A la veille de ses 78 ans, Issa Hayatou, ancien président de la Confédération africaine de football (CAF), est décédé ce jeudi 8 août 2024 à Paris, laissant derrière lui un héritage indélébile dans le monde du football africain.
Peu le savent, mais né le 9 août 1946 à Garoua, au Cameroun, Hayatou a d'abord été un athlète avant de se tourner vers l'administration sportive. Son parcours commence à la tête de la Fédération camerounaise de football de 1986 à 1988. Son leadership exceptionnel le propulse ensuite à la présidence de la CAF, poste qu'il occupera durant près de trois décennies, de 1988 à 2017. Une longévité inégalée. Sa tenure est marquée par des moments de gloire et de controverse.
Sous son mandat, le football africain connaît une expansion sans précédent. Issa Hayatou a joué un rôle clé dans l'augmentation des places réservées aux équipes africaines en Coupe du monde, passant de 3 à 5 équipes, un tour de force face aux pontes de la FIFA, qui a considérablement renforcé la présence de l'Afrique sur la scène mondiale et accéléré le développement du football africain. L'un des moments forts de sa présidence fut l'organisation réussie de la Coupe du monde 2010 en Afrique du Sud, la première fois que le tournoi se tenait sur le continent africain.
Cependant, sa gestion de la crise lors de l'attaque du bus togolais à Cabinda durant la CAN 2010 reste une tache sombre sur son bilan. Le 8 janvier 2010, le bus transportant l'équipe nationale du Togo est attaqué par des séparatistes angolais, faisant deux morts et plusieurs blessés. Malgré le drame, Issa Hayatou et le comité exécutif de la CAF décident de maintenir la compétition, une décision critiquée par beaucoup. Pire, le Togo est sanctionné pour avoir refusé de continuer le tournoi, une décision qui ternit quelque peu son image et soulève des questions sur sa gestion des crises. Tout comme sa suspension de toute activité liée au football dans le cadre du contrat marketing signé avec Lagardère, avant qu'il soit blanchi par le Tribunal arbitral du sport.
En dehors de la CAF, Hayatou a également servi comme président par intérim de la FIFA de 2015 à 2016, après la suspension de Sepp Blatter en raison du scandale de corruption "Fifagate". Bien que proche de Blatter, Hayatou est resté indemne des accusations, préservant une réputation d'intégrité au milieu du tumulte.
En 2017, à la surprise générale, il est battu à la présidence de la CAF par le Malgache Ahmad Ahmad, marquant la fin d'une ère. Malgré les controverses, Hayatou est resté un fervent défenseur du football africain, souvent en désaccord avec la FIFA sur des questions comme le calendrier de la Coupe d'Afrique des nations. Son engagement à défendre les intérêts du football africain face aux pressions des clubs européens et de l'UEFA est largement reconnu, surtout après sa mandature, face aux multiples changements qu'a connu la CAN.
Issa Hayatou, affaibli par des problèmes rénaux ces dernières années, s'était retiré de la vie publique après son opération. Ses contributions au développement du football africain resteront gravées dans les mémoires, et son héritage continuera d'inspirer les générations futures.