L'Afrique était endeuillée le 8 janvier 2010, à deux jours du coup d'envoi de la CAN. Alors que le Togo se rendait dans sa ville de compétition, Cabinda, les Eperviers vont tomber sous les balles des mitraillettes des séparatistes. Bilan : 3 morts et 9 blessés
Censée être une belle fête comme d'habitude, la CAN 2010 a débuté sous un air de drame. On ne s'attendait ainsi pas à voir les balles des terroristes, donnaient le coup d'envoi de la compétition dans une atmosphère macabre. Et ce sont les joueurs togolais qui seront les malheureux. Le 8 janvier 2010, alors que leur but traversait la province de Cabinda, en Angola, le pays, hôte du tournoi, neuf membres de la délégation du Togo ont été blessés et un chauffeur tué lors du mitraillage. On étaità dans deux jours la Coupe d'Afrique, jetant donc l'effroi sur la compétition.
A la place du ballon, c'est le sang qui a en effet coulé. Le défenseur Serge Akakpo (Vaslui FC/Roumanie) et le gardien Kodjovi Obilalé (GSI Pontivy/France) ont été plus sérieusement touchés. Ils seront même opérés dans un hôpital à Cabinda. Si Serge Akakpo s'en est tiré, ce n'est pas cependant le cas pour le gardien du Togo, Kodjovi Obilalé. Son destin sera foudroyé en plein envol de sa carrière. Il n'a jamais pu rejouer; Touché aux lombaires, il perd une jambe à cause des rafales des séparatistes qui feront 3 morts et 9 blessés.
«Je me suis focalisé toute ma vie sur le foot. J’ai fait tout ce qu’il faut pour devenir footballeur professionnel. J’ai traversé des périodes difficiles mais j’ai tenu. Même ma mère n’était pas d’accord pour que j’embrasse ce métier mais puisque c’était ma passion, je lui ai tenu tête. Aujourd’hui, regardez le résultat. À mon avis il n’y a aucun autre terme pour qualifier ce qui m’est arrivé, au vu de la gravité des faits», regrettait l'ancien gardien de but de Eperviers du Togo.
Sortir de tels événements ne vous donne forcément pas le courage de disputer une compétition. Surtout que la description de l'attaque fait en effet froid dans le dos. «On a été mitraillé à la sortie du Congo-Brazzaville, on a reçu des balles, on rentrait dans l'Angola, on a pris une rafale à l'avant du bus et on s'est tous couché», expliquait Thomas Dossevi, joueur du Togo. «On avait rempli les formalités, avait précisé plus tôt Dossevi. On était encadré par la police. Tout était clean. Il y a eu un mitraillage puissant. La police a riposté. On se serait cru à la guerre. On est choqué. Quand on sort du bus, on se dit "pourquoi nous?". On n'a pas beaucoup envie de jouer la CAN. On pense aux copains, aux joueurs blessés», déroulait toujours le joueur du Togo. «On ne pense qu'à rentrer à la maison», embrayait le milieu de terrain togolais milieu Alaixys Romao.
Le Togo finalement rentré, était dans le groupe B avec la Côte d'Ivoire, le Ghana et aussi le Burkina Faso.
Jim CEESAY