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Congo-Brazzaville :  huit ans de bond en arrière pour le football

De la 47e en 2015, le football du Congo-Brazzaville se retrouve aujourd’hui à la 103e place au classement FIFA. Une dégringolade qui a bien une histoire qui mérite d’être contée. Tant les causes sont légion.

Congo
Les Diables rouges à la peine

Le Congo, une grande nation de football ? Non. En témoigne la 103e place dans le classement FIFA rendu public récemment. Au niveau continental, le pays occupe désormais la 22e place. Conséquence de la défaite à domicile (1-2) le 23 mars dernier face au Soudan du Sud en éliminatoires de la CAN 2023.

Ce qui ne plaît pas du tout au public. « C’est la descente aux enfers de notre football ! », s’exclame Jean Marc Ivouvou, un « amoureux » du football congolais. « Ce n’est pas étonnant, d’autant plus que nous ne faisons que descendre ces dix dernières années », regrette Gaël Noël Ibingou, membre du comité des supporters de Vita Club Mokanda de Pointe-Noire, équipe de ligue 1.

Si ce n’est pas étonnant, les Congolais sont loin d’oublier 2015. Après quinze années d’absence, les Diables rouges réapparaissent en CAN. Si en 2000, le Congo avait été sorti dès la phase des poules avec un seul point et zéro but inscrit, en 2015 en Guinée équatoriale, les hommes de Claude Le Roy occupent la première place du groupe A. Mais en quarts de finale, ils sont sortis par les voisins de la RDC (4-2). Une performance qui va propulser le Congo-Brazzaville de la 61e à la 48e place du classement FIFA.

Or, la constance n’est pas la tasse de thé des Diables rouges. L’année suivante, le Congo désormais sous la férule de Sébastien Migné après la démission de Claude Le Roy, descend à la 70e place. Et la descente ne va pas s’arrêter là. En témoignent les résultats : 96e en 2017, 84e en 2018, 89e en 2019, 91e 2020, 97e en 2021 et 99e en 2022.

Copinage, incurie,… Des maux et des mots

Comme quoi, le football congolais est très malade. Une maladie qui a plusieurs causes. Et la principale cause est à rechercher au niveau management. « Ce que nous vivons aujourd’hui nous renvoie à l’après 1972. Si en effet, la victoire des Diables rouges en CAN de cette année avait été préparée plus de cinq ans auparavant grâce notamment à l’expertise d’un Allemand appelé Otto qui avait constitué une équipe des U17, nous nous sommes assis sur nos lauriers, pensant que les belles performances devraient continuer de tomber. Malheureusement, on n’a pas su capitaliser ou pérenniser l’exploit de 1972. Après on a sombré. Le même scénario s’est produit en 2007. Après le trophée en CAN juniors organisée par le Congo, on n’a plus réalisé de bonnes performances. Le problème est au niveau du management », rappelle Ndoumbe-Makaya, coach de l’AS Cheminots de Pointe-Noire.

Comment en effet « voulez-vous que nous soyons efficaces avec un championnat de faible niveau avec des clubs qui font piètre figure aux compétitions internationales, mais surtout marqué par le favoritisme ou le copinage comme le dénonçait il y a deux ans Delvin Ndinga (ancien cadre de l’équipe nationale (NDLR) ? » (1), s’interroge un autre entraîneur de club.

En outre, « si l’on ne veut pas en parler, on a l’impression qu’il y a une réelle crise entre le ministère et la fédération », relève Rodrigue Tchiama Mboulou, responsable d’un site spécialisé dans l’actualité sportive congolaise. Allusion à peine voilée aux tractations qui avaient précédé en septembre dernier l’élection du bureau de la FECOFOOT, car le ministère souhaitait un ajournement de l’assemblée élective. « Tout ça, montre qu’il n’y a pas de stratégie commune de gestion du football. Et ça se paie cash sur l’aire de jeu », explique encore Tchiama.

« Réviser le management »

D’autres mettent en avant le peu d’intérêt accordé au sport en général et au football en particulier. « Quand nos officiels veulent parler du sport en lingala ou en kituba, nos deux langues nationales, ils utilisent respectivement les mots « massano (divertissement) » et « batsaka (distraction) ». Ce qui dénote le peu d’intérêt que nous accordons au sport. Même au Parlement, on n’interpelle pas assez le gouvernement sur les performances de nos sportifs. Alors que sous d’autres cieux, le sport contribue au PIB national et les dirigeants y mettent du sérieux », déplore Willy Ngoyi, acteur de la société civile (2).

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Sur le terrain, cette incurie se traduit par une sorte de dilettantisme des joueurs. « Des défenseurs statiques, des attaquants très apathiques et des milieux de terrain spectateurs. Nos jeunes donnent l’impression d’être nonchalants », souligne encore Rodrigue Tchiama Mboulou.

Pointant à la deuxième place avec 6 points à égalité avec la Gambie dans le groupe G des éliminatoires de la CAN 2023, le Congo ne devrait plus avoir droit à la nonchalance lors de la réception du Mali leader en juin et du déplacement en Gambie en septembre. Mais quand bien même le Congo se qualifierait pour cette 34e édition, le pays devrait réviser son management footballistique. « Il y a eu des états généraux du football l’année dernière. Mais on n’en sent pas les retombées aussi bien sur le terrain que dans l’administration. La restauration des tournois scolaires et la multiplication de centres de formation peuvent contribuer à relancer notre football. Mais il faut toujours les vrais acteurs du monde footballistique », propose Ndoumbé-Makaya.

John Ndinga-Ngoma

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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