La guerre que se livrent l’armée et un groupe paramilitaire et qui a provoqué la mort de centaines de civils, empêche bien évidemment toute activité sportive. Pour les clubs locaux, la suite demeure incertaine, mais la saison ne reprendra probablement pas.
Au Soudan, on ne parle plus de guerre civile, mais de guerre contre les civils. Le bilan officiel est de 700 morts, plusieurs milliers de blessés et près de 300 000 déplacés. Tout cela parce que deux psychopathes, le général Abdel Fattah Al-Burhan, accessoirement numéro 1 de la junte militaire, et le général Mohamed Hamdan Dago dit « Hemetti », numéro 2 de cette junte et à la tête des Forces de Soutien Rapide (FSR), se livrent une guerre sans merci pour le pouvoir, sans le moindre souci du sort des populations locales.
Si les combats se concentrent surtout à Khartoum et dans sa périphérie, d’autres villes du pays sont également touchées. Des milliers de ressortissants étrangers ont été évacués, sans vraiment savoir quand ils pourront rentrer au Soudan, à condition qu’ils en aient envie. « La question ne se pose pas en ce moment. La situation reste très tendue, les combats continuent, nous ne savons évidemment pas comment les choses vont évoluer, et il n’est pas question de football pour l’instant », confirme le Français Hamid Brimil, l’entraîneur-adjoint d’Al-Hilal Omdurman, et qui a pu retrouver sa famille à Doha (Qatar), où il réside.
Le Congolais (RDC) Florent Ibenge, le coach d’Al-Hilal, qui dispose également d’un passeport français et Aziz El Kahlaoui sont en France, et tous les joueurs étrangers de l'effectif (les Ivoiriens Eisa Fofana et Claude Singone, les Congolais Steven Ebvuela, Makadi Lilipo, Fabrice Ngoma, le Malien Lassine Keita, le Nigérian Abdul Jaleel Ajagun, le Malawite Gerald Phiri Jr, le Gambien Lamin Jarjou et le Sénégalais Ousmane Diouf, ndlr) sont en Egypte ou dans leur pays. Des joueurs soudanais ont également trouvé refuge en Egypte. « On va voir pour se retrouver pour un stage, car s’il semble évident que le championnat ne reprendra pas (Al-Hilal est leader), nous sommes encore engagés en Coupe Arabes des clubs champions face aux tunisiens de Sfax. On attend de savoir comment on va s’organiser », poursuit Brimil.
A Al-Merriekh, le grand rival d’Al-Hilal, la situation est presque similaire. L’entraîneur brésilien Heron Ferreira, ses compatriotes Alex Silva, Paulo Sergio, Matheuzinho et Sergio Raphael sont rentrés au pays. Le Colombien Bryan Angulo a lui-aussi rejoint l’Amérique du Sud. Selon nos informations, le Ghanéen Fatawu Sulemana, l’Ougandais Eric Kambale et le Sud-soudanais Joseph Malish ont également pu regagner leur pays d’origine. « Aucun de nos joueurs n’a été blessé lors des affrontements. Certains ont quitté Khartoum et Omdurman », explique un proche du club. La grave crise qui agite le Soudan aura également des répercussions sur le match que la sélection nationale devait disputer à Omdurman, dans le stade d’Al-Hilal, en juin prochain face à la Mauritanie en qualifications pour la CAN 2024. Il semble en effet acquis que celle-ci se jouera sur terrain neutre, probablement en Egypte…
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Alexis Billebault