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Malgré les appels à la retenue et les ultimes tentatives de la FIFA, le comité exécutif de la Fédération guinéenne de football a acté, mardi, la révocation de son président, Aboubacar "Bouba" Sampil. Une décision forte, symptôme d'un ras-le-bol profond au sein de l'instance dirigeante du football national.
Comme beaucoup s'y attendaient, le président de la FGF, Bouba Sampil, a été révoqué à l'unanimité par les sept membres présents du Comité exécutif. Accusé de gestion opaque, de malversations financières et d’atteintes aux principes de bonne gouvernance, Sampil était de plus en plus isolé. « Je marche seul comme le lion marche seul », avait-il déclaré quelques jours plus tôt sur le plateau de la RTG. Une posture solitaire qui a contribué à son isolement.
Ni les tentatives de médiation de la FIFA - notamment de Gelson Fernandes, le principal soutien de Bouba Sampil depuis le début -, ni le courrier du ministre de la Jeunesse et des Sports, Kéamou Bogola Haba, demandant la suspension de toute décision, ni les larmes et les demandes de pardon de Sampil durant la réunion n’ont infléchi la position des membres du Comité exécutif.
Le poids des frustrations accumulées
Cette révocation traduit l’accumulation de frustrations à plusieurs niveaux : gouvernance interne, performance sportive et gestion financière. À ceux-ci s’ajoutent les accusations de trafic de visas et de manipulation de matchs.
Mais le déclic viendra de la dernière enquête de Sport News Africa révélant le détournement d’équipements destinés aux équipes nationales au profit de l’AS Kaloum, club dirigé par Sampil. Cette révélation a entraîné une plainte déposée par le secrétaire général du Kaloum FC, Alama Camara, devant la commission d’éthique pour abus de confiance et violation du code d’éthique de la FIFA.
Lire aussi : Guinée : des équipements du Syli National détournés au profit du club du président de la FEGUIFOOT ?
C'est dans ce contexte qu'une motion de révocation, proposée le 2 avril par Mamadou Barry, l'un des vice-présidents du Comex, a été inscrite à l'ordre du jour de la réunion de mardi.
La transition semble être enclenchée. Et contrairement à ce que certains redoutaient ou redoutent, aucun comité de normalisation (CONOR) ne devrait être mis en place. Les statuts de la FGF règlent clairement la situation. Conformément à l'article 41, le vice-président le plus âgé prend automatiquement les commandes. Il s'agit de Sory Doumbouya, qui devra assurer l'intérim.
Sampil peut-il rebondir ?
Quelques heures avant sa révocation, le président déchu avait déjà annoncé qu'il ne reconnaîtrait pas la décision du Comex. Il dénonce une procédure « irrégulière » et a promis de saisir la FIFA dès le lendemain. Le ministre des Sports a, de son côté, déjà adressé un courrier à l'institution internationale pour lui demander d'envoyer une mission en Guinée.
Mais l'argument de l'autonomie des fédérations membres, protégée par la FIFA elle-même, pourrait jouer en faveur du Comex. La décision de révocation repose sur les articles 37, 39, 40 et 41 des statuts de la FGF. Une conciliation reste possible, mais peu probable dans le climat actuel.
L'autre scénario, c'est l’Assemblée générale du 8 mai 2025. La révocation de Bouba Sampil reste pour le moment provisoire jusqu'à sa validation par celle-ci. Selon les articles 38 et 40, cette décision devra être validée à la majorité des deux tiers des voix des 73 délégués.
Sampil pourra y présenter sa défense et dans un contexte où l'influence financière reste un levier puissant dans les élections au sein du football guinéen, tout peut arriver. Mais à ce stade, sa marge de manœuvre est réduite.
Soutien du ministre des Sports à Sampil ?
Il convient enfin de considérer le scénario d'une situation chaotique. Le soutien apporté à Bouba Sampil par le Ministre de la Jeunesse et des Sports, Kéamou Bogola Haba, pourrait l'inciter à refuser toute injonction, entraînant des conséquences significatives, notamment en raison de l'implication gouvernementale ; même si cette dernière a été, cette fois, incitée par la FIFA elle-même !
Mais au-delà des jeux de pouvoir, cette crise offre une autre occasion pour refonder la gouvernance du football en Guinée. La transition ouverte pourrait permettre de rebâtir sur des bases plus transparentes et inclusives, à condition que les acteurs restent fidèles aux principes qu'ils ont eux-mêmes invoqués pour tourner la page Sampil.