La qualification du Bénin en quart de finale de la Coupe d'Afrique des Nations Égypte 2019 est sans doute l'événement majeur de l'histoire du football du pays. Pour une première dans leur histoire, les ex-Écureuils désormais Guépards ont éliminé le Maroc ultra-favori pour filer en quart de finale. Non pas le fruit du hasard, la rencontre a été âprement préparée et la combativité sur le terrain a ouvert la porte du succès.
De notre correspondant au Bénin
Le Bénin avait annoncé les couleurs mais personne ne voyait l'équipe venir. En phase de groupe, la sélection alors conduite par le sélectionneur Michel Dussuyer a tenu en échec le Ghana quadruple champion d'Afrique. Les Blacks stars emmenés par les frères Jordan et André Ayew et Thomas Partey ont connu une désillusion grâce au doublé de Michael Pote (2-2). Les ex-Écureuils ont ensuite réalisé un nul et vierge face à la Guinée Bissau avant d'accrocher le Cameroun quintuple vainqueur au dernier match de groupe (0-0). Trois points en autant de matchs, le Bénin rejoint les huitièmes de finale et tombe sur le géant marocain.
« C'était un quart de final, donc il y avait une pression normale. Je n'avais pas trop parlé dans le vestiaire. Stéphane Sessegnon non plus parce qu'on savait déjà tous l'importance de ce match. Ce n'était pas nécessaire de rajouter d'autres pressions sur les gars », raconte Khaled Adenon. Dans le vestiaire, chacun mesurait l'enjeu de la mission et la concentration avait atteint son summum rappelle le vice-capitaine. « On a abordé ce match avec le même niveau que les premières rencontres. On s'était dit ce qu'il fallait faire puisqu'on connaissait notre force. Le coach aussi a mis en place un système qui a bien fonctionné ».
Le 7 juillet 2019, les écureuils défient les Lions de l'Atlas au stade Al-Salam du Caire pour une place en quart de finale de CAN. Le Maroc d'Hervé Renard est tenu en échec à la mi-temps. À la reprise, Moïse Adilehou reprend du plat du pied droit un corner de Cebio Soukou et trompe Yassine Bounou (0-1,53e). « Honnêtement sur le coup, je ne réalisais pas encore la portée. C'était ma première CAN, mon premier but en sélection et d’un coup je marque en huitièmes de final, je ne savais pas trop ce qui m’arrivait. Mais c'est en rentrant à l'hôtel après le match que j’ai commencé à comprendre ce qui s'était passé », se remémore Adilehou.
Menés, les Lions de l'Atlas rugissent et font un pressing haut. Mbark Boussoufa récupère un ballon dans les pieds de Jordan Adeoti et retrouve Youssef En Nesyri pour l'égalisation (1-1,76e). Le Maroc obtient un penalty dans les dernières secondes du temps réglementaire. Hakim Ziyech manque l'occasion de qualifier son pays. Direction les prolongations.
Khaled Adenon est expulsé pour un second jaune à la 97e min de jeu. « Tout le monde a vu que ce carton rouge n'était pas mérité mais c'était le choix de l'arbitre », estime l'actuel sociétaire de Doxa Katokopias. À l'en croire, l'équipe est restée soudée après son expulsion pour contenir l'adversaire. « On savait ce qu'on devait faire. Même si on jouait à huit, le Maroc n'allait pas passer ce jour-là.(rire) Les coéquipiers ont gardé cette même organisation et courage. Ils ont fait le job jusqu'aux tirs au but et nous sommes passés », a clamé le joueur.
« On a réussi à les accrocher au mental. On était fatigué mais on savait qu’on pouvait le faire et que si nous réalisons cet exploit ça restera à jamais dans l'histoire du football Béninois », renchérit le défenseur de Moïse Adilehou.
Aux tirs au but, Sofiane Boufal loupe son tir et Saturnin Allagbe repousse sur la transversale celui de En-Nesyri. Mama Séïbou dernier tireur Béninois bat Bonou et envoie le Bénin en quart de finale de CAN pour la première fois de son histoire. « On a vécu ça avec joie et la fierté d’avoir élevé le drapeau du Bénin, c'est indescriptible ce que nous avons vécu », remarque Adilehou.
Khaled Adenon 37 ans espère revivre d'autres moments de gloire avec la sélection. « Le peuple croyait mais pas à 100%. On a réalisé cet exploit. J'espère qu'on va se qualifier pour la prochaine CAN et surpasser cette phase. Vivre ces moments-là, c'est inoubliable. Que ce soit la génération actuelle ou les prochaines, je leur souhaite ça », a formulé l'ancien d'Amiens SC.
Rachidi DOSSA