Dans le groupe de la sélection du Cameroun à la Coupe d’Afrique des nations (CAN) en janvier en Côte d’Ivoire, Wilfried Nathan Doualla a été suspendu par la Fécafoot pour «double identité». Une sanction qui fait peser de lourdes conséquences sur la participation des Lions Indomptables à la prochaine CAN.
De notre correspondant au Cameroun,
Un évènement a bouleversé le monde du football camerounais le 10 mars 2024. Non, il ne s’agit pas de la célébration du 43ème anniversaire de Samuel Eto’o. Mais plutôt, la publication d’une liste de 62 joueurs suspendus par la Fédération nationale. Dans cette liste, un nom a retenu l’attention : Wilfried Nathan Doualla. Le milieu de terrain de Victoria United, un club du championnat local de première division, a été épinglé pour « double identité ». Et très vite, l’information a fait le tour du monde. Pouvait-il en être autrement ?
C’est que, Wilfried Nathan Douala n’est pas un joueur comme les autres. Il est le plus jeune footballeur à avoir participé à la dernière Coupe d’Afrique des Nations (CAN) en Côte d’Ivoire. Enfin, sur le papier. Car sur sa fiche technique, celui que nombre de Camerounais présentaient comme un «crack» n’a que… 17 ans. Or, en janvier 2022, le journal Le Monde avait rencontré et photographié un joueur qui lui ressemble étrangement. Son nom : Alexandre Bardelli Doualla. Âge : 21 ans. Mais les tatouages sur les jambes et les bras de l’un comme de l’autre, et une cicatrice au-dessus de l’œil droit « prouve qu’il s’agit du même homme», conclut Le Monde. Comme la Fécafoot sans doute.
Eto’o en croisade contre la fraude sur l’âge
Le club de Wilfried Nathan a mis des réserves auprès de la Fécafoot. Victoria United soutient que ce dernier n’a pas de double identité «comme le prétend la Fédération». Le porte-parole du président de la Fécafoot lui, se veut clair depuis longtemps : «Le principal cheval de bataille de monsieur Eto'o, c'est l'état civil. On ne veut plus voir quelqu'un de 25 ans jouer avec les U17», a récemment martelé Ernest Obama sur une chaîne de télévision locale. Toujours est-il que «L’affaire Wilfried Nathan Doualla» suscite de l’indignation au sein de la presse camerounaise. «La Fécafoot nous avait habitués à des scandales depuis deux ans. Mais là, on est à un autre niveau. Le joueur dont il est question a une licence délivrée par la Fécafoot en début de saison. Il a disputé le championnat. Il a même été à la CAN 2023. C’est trois mois plus tard, que la Fécafoot se rend compte qu’il a une double identité ?», s’interroge Caristan Isseri.
Risque de disqualification pour la CAN 2025
Pour ce journaliste camerounais basé en France, le coupable est tout trouvé : «L’administration sous Samuel Eto’o est soit inconséquente, soit incompétente. C’est salutaire de vouloir assainir le fichier d’état civil, mais il fallait attaquer le problème dès le début de la saison». D’autant plus qu’aujourd’hui, la participation du Cameroun à la CAN 2025 est fortement menacée en raison de cette affaire.
En effet, les articles 45 et 46 du règlement de la Coupe d'Afrique des Nations de la CAF prévoient que toute Fédération reconnue coupable de «fraude et/ou falsification de documents accomplie par quelque moyen et/ou support que ce soit» à la précédente compétition, est éliminée des deux prochaines CAN. Tandis que l’article 47 dispose que : « Pour toute erreur administrative, en matière d’enregistrement des joueurs, l’association nationale concernée sera suspendue de participation à l’édition suivante de la CAN, et son équipe sera éliminée de la compétition si cette dernière est toujours en cours ».
Arthur WANDJI