Cinq mois après la fin du dernier championnat, la date de lancement de la saison 2024-2025 de football au Cameroun demeure une énigme. Dans l’attente d’une date officielle de la Fécafoot, les clubs s’entraînent sans visibilité, engendrant des dépenses supplémentaires pour les dirigeants et une préparation aux forceps pour les entraîneurs.
Cinq mois après la fin de la précédente saison, le championnat camerounais de football est toujours en suspens, sans date de reprise officielle. Entre silence de la Fédération camerounaise de football (Fécafoot) et incertitude financière, les clubs naviguent dans le flou total. Ce retard prolongé, plonge les acteurs du football camerounais dans l’inquiétude, à commencer par les dirigeants de clubs, les entraîneurs et les joueurs, qui sont les premiers à en subir les conséquences. « On nage en plein amateurisme. C’est très décevant pour une Fédération dirigée par un ancien footballeur de haut niveau », lâche un président de club, ayant requis l’anonymat.
En effet, les équipes poursuivent les entraînements dans un climat d’incertitude. Sans date précise de début de saison, l’entraînement perd en intensité et en efficacité. « Les entraîneurs préparent les joueurs sans calendrier, et les présidents de clubs dépensent doublement en primes », soutient Francis Bakapa, journaliste. Ce dernier pointe aussi le report d’une réunion initialement programmée du Comité exécutif de la Fécafoot, qui devait apporter des clarifications, mais n’a fait qu’accentuer le brouillard. « Pendant ce temps, les joueurs sont livrés à eux-mêmes, les entraîneurs préparent leurs équipes sans chronogramme clair car ne sachant pas jusqu’à quand ils devront s’entraîner, et tout cela pèse sur les performances en compétitions africaines. C’est comme préparer un examen sans connaitre quand il aura lieu ».
Pour Billy Houto, commentateur sportif, la raison principale de ce blocage est financière : « Il n’y a pas d’argent ». Selon lui, le financement du football camerounais est une problématique chronique. « En plus de l’incertitude, les clubs réclament toujours la subvention des sponsors pour la saison écoulée. La Fécafoot accuse les clubs de ne pas payer les joueurs, alors que des clubs qui soutiennent avoir produit des justificatifs nécessaires attendent toujours leur dû. Dans ce flou, certains clubs ont voté des budgets pour la saison, sans être sûrs qu’ils parviendront à réunir l’enveloppe ».
Le silence de la Fécafoot aggrave la situation. Promesse avait été faite d’améliorer la condition des clubs et la gestion du championnat, mais Samuel Eto’o, président de l’instance et ancien joueur emblématique, semble moins réactif que prévu. « On avait pensé qu’avec un ancien professionnel à la tête de notre Fédération, les choses évolueraient, mais après trois saisons, les progrès se font attendre, et la situation est inquiétante », observe Houto. Pour les commentateurs sportifs et les clubs, ce silence institutionnel démontre un manque de vision et de réactivité qui vient ternir l’image de l’administration actuelle.
Car au fond, tranchent certains, ce blocage pourrait coûter cher au football camerounais. Sportivement, l’absence de compétition fragilise les clubs, affaiblit les joueurs, et compromet les chances des équipes camerounaises de briller sur la scène africaine. Financièrement, la situation étouffe les clubs, déjà en difficulté.