Les grands évènements de la Confédération Africaine de Football sont des occasions pour réunir les anciennes gloires du football. Alors que chaque pays travaille à positionner des anciens internationaux à ces rendez-vous sportifs, le public béninois se mord le doigt quant à l'absence du Bénin à ces rencontres de célébrités du continent dans la dernière décennie.
Tirage au sort, assemblée générale, lancement ou clôture des grands rendez-vous de la CAF, des anciens footballeurs africains sont invités par l'instance. La dernière en date est la 34e édition de la Coupe d'Afrique des Nations Côte d'Ivoire 2024 où un parterre de célébrités a défilé dans les stades ivoiriens. Le Bénin non qualifié pour la compétition n'était pas représenté parmi les invités officiels de la CAF du profil ancien international. Au Bénin, le constat est amer pour le public. «Lors de la dernière CAN où on a vu la CAF inviter des légendes africaines qui étaient présentes dans les tribunes, on a vu aucun béninois. C'est bien dommage», regrette Bour-Han.
Dans l'histoire du football béninois, le plus grand résultat réalisé serait la qualification en quart de finale de la CAN Égypte 2019. De la génération Expédit Dossou-Gbete à celle de Stéphane Sessegnon en passant par la période de Oumar Tchomogo, de grands joueurs ont défilé au Bénin mais avec des fortunes diverses sur la scène internationale. Le Bénin et ses anciens n'ont pas véritablement marqué le football africain. C'est une absence logique selon l'international béninois Michael Poté.
«C'est dommage, oui et non parce qu'en même temps il y a une certaine logique à respecter pour être invité à ces événements. Pour l'instant, on n'a pas eu de joueurs qui ont suffisamment marqué l'histoire », soutient l'ancien joueur de Clermont foot et d'APOEL Nicosie. Il poursuit. «Il n'y a pas de responsable particulier. Ce sont des choses qui se font naturellement. Et ce n'est pas forcément dans la grandeur du pays. Le Togo par exemple, avec Emmanuel Adebayor qui représente cette nation, ce qui est logique vu sa carrière, vu ce qu'il représente sur le continent africain».
Même son de cloche chez le journaliste Léonard Sonehekpon qui estime que les anciens internationaux béninois sont rois au pays mais ils n'ont pas de côte à l'international. Il explique : «Nous n'avons encore rien prouvé dans la sphère footballistique africaine et mondiale. Quand on parle de football au Bénin, quels sont les noms qui sortent du lot de par leur performance en Afrique ou dans le monde et qui ne sont plus en activité ? Quel est l'intérêt pour la Caf de faire appel à des personnes qui n'ont réellement pas impacté de manière indélébile l'histoire ne serait ce de leur pays et plus encore de leur club ? Un iota. Ceux que nous avons l'habitude de voir lors des différents événements de la Caf sont connus des férus de football.»
Au-delà d'avoir marqué ou non l'histoire du football africain, la présence des anciennes gloires aux évènements sur invitation de la CAF relève aussi du lobbying, estime Jean-Marc Adjovi-Boco, ancien international béninois passé par le Racing club de Lens et actuel Conseiller Technique du ministre des sports du Bénin a donné son avis dans un forum whatsApp sur l'absence des anciens internationaux béninois aux évènements CAF.
«Lorsqu’on parle de football, on ne pense pas tout de suite au Bénin. À nous de faire en sorte que ces choses changent. Ceux qui sont en place cooptent ceux qu’ils connaissent le mieux. Étant proche de Anthony BAFFOE (ancien international ghanéen ex secrétaire général adjoint de la CAF, ndlr) j’ai été pendant un moment appelé avec les légendes africaines pour des matchs. À maintenant 60 ans, ça devient un peu plus difficile…et il faut laisser la place aux jeunes.»
Mickael Poté consultant sur la chaîne ivoirienne NCI durant la CAN 2023 invite le pays au travail pour corriger le tir. «J'ai côtoyé justement ces légendes de la CAF, qui m'ont regardé aussi différemment. Ils connaissent le Bénin, c'est juste à nous de faire preuve aujourd'hui dans la continuité. Il faut être plus régulier dans les compétitions, réaliser de bons résultats et briller collectivement comme individuellement», conclut-il.
Rachidi DOSSA
