A un mois et demi de la CAN 2023, en Côte d'Ivoire, une grosse menace plane sur sa tenue. La compétition risque d'être sérieusement perturbée en raison d'un énorme blocage.
De notre correspondant en Côte d'Ivoire
Il a décidé de se faire entendre. Le syndicat national des fournisseurs de l'Etat de Côte d'Ivoire (Synafeci) est monté au créneau pour signifier son ras-le-bol concernant les factures impayées qu'il traîne depuis des années. C'est à travers un courrier le 9 novembre que le président, Faustin Gré, a dressé un sombre tableau de la situation des fournisseurs de l'Etat.
Lui et ses camarades reprochent beaucoup de manquements au gouvernement et projettent des actions en vue de perturber la CAN 2023 pour avoir gain de cause. Ils n'y vont pas de main morte. « Les fournisseurs de l'Etat sont déterminés pour leur survie, la pérennisation des entreprises ivoiriennes et la préservation des emplois par une prise de conscience collective. Le Synafeci ne peut plus admettre que des dépenses exagérées non contrôlées (pelouse de terrain de football) s'effectuent alors que des prestations fournies ou travaux exécutés de l'Etat ne sont pas honorés, pas même pris en compte par le gouvernement ivoirien sans raisons et explications valables », fustigent les syndicalistes d'entrée. Très vite le ton monte dans ce document en guise de menaces publiques.
« Les gouvernants parlent à longueur de journée d'entreprenariat sans que cela soit appliqué et soutenu par des actes concrets. De qui se moque-t-on ? Les structures étatiques toutes auditées pour leurs gestions opaques? Pourquoi la volonté politique manque-t-elle aux gouvernants de notre pays pour sanctionner les mauvais gestionnaires des deniers publics et leurs complices ? Pourquoi faire cribler de dettes les fournisseurs de l'Etat en refusant de payer leurs prestations ? », s'interroge le syndicat, amer.
« Pas de règlement, pas de CAN 2023 »
N'ayant plus aucun recours, le Synafeci a décidé de frapper fort. En effet, par la voix de leur président, ces hommes d'affaires menacent de perturber le déroulement de la CAN 2023 qui aura lieu du 13 janvier au 11 février 2024 à Abidjan, Yamoussoukro, Bouaké, San Pedro et Korhogo. « La Coupe d'Afrique n'aura pas lieu en Côte d'Ivoire tant qu'aucune solution ne sera trouvée aux préoccupations des fournisseurs de l'Etat qui durent depuis longtemps », ont-ils clairement mis en garde. Ils ne se sont pas arrêté là.
Ils ont clairement interpellé le président de la République, Alassane Ouattara, et le nouveau Premier ministre, Robert Beugré Mambé, concernant leur situation difficile. Ils ont souhaité « La dérogation ou subvention spéciale pour le paiement de la facture de plus de 125 000 euros de l'entreprise AFCI, de l'une des doyennes des fournisseurs de l'Etat, aujourd'hui âgée de 85 ans, et le règlement des 118 902 euros des deux entreprises ivoiriennes ayant fourni des prestations pour l'organisation du 27ème Congrès de l'Union postale universelle (UPU) en 2021. »
Les syndicalistes, très remontés, ont terminé leur courrier en rappelant aux décideurs « qu'il y a également toutes les factures non traitées, non auditées et non payées dans les mairies, conseils régionaux, toutes les structures étatiques sans compter les pressions fiscales et douanières trop, trop élevées qui sont aussi des préoccupations majeures. »
Après avoir dépensé 76 220 000 euros, pour les infrastructures sportives, routières et sanitaires, la Côte d’Ivoire s'apprête à organiser la « plus belle CAN de l'histoire », selon les termes du COCAN et de la CAF. Il serait dommage que la fête soit gâchée. La balle est donc dans le camp des dirigeants politiques.
Sanh Séverin