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Congo-Brazzaville : quand le sport amateur procurait des emplois

Au Congo-Brazzaville pour avoir évolué au sein des équipes appartenant à des entreprises, des sportifs ont pu accéder à des emplois durables et sécurisés. Une véritable alternative à l’absence de professionnalisation du sport dans le pays.

De notre correspondant au Congo Brazza,

Congo
Cliff Mabiala, ancien boxeur de Comilog

Des souvenirs et des larmes. Mathieu Tokobé Malouata a souvent du mal à se retenir chaque fois qu’il passe à Makabana, devant son local qui fut son bureau dans les années 1980 quand il était comptable au sein de la Compagnie minière de l’Ogooué (COMILOG), filiale d’Eramet, une multinationale française exploitant le manganèse à Moanda, au Gabon voisin et l’expédiant à l’étranger par voie ferrée au port de Pointe-Noire, ville portuaire du Congo.

Diplômé certes en comptabilité, Malouata estime que son incorporation au sein de la COMILOG a été facilitée par le fait qu’il avait servi la campagne en tant que sportif. « J’étais joueur de football au sein de l’équipe de football de la société ». L’équipe, c’est l’AS Comirail. Natif de Mossendjo à quelque 100 kilomètres de Makabana, Malouata fut repéré lors d’un match entre l’AS Bantou de Mossendjo et l’AS Comirail. « J’étais encore au collège et j’avais livré un bon match. C’est ce que les dirigeants des deux équipes se sont dit, puisque j’avais égalisé avant de faire une passe décisive pour la victoire. Aujourd’hui on dirait que j’étais MVP du match. Voilà comment le staff dirigeant de l’AS Comirail m’a proposé d’intégrer l’équipe », se souvient le sexagénaire aujourd’hui à la retraite.

Dans ce qui s’appelait alors République populaire du Congo en raison de son alignement au marxisme-léninisme, idéologie de base du Parti congolais du travail (PCT), parti unique au pays, les années 1970 et 1980 sont marquées par la « démocratisation » du sport. « Le sport était l’un des principaux moyens pour cimenter l’unité des masses populaires à l’intérieur des entreprises », explique aujourd’hui de l’ancien parti unique.

Une entreprise, une équipe

Des entreprises aussi bien publiques que privées du Congo mettent en place leurs équipes. De la Fretrasseic du ministère de l’éducation, en passant par Elecsport du ministère de l’énergie, Socobois (compagnie privée d’exploitation du bois) et la Foralac (entreprise d’exploitation du bois), chaque société va mettre en place son équipe.

« L’objectif premier était d’offrir des distractions et des loisirs sains aux agents, puisqu’ils étaient déjà employés. Or, dans le domaine du sport, il est difficile d’échapper au goût de la gagne. Donc, il fallait chercher des pépites hors de la société », explique Georges Bweillat, journaliste et auteur de plusieurs ouvrages sur l’histoire du sport congolais.

Une fois dans l’équipe, on avait quelques primes. Mais c’était toujours du sport amateur. L’entreprise donnait toutefois la possibilité aux joueurs la possibilité de bénéficier des formations, beaucoup plus par le compagnonnage pour ceux qui n’avaient pas de qualification. « En ce qui me concerne, je ne me suis pas contenté de jouer. J’ai poursuivi mes études jusqu’à l’université au point de décrocher un diplôme en comptabilité. C’est ce qui explique que je me sois frayé une place (rires) dans l’administration. J’étais aux premières loges de la comptabilité », se rappelle encore Mathieu Malouata.

Dans un pays où le sport n’est pas professionnel, la tentation était grande. Et même les générations d’après n’ont pas échappé à cette tentation. « Évoluant en campagne, je me suis dit que la COMILOG était le seul endroit où je pouvais faire valoir mon talent. Mon but était qu’après ma carrière sportive au sein de Socobois je devienne conducteur de camion-grumier. Mais je n’y suis pas parvenu. C’était déjà trop tard », regrette Cliff Mabiala, quadragénaire, ancien boxeur de l’équipe de COMILOG.

Le statut su sportif, un challenge

Trop tard, parce qu’à l’horizon des années 1990, la COMILOG stoppe ses activités au Congo suite à la construction d’un chemin de fer au Gabon. D’autres entreprises comme Socobois ont mis la clé sous le paillasson du fait des actes de sabotage comme le pillage, conséquences de différentes crises politico-militaires qui se sont produites dans le pays durant les années 1990 et au début des années 2000. « Toutefois, dans notre pays où le sport n’a pas le statut professionnel, c’était une vraie alternative, un vrai moyen d’insertion socio-professionnelle de la jeunesse. Pour l’avenir de nos jeunes sportifs il faut peut-être miser sur les réformes à venir », poursuit Mabiala.

Parmi ces réformes, celles promises en mars dernier par le gouvernement du Congo. Il s’agit entre autres de « la prise en compte du statut du sportif de haut niveau et la fixation des avantages afférents et la prise en compte du statut du sportif professionnel et de l’agent sportif avec la fixation du principe de leur rémunération », énumérait Thierry Lézin Moungalla, porte-parole du gouvernement à l’issue d’une session du Conseil des ministres.

John Ndinga Ngoma

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