A quelques semaines du coup d’envoi de la CAN en Côte d’Ivoire (13 janvier-11 février), le sélectionneur du Cameroun Rigobert Song est confronté à une mission cruciale : remporter le titre continental pour espérer une prolongation de contrat. Cependant, les défis ne se limitent pas seulement au terrain, avec des pressions politiques, des critiques sur sa gestion d'équipe et les relations plus ou moins au point mort entre deux figures clés : Samuel Eto’o et André Onana.
De notre correspondant au Cameroun,
Un an après l’échec de la sélection nationale de football du Cameroun au premier tour de la Coupe du monde 2022 au Qatar, Rigobert Song s’apprête à remonter sur le pont. Cette fois, le sélectionneur camerounais va devoir trouver la bonne recette qui permettra aux Lions Indomptables de remporter une sixième étoile continentale. Mais autant le dire : la Coupe d’Afrique des Nations (CAN) qui se tient du 13 janvier au 11 février 2024 en Côte d’Ivoire ne s’annonce pas simple pour un sélectionneur dont l’avenir est particulièrement menacé.
Rigobert Song a été nommé au poste de sélectionneur du Cameroun au terme d’un bras de fer entre le ministre des Sports Narcisse Mouelle Kombi et le président de la Fécafoot Samuel Eto’o. Le technicien a officiellement signé un contrat de deux ans le 23 mars 2022 avec entre autres obligations, celle de remporter la CAN 2023. C’est dire que son sort est lié aux performances futures de la bande à Vincent Aboubakar. Les Lions sont sous pression. Song tout autant. Car une débâcle à la CAN ivoirienne n’est pas du tout dans l’esprit du gouvernement camerounais.
«J’ai prescrit à la Fécafoot (Fédération Camerounaise de Football, Ndlr.) de tout mettre en œuvre afin que la sélection nationale brille par son fighting spirit et sa capacité à éblouir le grand public sportif, démontrant une fois de plus qu’impossible n’est pas Camerounais», prévient le ministre Narcisse Mouelle Kombi. Le problème, c’est que les compétences de Song sont continuellement remises en question. Sans grande expérience à son arrivée sur le banc de touche camerounais, l’ancien défenseur de Galatasaray ne semble pas avoir beaucoup avancé.
Avec un bilan de 5 victoires, 6 nuls et 7 défaites en 18 matches, ce n’est pas la qualité des joueurs qui a souvent fait défaut. Mais la manière avec laquelle Song les utilise. Illustrations ? Durant le Mondial qatari, le sélectionneur camerounais a aligné un onze différent à chacun de ses trois matches de groupe. Rebelote lors des deux dernières sorties de l’équipe. Après une victoire éclatante contre l’Ile Maurice (3-0) le 17 novembre 2023, Song a remanié son onze de départ quatre jours plus tard en Libye avec Bryan Mbeumo, Yvan Neyou et Moumbagna pourtant excellents lors du précédent match, sur le banc de touche cette fois. Résultat : un nul insipide d’un but partout (1-1).
Pourtant, la cohérence et la stabilité pourraient être les clés du succès, surtout dans un tournoi aussi compétitif que la CAN. Peut-on alors espérer que Song a suffisamment appris de ses erreurs ? Il y a intérêt ! Arrivée troisième lors de la précédente édition de la CAN, la nation quintuple championne d’Afrique doit absolument faire mieux. Au risque de dévaloriser la politique de nationalisation du banc de touche camerounais. Song a bien compris l’importance et les enjeux du défi. Seulement, il doit faire face à un autre coup de pression : la «rupture» entre André Onana et Samuel Eto’o. Des rumeurs suggèrent que le gardien de Manchester United n’aurait toujours pas recollé les morceaux avec le président de la Fécafoot depuis la fin du Mondial 2022.
«La relation entre les deux hommes est au point mort depuis la mise à l’écart de André lors de la Coupe du monde au Qatar. Son retour en sélection découle d’une instruction des autorités du gouvernement camerounais, la Fécafoot n’ayant jamais pris d’initiative dans ce sens. On fait tout pour sauver les apparences au sein de l’équipe. Mais tout le monde a bien vu que depuis son retour, André et Eto’o s’ignorent et s’évitent complètement. Ce sont deux hommes ayant une forte personnalité et qui ont chacun en ce qui le concerne, une certaine influence au sein de la sélection nationale. Leur relation est rompue, et cela pourrait affecter l'ambiance au sein de l'équipe», soutient une source ayant requis l’anonymat.
La CAN 2023 est donc un test crucial pour Rigobert Song, qui doit non seulement prouver sa valeur en tant que tacticien mais aussi gérer les dynamiques délicates au sein de l'équipe camerounaise. L'enjeu pour lui allant bien au-delà du terrain de football.
Arthur Wandji