ivoire. Nous avons aussi changé le gardien de but qui a fait un bon match. Nous avons retrouvé les jeunes comme l'autre jour, plein de dynamisme avec le sens du pressing, avec beaucoup de combativité.»
« Quand vous jouez contre les champions d'Afrique et que vous faites un match nul, un match comme on l'a fait, c'est une victoire morale. Quand vous jouez contre le Sénégal comme on l'a fait, et vous encaissez sur un pénalty alors que nous-mêmes, on a raté un pénalty, c'est vraiment très encourageant, le contenu est là. La victoire était déjà venue, 3 - 0 au Rwanda. Maintenant, on s'est mesuré aux meilleurs africains, l'impression est que l'équipe est vraiment en progrès et commence à prendre forme », a confié Gernot Rohr à Sport News Africa.
Gernot Rhor avait annoncé la reconstruction de l'équipe et son rajeunissement. C'est une réalité très appréciée treize mois plus tard. Neuf joueurs de la tranche de 17-22 ans font partie du groupe composé de nouveaux binationaux et des joueurs issus du championnat local. « Une révolution est en marche avec l'intégration de jeunes joueurs puisés notamment dans la dernière génération des moins de 20 ans qui ont participé à la dernière CAN de la catégorie, dans le championnat national et les binationaux. Exit Poté, Adéoti, Adénon, Sessegnon. Même si on reconnaît qu'ils sont vieillissants, il faut avoir le courage de leur montrer la porte de sortie. On doit créditer Rohr de cela et applaudir les nouveaux venus », analyse François-D'Assise Bavon, journaliste reporter sportif à Cotonou.
Si les chiffres sont importants pour évaluer la performance d'un sélectionneur, le bilan de Gernot Rhor est demi-teinte d'après François-D'Assise. «Le bilan de Gernot Rhor est famélique. De mémoire de reporter sportif, sur ces deux dernières décennies, aucun entraîneur n'a mis si long pour enregistrer son premier succès. C'est vrai qu'à son arrivée, le technicien franco-allemand a annoncé le Mondial 2026 comme but ultime. Mais il faut être réaliste sans être minimaliste et constater que cela est herculéen. Même si Gernot Rhor n'a pas conduit la totalité des matches des éliminatoires de la CAN 2023, il avait largement les moyens de qualifier l'équipe dans ce groupe-là et avec les joueurs qu'il avait.» Pour Abdel Salami, supporter des Guépards, le bilan de Rohr est plutôt mitigé. « On ne peut pas peindre en noir tout le travail que fait l’ancien défenseur du Bayern Munich. Mais il y a ce zéro match gagné par le Bénin sur le terrain depuis son arrivée ».
Les sorties médiatiques de l'entraîneur sont parfois source de controverses quant à la justification de la sélection des joueurs. L'ancien sélectionneur du Nigeria et du Burkina Faso a clamé convoquer les joueurs les plus performants en équipe, mais certains choix sont critiqués. « En conférence de presse, j'ai la nette impression que Gernot Rhor vient sans vraiment bosser ses fiches, ou n'imagine pas que les confrères peuvent l'amener loin dans la réflexion sur certains de ses choix. Lesquels choix sont souvent soutenus par des arguments pointillés que des réflexions abouties avec pour corollaire des joueurs qu'on avilit alors qu'ils peuvent apporter à l'équipe nationale. S'il est évident que les joueurs doivent progresser sur le terrain, il apparaît aussi indispensable que Rohr doit soigner ses prochaines sorties», explique le confrère François-D'Assise.
«On note aussi, une précipitation dans la communication du coach, qui parfois est pris à contre-pied par ces précédentes annonces. L’union n’est plus de mise dans la sélection nationale. Mais on retient le rajeunissement progressif de l’effectif », rajoute un supporter de l'équipe nationale.
Sur le chantier de la reconstruction de l'équipe nationale du Bénin, Gernot Rhor doit continuer à construire une équipe compétitive. Absents aux deux dernières Coupe d'Afrique des Nations, le Bénin et ses supporters espèrent être du prochain rendez-vous au Royaume chérifien. « Les deux derniers matches amicaux face à la Côte d'Ivoire et au Sénégal peuvent être le début de la mise sur pied d'une vraie ossature. Ces matchs ont permis d'avoir des certitudes sur certains joueurs et à chaque ligne. Continuer l'exploration de la piste des binationaux tout en ayant un regard attentif sur le championnat national. Le vrai défi pour le sélectionneur est la qualification à la CAN Maroc 2025. Les éliminatoires du mondial 2026 doivent nous servir de préparation pour celles de la prochaine CAN », soutient François-D'Assise Bavon.
Rachidi DOSSA
