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CAN 2025 et 2027 : Algérie, les vraies raisons d’un rétropédalage

Tout juste élu président de la Fédération Algérienne de Football (FAF), Walid Sadi a été placé devant le fait accompli par le pouvoir politique, qui a décidé que le pays ne serait pas candidat à l’organisation des CAN 2025 et 2027. La raison ? Se concentrer sur le football local…

Walid Sadi président FAF
Walid Sadi, président de la FAF

Le communiqué pondu par la FAF, le 26 septembre, pour tenter d’expliquer pourquoi l’Algérie renonçait à organiser les CAN 2025 et 2027, a probablement été rédigé par un des conseillers en communication de la présidence de la République et transmis à la fédération, instamment priée de le rendre public. La FAF, dans un courrier adressé à la Confédération Africaine de Football (CAF), alors que celle-ci avait réuni son Comité exécutif au Caire pour désigner les pays qui accueilleront ces deux phases finales, avait annoncé se retirer de la course.

Dans la capitale égyptienne, cette missive, arrivée tardivement sur le bureau de Patrice Motsepe, le président de l'instance, n’a fait sourire personne. Le timing choisi a agacé plus d’un ponte de la CAF, et cela peut se comprendre. Sadi, attendu au Caire, était resté à Alger, pour être reçu par le chef de l’Etat. Tout sauf un hasard du calendrier…

Officiellement, la FAF va se concentrer sur la redynamisation et la réorganisation de son football. Il est vrai que le chantier est vaste, dans un pays fou de football, où la plupart des clubs négligent la formation alors que le réservoir de joueurs accessoirement talentueux est immense. Le championnat de Ligue 1 est organisé de telle façon, avec un calendrier tellement anarchique qu’il est difficile de s’y retrouver, que les Algériens ont du mal à se passionner, la corruption est toujours bien présente, et seule la sélection A semble jouir d’une réelle attention de la FAF.

«Tebboune a voulu éviter de se prendre une nouvelle gifle»

Evidemment, tout le monde a bien compris que la décision de l’Algérie de laisser le champ libre au Maroc pour 2025 – le duo Nigeria-Bénin et la Zambie se sont également désistés au dernier moment par -esprit de solidarité en vue de la candidature du Royaume chérifien avec l’Espagne et le Portugal pour la Coupe du Monde 2030 selon Motsepe – a été dictée par Abdelmadjid Tebboune, le chef de l’Etat, et son entourage. «L’Algérie a connu quelques déboires ces derniers mois au niveau diplomatique. Face au Maroc, ses chances d’obtenir la CAN 2025, malgré un bon dossier, et la réussite de l’organisation du dernier CHAN notamment, étaient faibles. Et pour 2027, la CAF avait laissé entendre que deux pays de la même zone ne pourraient pas organiser deux fois de suite le tournoi. Tebboune a voulu éviter de se prendre une nouvelle gifle, dans le contexte que l’on connaît avec le Maroc », explique un journaliste français spécialisé dans les relations algéro-marocaines.

«Il y a une vraie ingérence du pouvoir politique dans les affaires»

Rien de bien surprenant, donc, avec cette nouvelle illustration de l’interventionnisme étatique dans les affaires du football algériens, puisque les présidents successifs de la FAF sont élus après avoir été soigneusement choisis par le pouvoir politique. Mais être dans les petits papiers des hautes sphères de l’Etat n’est pas toujours suffisant. Il n’y a qu’à demander à Djahid Zefizef, élu en juillet 2022 et poliment mais fermement invité à démissionner un an plus tard. Ce zélé serviteur du pays avait en effet échoué à se faire élire au Comité exécutif de la CAF, malgré le soutien des autorités. « Il y a une vraie ingérence du pouvoir politique dans les affaires du football algérien. Des dirigeants de la FAF me l’ont souvent dit », confirme ce dirigeant d’une fédération africaine, sous couvert d’anonymat.

Place à la formation, vraiment ?

Il faut aussi rappeler que huit des seize clubs de Ligue 1 (USM Alger, MC Alger, JS Saoura, MC Oran, JS Kabylie, CS Constantine, ES Sétif) ont comme actionnaire principale une société publique, et le plus souvent la SONATRACH (ou une de ses filiales), autrement dit la plus grosse entreprise d’Afrique. D’ailleurs, Walid Sadi, après s’être pris les pieds dans le tapis lors de sa première prise de parole suivant son élection triomphale (il était le seul candidat après le rejet du dossier de Meziane Ighil) en déclarant que la FAF n’avait pas vocation « à s’occuper de la formation des joueurs » a vite rétropédalé. Le dirigeant a annoncé que les clubs détenus par des sociétés publiques devront être dotés d’un centre de formation pour la saison 2024-2025.

Sadi, qui a été élu pour seize mois, le temps d’achever le mandat olympique débuté en avril 2021 par Charaf-Eddine Amara, démissionnaire un an plus tard, puis poursuivi par le tout autant éphémère Zefizef, a donc du travail, à condition qu’il aille au bout de sa mission. Un pari qui est loin d’être gagné si on se fie aux récentes statistiques de la FAF, qui change plus souvent de président que certains clubs locaux  d’entraîneur. C’est dire…

Alexis Billebault

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