La Côte d’Ivoire est tombée de haut le 17 juin face à la Zambie à N’Dola. Les spécialistes analysent cette lourde défaite des Eléphants 3-0 sous divers angles.
De notre correspondant en Côte d'Ivoire
Un an après sa victoire 3 à 1 face à la Zambie lors de la 1ère journée des éliminatoires de la CAN 2023, la Côte d’Ivoire a complètement sombré à N’Dola lors de la 5ème et avant dernière journée sur le score de 3 buts à 0. La marque aurait même pu être plus lourde que personne n’aurait été scandalisé tant l’équipe ivoirienne a été dominée dans tous les compartiments de jeu. Pour le sélectionneur ivoirien, contrairement aux Chipolopolo, les Éléphants étaient en mode vacances.
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« La Zambie a été supérieure dans beaucoup de domaines, dans l’envie. Les Zambiens ont joué un match de la mort. On aurait dû répondre physiquement, mais on était pas en état. Les joueurs étaient en vacances depuis une dizaine de jours, on a fait une petite semaine de travail. Il fallait se remobiliser, se surpasser dans ce match. Etre à égalité au niveau de l’agressivité, mais on n’a jamais été à leur niveau. Ils ont toujours été supérieurs à nous », a-t-il dit en fin de partie. A ce sujet, tout le monde est d’accord car les Orange ont complètement déjoué, errant comme des âmes en peine sur la pelouse du Stade Levy Mwanawasa. Mais il n’y a pas que cette raison aux dires de plusieurs spécialistes.
« Tactiquement à la bourre »
C’est surtout sur le plan technico-tactique que la Côte d’Ivoire a été malmenée. « On est tous d’accord pour dire que l’état d’esprit n’était pas au rendez-vous. C’est en général le propre de ces matches de juin. Les joueurs se croient en vacances. C’est pareil en septembre en début de saison, ils ne sont pas rodés donc on peut voir des prestations comme ça », a reconnu Rigo Gervais, triple champion de Côte d’Ivoire avec le Séwé de San Pedro et finaliste de la Coupe de la Confédération 2014. Mais pour lui, il faut chercher la bête plus loin. « Tactiquement, on était à la bourre. On a été prétentieux de vouloir aller chercher les Zambiens haut alors que physiquement on n’avait pas le niveau pour ça. On est tombés dans leur jeu, sur le plan tactico-technique le management laisse à désirer. On ne peut pas prendre ceux qui ne sont pas titulaire en club pour en faire des indéboulonnables en sélection. On peut le faire pour un joueur clé mais pas pour deux, trois quatre joueurs. Ça déséquilibre l’équipe quand les autres sont très en jambe. Il faut revoir tout ça », fustige Rigo.
Comme le technicien ivoirien, plusieurs spécialistes pointent du doigt l’animation offensive. « Quand on a une adversité en face, on déjoue toujours. Souvenez-vous de la défaite face au Burkina Faso en amical en 2022. C’était la première grosse équipe qui affrontait la Côte d’Ivoire de Gasset. C’est pareil face à la Zambie. Les Chipolopolo ont bouffé le milieu de terrain des Eléphants. Et quand la relation est coupée entre la défense, le milieu et l’attaque, il n’y a plus rien à faire. Les trois attaquants, Krasso, Kouamé et Bamba étaient esseulés, sans véritable ballon. L’entraîneur n’y a vu que du feu », analyse Tchétché Aimé, ancien joueur de l’Africa Sports et aujourd’hui consultant à la télévision nationale.
Ce qu’il reste à faire
« Quand un entraîneur dit que : "Ce n'est pas seulement un secteur de l'équipe qui a été défaillant mais toute l'équipe...", cela démontre que l'équipe a pris l'eau, qu'elle a été débordée, inexistante, qu'aucun secteur n'a été au-dessus. Que l'adversaire a été déterminé, entreprenant, dans tous les compartiments du jeu par rapport à son équipe. C'est un aveu d'impuissance...
Tout le match est contenu dans cette affirmation de Jean-Louis Gasset », affirme pour sa part avec dépit Sangaré Mohammadou, ancien footballeur et vice-président du syndicat national des entraîneurs, éducateurs et cadres techniques du football de Côte d’Ivoire. Gasset sait donc ce qu’il faut changer. La fenêtre de septembre 2023 est celle où il doit définir et mettre en place pour de bon un vrai projet de jeu avec les hommes dont il dit connaître l’identité à 80%. Il s’agira pour lui de montrer enfin le visage du commando mis sur pied pour aller à l’assaut de l’Afrique en janvier 2024.