Considérée comme le grenier du Congo Brazza en raison de ses activités agricoles, la région de la Bouenza au sud-ouest de Brazzaville a aussi bâti sa notoriété dans le domaine du sport. Tant la contribution des entreprises agroalimentaires aura été déterminante.
De notre correspondant au Congo Brazza,
Lentement, mais sûrement, on s’achemine vers la fin. Démarrés le 22 août dernier, c’est en effet ce lundi 28 août que les rideaux tomberont sur les championnats nationaux de volleyball à Madingou. Et avant ces joutes, le chef-lieu du département (ou région) de la Bouenza à quelque 300 kilomètres au sud-ouest de Brazzaville a récemment accueilli les Championnats nationaux juniors de handball. «On a vécu un mois de fête sportive durant ces grandes vacances scolaires», se félicite Prisca Mankou, enseignante à Pointe-Noire, en vacances dans sa ville natale. «Avant ces Championnats de volleyball, il y a eu les nationaux de handball (du 3 au 14 août, NDLR). Et depuis lors, on vient au stade. Ça nous fait du bien, car on ne s’ennuie pas», se réjouit Vaillant Ivouvou, fils de Mme Mankou.
«Un peu comme par le passé. Séances d’entraînements, compétitions, matches de toutes sortes, notre région grouillait d’activités sportives», se rappelle Alka Nkombo, natif de Mouyondzi, une autre localité de la Bouenza. «C’était l’époque où les entreprises avaient leurs équipes», précise le quadragénaire évoluant dans le secteur informel dans la ville voisine (au moins 30 km de Madingou sur la RN 1) et industrielle de Nkayi.
Dans les années 1970 et 1980, le Congo-Brazzaville avait mis en place un programme de «démocratisation du sport». Pendant cette période, les entreprises aussi bien publiques que privées investissent et s’investissent dans le sport.
C’est ainsi que sont nées des clubs multidisciplinaires comme SOCOTON (Société cotonnière congolaise) spécialisée dans la culture du coton, d’Elecsport, club de la société publique de distribution d’électricité, de l’AS MIF, de la Société Nationale des Mines de Mfouati (SONAMIF).
Et les complexes agroalimentaires n'étaient pas en reste. C’est le cas de MAB sport de la Minoterie aliment de bétail (MAB), de HUILKA (Huileries de Nkayi), de Mantsoumba sport de l’usine de fabrication de foufou (farine du manioc) et surtout de SUCO sport de Sucrerie du Congo (SUCO) devenue aujourd’hui Société Agricole de Raffinage Industriel du Sucre) Congo (SARIS).
Et c’est beaucoup plus SUCO football qui a brillé de mille feux à l’échelle nationale. Grâce à ses talents dont son buteur légendaire Okouéré et le manager Gilbert Kaya dit «Vautour», SUCO marqua les esprits en 1989. Ce, en blessant l’hégémonie des cadors comme CARA et Diables noirs de Brazzaville. Quant aux voisins d’Elecsport, ils ont une coupe du Congo dans leur armoire à trophées (1991).
De quoi participer à la renommée de cette région réputée grenier du Congo-Brazzaville. «Que la Bouenza soit considérée comme grenier du Congo, c’est une évidence. Mais on peut aussi dire grenier sportif vu son apport dans le rayonnement du sport au Cong », constate Roger Telo, journaliste sportif et natif de la ville de Mouyondzi.
Allusion à peine voilée aux talents ayant évolué dans les équipes de ces entreprises. C’est le cas de Célestin Mouyabi dit Chaleur. «Né au village Mantsoumba non loin de la ville de Madingou, il a évolué à Manstoumba sport. C’est là qu’il a été identifié par des dirigeants de Kotoko de Mfoa (ancien club disparu, NDLR) où il a participé au sacre du club en 1983 avant de s’envoler pour la France», rappelle encore Telo.
Mais suite à des politiques de privatisation et d’autres réformes intervenues dans les années 1990, certaines entreprises n’existent plus. Et même celles qui ont survécu n’investissent plus dans le sport. «L’activité sportive n’est plus aussi rayonnante qu’elle ne l’a été. Il faut donc redonner vie au sport dans les régions de l’hinterland», recommande Alka Nkombo.
Redonner vie dans l’hinterland, c’est ce à quoi les pouvoirs publics disent s’employer. «Je suis très heureux de l’aboutissement de ce Championnat qui a réuni près de huit cents personnes, malgré les difficultés. Nous devons faire vivre le handball sur toute l’étendue du territoire national, puisque le président de la République a investi dans la construction des installations sportives. Je lance un cri de cœur aux entreprises, parce que nous travaillons et nous avons besoin de leur accompagnement», déclarait le 14 août dernier, Jules Monkala-Tchoumou, préfet du département de la Bouenza, à l’occasion de la clôture des Championnats nationaux de handball.
Mais «pas suffisant. Il faut des infrastructures et multiplier des compétitions», juge un habitant de Loudima, une autre localité de la Bouenza.
John Ndinga Ngoma