Logée dans le groupe C en compagnie du Sénégal, du Cameroun et de la Gambie, la Guinée s'avance avec moins de certitudes. En cause, une attaque en panne d’inspiration. Avec neuf buts inscrits durant les qualifications, Naby Kéita a été le meilleur buteur avec trois réalisations. De quoi se poser la question sur l’arrivée d'un dynamiteur sur le front de l'attaque pour servir un des meilleurs attaquants du moment.
De notre correspondant en Guinée
A moins d’un mois du début de la CAN en Côte d’Ivoire, le Syli national de Guinée peine à convaincre. Malgré des noms ronflants sur la ligne d’attaque, elle peine à performer et à inscrire des buts. En témoigne les statistiques. Le meilleur buteur des qualifications à la CAN 2024 a été d'ailleurs Naby Kéita. Le capitaine a en effet inscrit trois des 9 buts du Syli national durant cette campagne. Loin des attentes des fans. Pour beaucoup, c’est l’animation offensive qui est pointée du doigt. Le sélectionneur alterne entre le 4-3-3 et le 4-4-2 classique qui peine à porter fruit.
Une situation qui interpelle le journaliste sportif Mohamed Max Camara. «Depuis deux CAN et pratiquement les départs de Razzagui et Ibrahima Traoré, la Guinée aborde la compétition sans des ailiers de métier hormis Seydouba Soumah. Des flèches que le Syli utilisait pour venir à bout de ses adversaires», explique le spécialiste. Et de poursuivre. «Lors de la dernière CAN aucun attaquant n’a inscrit le moindre but. Et cela se poursuit puisque le meilleur buteur des qualifications est Naby Kéita avec trois buts», déplore le journaliste.
Lors de la CAN 2021 au Cameroun, le sélectionneur Kaba Diawara est allé jusqu’à mettre en place un 3-5-2 inédit. Interpellé lors d’une conférence de presse pendant la compétition, le il n'avait pas hésité à s'en prendre des journalistes qui lui faisaient la remarque. «La Guinée n'a pas de joueurs percutants actuellement comme ce fut le cas quand je jouais avec des joueurs comme Fodé Mansaré…», se défendait Kaba Diawara. Une situation à laquelle le technicien guinéen n’a pas trouvé de remède. Depuis lors, le Syli national évolue sans véritable ailier de métier. Morgan Guilavogui ou encore Aguibou Camara, milieu de terrain de formation n’apportent pas de réelle satisfaction dans ce registre.
Le premier peine cependant à s’imposer au RC Lens (Ligue 1-France) qu’il a rejoint au mois de juin dernier. Seulement deux buts en dix-sept matches avec le club Sang et Or. Le second Aguibou Camara est milieu offensif de formation. Auteur de belles prestations dans l’entrejeu, le joueur de l’Olympiacos (D1 Grèce) prêté à l’Atromitos peine en sélection malgré quelques coups d’éclats, comme ce fut le cas lors des qualifications à la Coupe du monde 2026 avec un but inscrit face au Malawi. Banni avant d’être rétabli il y a quelques mois, François Kamano est aussi à la peine. Depuis qu’il a rejoint l’Arabie saoudite et le club d’Al Abbha, l’ailier guinéen est en souffrance. L’ancien bastiais n’a en effet délivré que deux passes décisives en 24 matches toutes compétitions confondues. Loin des espérances pour un joueur de sa trempe.
Depuis le départ de l’ancien capitaine Ibrahima Traoré et Abdoul Razzagui Camara notamment, la Guinée peine à trouver ses dynamiteurs. Une situation qui pénalise l’équipe selon Mohamed Max Camara. «Depuis quelques années, les joueurs de couloir ne sont pas bien utilisés en sélection. On a toujours en tête ses fulgurances qui avaient permis à la Guinée de se qualifier pour la Can. On les place dans un système qui n’est pas adapté pour eux. Et ça ne fonctionne pas», explique le confrère.
Malgré un début de saison impressionnant avec le VFB Stuttgart (D1 Allemagne) avec 17 buts inscrits en Bundesliga, Sehrou Guirassy se retrouve la plupart du temps esseulé sur le front de l’attaque. Pour le journaliste sportif Amadou Béla Barry, «l’absence de ses joueurs de côté pénalise toujours le Syli. On a un buteur, un des meilleurs au monde actuellement en l'occurence Sehrou Guirassy qui en bonne forme, mais qui n’arrive pas à scorer. Et ça se sont les conséquences du manque d’un accélérateur. Des joueurs capables de déborder et le servir. A un moment donné, Naby Kéita pouvait être ce détonateur. Mais avec son état de forme actuel, c’est inquiétant. Il ne suffit pas d’avoir juste un attaquant de classe mondiale, mais il faut le mettre dans les meilleures dispositions pour performer», a-t-il analysé.
Avec la publication d’une liste élargie de 40 joueurs, de nombreuses absences sont signalés notamment celles de Mady Camara banni de longue de date et de Seydouba Soumah « Konkolet ». En forme avec leurs clubs respectifs, les deux joueurs ne figurent donc pas sur cette liste élargie. Le premier banni du groupe Syli depuis des années et le second mis au placard depuis la CAN au Cameroun. Une situation qu’analyse le journaliste sportif Mohamed Max Camara. «C’était une bonne occasion de faire appel à Seydouba Soumah. Et de mettre un terme aux querelles d’égo. Avec son expérience et ses qualités de dribble et de percussion, il peut faire un bien fou à ce Syli. D’autant plus qu’il a un profil unique. Avec son état de forme actuel c’est une occasion de faire appel à un joueur de ce niveau pour aider le Syli à la CAN», a ainsi regretté le confrère.
Ce qui faisait jadis la force du Syli est en effet devenu sa faiblesse au fil des ans. L’absence d’ailiers percutants. A quelques semaines du début de la CAN, la Guinée n’a jamais été aussi friable sur les côtés. A quelques jours du début du regroupement du Syli, Kaba Diawara serait bien inspiré de trouver une solution à ce problème qui perdure depuis des années maintenant.
Mamadou Gongorè DIALLO