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Congo : Paul Sayal Moukila, un Ballon d'or oublié

Il est l’unique Congolais à avoir remporté le Ballon d’or africain. Mais 50 ans après son sacre, l’heure a peut-être sonné pour ressusciter cette icône du football congolais afin d’en faire une référence pour les générations futures du Congo-Brazzaville.

Paul Sayal Moukila, seul congolais à remporter le Ballon d'or africain

Il était une fois, à Dolisie, l’Académie Paul Sayal MOUKILA (APSM). Un centre de formation créé en 2021 dans le dessein de perpétuer la mémoire et valoriser l’œuvre de Paul Sayal Moukila. « La raison pour laquelle nous avons voulu nommer notre académie Paul Sayal Moukila, c’est pour ressusciter ce nom qui semble tomber dans l’oubli », explique Willy Ngoyi Nzamba, un des fondateurs de l’APSM.

En surfant sur les pages de l’histoire du football congolais, on a souvent tendance à diriger le curseur exclusivement vers les titres de l’équipe nationale dont la CAN de 1972 à Yaoundé.  Et pourtant dans un coin de la fenêtre, il y a des acteurs qui ont remporté des titres individuels. Parmi eux, un certain Paul Sayal Moukila, un des artisans de cette épopée aux côtés de ses compatriotes dont Michel Mbono, François Mpelé et Jonas Mbemba.

Mais c’est surtout deux ans plus tard que l’attaquant marque d’une empreinte ineffaçable l’histoire du football congolais. En 1974, alors que le Congo venait d’être éliminé en demi-finale de la 9e édition de la CAN au Caire par la Zambie, le Club athlétique renaissance aiglon (CARA) de Brazzaville remporte la ligue des champions en battant en finale au Caire le club de Mehala d’Égypte. Paul Sayal Moukila est meilleur buteur du tournoi avec 10 réalisations dont des coups-francs et de nombreuses passes décisives.

 

Des colosses snobés

Suffisant pour le jury de snober des colosses dont Ndayé Mulamba du Zaïre (actuel RDC), vainqueur et meilleur buteur de la CAN 1974 et représentant africain au mondial de cette année. « Il a porté le CARA. On peut exagérer en disant que c’est lui qui a donné le titre de champion d’Afrique au CARA. C’est sans doute cet aspect qui a pesé sur la balance pour que le jury lui accorde le Ballon d’or africain », commente Georges Bweillat, journaliste à la retraite et auteur de l’ouvrage « Paul Sayal Moukila : Ballon d’or », paru en 1984.

Né en 1950 à Souanké dans l’extrême nord du pays, Moukila, c’est ce jeune qui débute dans le football amateur au sein de l’AS Bantou de Pointe-Noire. Réputé pour son efficacité dans l’exécution des coups-francs et renard des surfaces, il finit par séduire certains responsables d’écoles comme au collège Ho Chi Minh de Dolisie. « Moukila est avant tout un ami avec lequel j’ai fréquenté le collège Ho Chi Minh de Dolisie. C’est pendant les jeux de l’ONSSU (Office national du sport scolaire et universitaire, NDLR), à la fin des années 60, que Paul va briller et remporter même ces jeux avec notre collège. À l’époque, c’est de cette manière que les talents sportifs étaient détectés et recrutés », témoigne encore Bweillat.

C’est ainsi qu’il rejoint le CARA où il jouera de 1971 à 1975 avant de s’envoler pour la France pour un stage militaire. Dans l’Hexagone, son passage aux différents clubs comme le RP Strasbourg et le Stade français restera certes terne.

Mais pour les Congolais, il reste une fierté, d’autant plus que beaucoup de pays en Afrique n’ont jamais eu de Ballon d’or.  Si bien qu’au lendemain de son décès en 1992, il est élevé au rang de Commandeur du mérite congolais et Officier du mérite congolais. Cerise sur le gâteau, le stade de Dolisie a été rebaptisé Moukila Paul Sayal.

Or, 50 ans après cette prestigieuse distinction individuelle, le football congolais de manière générale, bat de l’aile, comme en témoignent les multiples déconvenues aux compétitions internationales et la 106e place au classement FIFA d’octobre dernier. Pourtant, il y a sans doute bien des jeunes aussi et même plus talentueux que Moukila qui sombrent dans l’anonymat sur toute l’étendue du territoire.

 

Former les talents 

Encore faut-il dénicher ces jeunes. C’est la mission que s’assigne l’académie de dédiée à Moukila. « Les grands joueurs tels que Dengaki, Bahamboula Jonas et Ndomba Jean Jacques ont été découverts à l’intérieur du pays. L’académie a été créée pour honorer Moukila. Mais aussi pour que nos jeunes marchent sur ses valeurs et soient aussi performants que lui », déclarait en août dernier Jacques Nsana, ancien international congolais et aujourd’hui directeur sportif de l’APSM. C’était lors d’une campagne de détection de talents à Sibiti au sud-ouest.

Des jeunes de l'académie Paul Sayal Moukila (APSM)

Mais si les vieilles gloires sont nées avec leurs talents, le temps des générations spontanées semble révolu. Aujourd’hui, les talents se forment et se fabriquent. « Si on veut des ingénieurs, il faut les former, si on veut des architectes, il faut les former et si on veut des footballeurs il faut les former. Il fallait donc prendre le taureau par les cornes et éviter de croire qu’il y aura toujours des générations spontanées. Nous avons ainsi pensé qu’il fallait créer une académie. Et l’académie fonctionne selon le principe sport-études », explique Willy Ngoyi.

2 ans après sa création en 2021, l’APSM est déjà au sommet. Le club vient de remporter le championnat de deuxième division de la ligue départementale de football du Niari. Il évoluera désormais dans la première division départementale. Et pourquoi pas l’élite au niveau national et surtout aller briller de mille feux à l’échelle internationale ?

John Ndinga Ngoma

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