Depuis le 9 novembre 2023, une grave crise secoue le football burkinabè. Face au Comité exécutif de la Fédération burkinabè de football (FBF), se dresse un groupe de dirigeants de clubs qui lors de la dernière médiation entamée par Jean Yaméogo, le président du comité national olympique et des sports burkinabè (CNOSB), a fini par demander la démission du président de la FBF pour non-respect de la parole donnée. Pour Lazare Banssé il n'est pas question de démissionner. Les positions sont tranchées. Aucun camp ne veut faire de concessions à l’autre. À quand la fin de la crise entre la Fédération et les clubs ? Telle est l'interrogation que beaucoup émettent désormais au pays.
De notre correspondant au Burkina,
Avant la première rencontre de médiation entre les clubs et la Fédération burkinabè de football (FBF), quatre points de revendications ont été ainsi évoqués par les frondeurs. Il s’agit du reversement de la retenue des 25% de la bourse utilisée pour l’organisation des championnats de petites catégories, affectée par le Fonds national pour la promotion du sport et des loisirs (FNPSL), le paiement des quatre mois d’arriérés de paiement des bourses au titre de l’année 2022-2023, l’arrêt des coupures sur la subvention destinée aux clubs de Ligue 1 et Ligue 2 par le Comité exécutif de la FBF, la poursuite de la mise à disposition des subventions aux clubs de L1 et L2.
Mais en priorité, le remboursement de la retenue de 25% de la bourse. Face aux menaces de boycott annoncées par les clubs de ne pas participer aux différentes compétitions organisées par la Fédération burkinabè de football, la Ligue de Football Professionnel (LFP) a donc préféré reporter la 11e journée de Ligue 1 et de la 6e journée de Ligue 2. Et depuis, les championnats de Ligue 1 et 2 sont suspendus jusqu’à nouvel ordre. Une pression étouffante qui plonge chaque jour le sport roi du Burkina Faso.
La médiation entamée le 20 novembre 2023 par Jean Yaméogo, le président du Comité national olympique et des sports burkinabè (CNOSB) n’a pas en effet porté fruit. Les clubs qui réclament la démission de Lazare Banssé sont restés bien campés sur leur position et refusent de reprendre le championnat. De son côté, Lazare Banssé, président de la FBF, refuse de démissionner et avance comme argument qu’il a été élu lors d’une Assemblée générale ordinaire et qu’il y a des clubs et des structures qui continuent de le soutenir.
Face à ces deux positions bien affichées, le médiateur Jean Yaméogo, a jeté l’éponge à l'issue de la deuxième rencontre de médiation tenue le 28 novembre dernier à Ouagadougou. Il a même indiqué qu’ils vont songer à exclure le football de leur structure.
Le bras de fer entre la Fédération burkinabè de football de (FBF) et les clubs des championnats de Ligue 1 et Ligue 2, a cependant pris une autre tournure. Au moment où certains demandent la démission du président Banssé, d'autres ont alors signé une motion de soutien qui lui est favorable. Ces nouvelles positions rendent houleuses les discussions. « Ce que nous reprochons à Lazare Banssé, c’est une crise de confiance. On n’a pas vu qu’il se reproche de quelque chose et qu’il souhaite faire amende honorable. C’est pour cela qu’on a pris cette décision qui est difficile pour nous», lâche Koudougou David Yaméogo, membre des clubs frondeurs.
Boukaré Savadogo, président de l’Etoile Filante de Ouagadougou (EFO) est dans une position modérée. «Nous sommes dans un contexte difficile. La nation même a des difficultés. Si on va à la Coupe d'Afrique des Nations (CAN) avec des situations tendues entre acteurs, cela peut être difficile de faire de bons résultats.»
Reçu dans le journal de 20h de la Télévision nationale du Burkina (RTB) pour livrer sa part de vérité sur la crise qui secoue le football burkinabè, le président de la FBF, Lazare Banssé, estime qu'il y a des mains invisibles derrière les multiples crises au sein de la Fédération depuis son arrivée. Il a par ailleurs annoncé que le championnat va reprendre. «Lorsque nous sommes arrivés, nous avons voulu rassembler les acteurs du football autour d’un idéal parce que nous avons constaté qu’il y avait beaucoup de divisions. Malheureusement, certains ont voulu camper sur les différents camps. Ce que nous avons voulu continuer. Il y a des mains invisibles, notamment une main invisible, un ancien dirigeant sportif, qui instrumentalise… tout le monde connait le nom de la sorcière mais refuse de dire son nom», a-t-il souligné.
Sur le championnat actuellement suspendu, Lazare Banssé annonce sa reprise : «Nous avons décidé de lancer le championnat. Le championnat sera lancé et nous allons appliquer tout simplement le règlement du championnat. Les clubs qui ne se présenteront pas seront déclarés forfaits et perdront 3 points. Les clubs qui ne se présenteront pas deux fois de suite descendront forcément en division inférieure».
Au regard de la situation, il est toutefois difficile de prédire quand la crise prendra fin.
Ablam GNAMESSO
